rôle = ?

sa responsabilité
envers les autres.
trahir les autres
avec un substitu d'art
entretient la lâcheté
de sa civilisation.

l’artiste avec son rôle

 

 

Pourquoi l'utilité de l'artiste est remise en question de façon permanente par les gouvernants et ses gouvernés dans nos sociétés occidentales ? Pourquoi dans un Etat en « crise économique » (en richesses détournées) ce sont des artistes (pauvres) dont on veut se débarrasser les premiers avec les étrangers (pauvres) aussi ? Suppression de l'allocation survie, emprisonnements (une autre forme d'allocation) et expulsion. Pourquoi vouloir les chasser de leur scène (jouant de la propagande médiatique), dans la pauvreté et l'humiliation, voire pire ? Pourquoi la majorité (sous conditionnement) considère le métier d'artiste comme n'étant pas un métier, mais une occupation inutile à la société (économique) ? Bien que les artistes soient les plus gros producteurs de richesses de l’humanité ? Est-ce une idée pour provoquer la jalousie des salariés : les esclaves modernes privés de liberté afin de restreindre celle des artistes ? Les politiques de domination ont toujours eu un problème avec le statut des artistes et des étrangers et des vagabonds. Refrain agaçant et inconstructif qui exprime la peur de tous les souverains politiques parasitaires : il est impossible de restreindre la liberté des artistes sous peine d’annihilation de leur travail et avec, le sens de l'existence de nos sociétés humaines, de nos civilisations. C'est pourtant ce qui se passe aujourd'hui : la parade de « l’autorité bourgeoise » est d'avoir transformé l'art en divertissement, dont les artistes une fois attachés ne veulent plus se défaire (confort confort). La dépendance ou la toxicomanie à l'argent reste forte. Le divertissement est commandé par les politiques affairistes qui payent pour dominer à divertir « son » peuple, tactique militaire de diversion. L'esclavage n'existe que par la volonté d'être esclave.

« Les artistes demeurent dans une situation de rejet à cause de leur privilège » (sic) me dit-on : en effet le privilège de la liberté et de la pauvreté où personne ne décide pour lui. Mais l'artiste (authentique, pas celui qui divertit) a une fonction très précise dans nos sociétés : celle d’être au bord de l'humanité, là où personne ne s'aventure, de peur de perdre le sens de vivre. De là, ils servent aussi de boucs émissaires en cas de crise, de guerre : ce sont des personnes sacrifiables, les bouches de moins à vouloir nourrir de la communauté : « ils peuvent souffrir eux, c'est leur destiné » (sic). Oui, la souffrance de l’acte de vivre et de créer est leur quotidien. Ainsi, il n’est pas judicieux que nos sociétés veuillent abattre ses sentinelles. N'est-il pas temps de re-connaître le rôle fonctionnel de l'artiste dans nos sociétés et de le laisser tel quel ? [1]. Le politicien confond en permanence domination des autres et souveraineté de soi. L'artiste est son pire ennemi : il remet en question par son art la légitimité de la domination autoritaire.

L'artiste a un regard, une écoute, une conscience, une sensibilité, une pratique sur l'humanité. Il l’exprime à travers son art (avec un métalangage inconscient compris de tous) pour que l'on puisse se voir, s'écouter et se comprendre. Les artistes sont sur des lieux d'observation de nos sociétés, insupportables à vivre pour les autres : ce sont des sentinelles, les sentinelles gardiennes de la santé de notre humanité (maintenir un état de non-déchéance psychique, les arts épanouissent, tout humain le sait) qui demandent en permanence : « ça va ? » dans son oeuvre. L'artiste est libre, il est donc vigilant. Il doit être libre pour être vigilant et cultiver l'originalité. Un artiste prisonnier ne peut que décorer la vie de son geôlier. L'artiste alerte notre société, de toute dérive inhumaine contre son extinction à travers ses oeuvres. L'artiste perturbe tout désir d'ordre hégémonique par le sacrifice de soi. L'artiste est le garant de la liberté humaine et de l'épanouissement de son intelligence. Il est le garant de l'imaginaire collectif. L'artiste produit un « héritage humain » image de notre humanité. Cet « héritage humain » donne les métiers, les occupations dont chacun tire un sens de sa vie et ses moyens d'existence. Les artistes donnent du sens à l’existence humaine et alimentent la connaissance. Sans eux, nos sociétés se décomposeraient, sans sens en dérivant vers la disparition de l'espèce humaine.

 

 

Avec des idées exceptionnelles, s'épanouissent des états d'esprits exceptionnels
Avec les mêmes idées répétées, les états d'esprit se tarissent dans la bêtise et s'y complaisent

« Même avec des idées fantastiques, une composition (musicale) trop inhabituelle ne sera pas jouée, ou ne le sera qu'une fois, ce qui ne suffit pas. » Iannis Xenakis, 1992. Affirmer un tel énoncé montre le manque de courage d'aller jusqu'au bout de sa créativité. Lâcher son désir de création en échange d'être accepté par une société qui ne vit que de ses acquis, au lieu d'ouvrir son esprit à l'originalité, à la différence, à la découverte. Ne vivre que de ses acquis tarit. On imagine manger la même nourriture durant son existence pour se rassurer d'avoir toujours à manger tous les jours à la même heure. Certains s'y complaisent, d'autres s'y résolvent, mais les artistes véritables eux s'enfuient, les autres se retrouvent décorateurs de misère. Dans l'acquis (des sociétés acquisitoires), les pseudo intellectuels et artistes suivent les convictions imposées, obéissent à un ordre dont ils sont les porte-paroles, devenant : des chiens au service du mensonge sécuritaire de l'acquis. Cette abdication créatrice nous a menés à la médiocratie actuelle. « Ne pas prendre de risque ». Quel est le véritable « risque » à proposer une création différente ? Pas de mort ni de torture, mais une oeuvre nouvelle est moins aisée à réaliser qu'une oeuvre acquise et répétée : il faut ouvrir son état d'esprit est l'effort intolérable qui provoque le rejet des intolérants, gardiens d'une culture du passé éduquée autoritaire (obligatoire) où les artistes vivants n'ont plus leur place. Que celle de répéter ce qui est mort. Que celle de représenter les morts. Si l'artiste vivant n'ouvre aucune perspective à autre chose, à l'inconnu ; la fonction même de l'artiste se perd, meurt. Depuis l'instauration de la terreur dans les années 70 du XXe siècle avec l'arme : « licenciement massif des travailleurs salariés », l'hégémonie culturelle s'est installée subrepticement pour faire agenouiller les artistes authentiques à produire du divertissement et de l'animation : par eux-mêmes. Le rôle indépendant de l'artiste gardien de la santé mentale de sa civilisation est lapidé par son propre désir de confort publicitaire et de reconnaissance personnelle. L'artiste aujourd'hui s'autocensure de peur de ne pas être accepté par les autres (le public hypothétique de l'opinion publique), en fait, de ne pas être payé : n'est-ce pas un acte de lâcheté irresponsable ? Ce qui n'est pas le but des arts : se mettre au service d'une dictature (même douce) pour la décorer, la décoration qui masque l'intolérance des gens de sa civilisation. Un artiste non souverain de sa création n'est pas un artiste, tombe sous le sens. L'artiste n'est pas une personne dépendante qui vend sa vie au plus offrant, autrement dit : un esclave au service. L'artiste rend service à la société comme chacun qui y vit. Les artistes ont le rôle d'épanouir leurs sociétés indépendamment des politiques et des marchands qui les exploitent pour leurs propres comptes et profits. Pour qu'une société s'épanouisse, elle ne peut vivre exclusivement sur ses acquis (capital, patrimoine, archives, banques, etc.) sinon elle consomme sa décadence (revient à manger sa merde). L'attraction sécuritaire attire inexorablement, inévitablement : la bêtise (l'étroitesse d'esprit = l'impossibilité de se rendre compte de sa bêtise). Elle-même véhiculée par la lâcheté et son intolérance. La nourriture excrémentale n'est sans doute pas recommandée en consommation quotidienne pour sa santé, mais que mangeons-nous d'autre ? L'acquis génère la violence (de celui qui détient son trésor et de l'autre qui le convoite, tous deux coupables), on pourrait aisément s'en passer, mais la bêtise persiste, têtue, à s'entretuer, à s'humilier, à cultiver la misère humaine uniquement pour acquérir plus toujours au détriment des autres (le jeu social hostile). Je ne pense pas, 20 ans après, au contraire de Xenakis qu'il faut frustrer ses « idées fantastiques pour créer une composition inhabituelle », c'est tout ce qu'il nous reste à faire aujourd'hui pour sauver nos sociétés [2].

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Note
[1] « Durant mon existence, je rencontre un certain nombre d’auteurs dont leurs états d’esprit, dans la formation de la pensée, ont résonné de manière à ce que ceux-là me permettent de construire une pensée qui j’espère ne trahira pas la continuité de l’épanouissement de l’intelligible sensible. Je reconnais quelque chose de familier en eux. Ma démarche artistique est la pensée sur mon attitude de savoir-faire et qui construit et révèle ma pensée sur le monde pour alimenter mon imaginaire artistique réalisé dans mes ouvrages. Qu’est-ce qu’une démarche artistique ? Personnalité qui ressort des œuvres, une pensée perceptible à travers un matériau traité. /. Un art sans démarche s’assimile à de la copie, un artiste qui ne réfléchit pas son travail, fait de la copie des autres. Il a néanmoins la démarche du copieur, attitude opportuniste sans trop d’effort pour recevoir les éloges des critiques qui veulent être bernés (il doit y avoir une récompense quelque part dans ce tragique d’influences). Il faut être convaincu et malin pour vouloir berner son entourage : dans le sens du “bon goût” qui offre à chacun ce qu’il désire, pas au-delà. C’est l'activité du divertissement, mais pas l'activité d'un artiste. »
[2]. Dans les années 60 du XXe siècle, un passage était possible vers une société florissante : les arts se libéraient des académismes où l'ancien et le moderne s'équilibraient, les populations étaient curieuses : elles commençaient à réfléchir, à se solidariser et à partager : à cultiver le bon sens sans violence. Aussi, à tourner le dos aux fausses autorités imposées. C'était une société où la jeunesse dominait : l'état d'esprit, de vouloir expérimenter plus que d'acquérir (pour affirmer sa domination)*. Mais les parasites gouvernants ont repris le dessus par la mise en place de répressions policières permanentes et humiliantes envers la jeunesse ainsi que par des décisions économiques et des fausses propagandes qui allaient mâter les populations travailleuses dans la terreur quotidienne : l'instauration de l'idée de la crise en 1973 (avec par exemple : « on a pas de pétrole, mais on a des idées », « le temps c'est de l'argent », et autres inepties). Aujourd'hui, en 2013, nous sommes conditionnés par 40 ans de crise : fausse bien sûr, créée uniquement pour faire accepter sa pauvreté, la misère de son conditionnement (son ignorance), l'idée de crise qui est dépassée par l'idée narcissique de la réussite médiatique « dans un monde électronique de chiens » : la manipulation des voix dans les « pages perso » au nombre de visiteurs piégés : l'arrogance de la richesse n'est plus une insulte, mais un but à atteindre dans la compétition (la guerre) généralisée (le lapidaire : « c'est comme ça, on y peut rien » des lâches). Une illusion maintenue par celles et ceux qui gèrent en s'enrichissant celles et ceux qui détiennent une fortune pour acheter les autres. Les fortunes spectaculaires enviées.

* Lire : Jeunesse Vieillesse un combat absurde pour sa vie

bibliographique
Georges Bataille : L’expérience intérieure (Gallimard, 1954)
Jacques Sojcher : La démarche poétique (10|18, 1976)
Bernard Marcadé : Eloge du mauvais esprit (de la Différence, 1986)
Pierre Restany : L'autre face de l'art (Galilée, 1979)
Michel Foucault : Il faut défendre la société (1976, cours au Collège de France puis Seuil, 1996)
Michèle Reverdy : Composer de la musique aujourd'hui (Klincksieck, 2007)
Jean Dubuffet : Asphyxiante culture (Minuit, 1986)
Mark Rothko : La réalité de l'artiste (Flammarion, 2004)
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Annexe 3
série de lettres « sur le terrain » qui témoignent de l'incompétence des politiques culturelles face au travail des artistes
L'affront de 2 souverainetés qui ne s'entendent pas, mais qui pourraient vivre côte à côte sans se nuire. L'enjeu politique de l'art est une réalité sociale, c'est par l'art que passe l'expression de la liberté : sans liberté : pas d'art possible. L'exposition, le concert, le festival sont des espaces politiques autorisés, un certain temps à l'expression des arts. L'organisation libre d'un concert provoque immanquablement une offensive violente de la police entraînée au combat contre des artistes qui ne le sont pas. Le jour où les artistes ne seront plus agressés par la police pour exprimer leur art, il y aura sans doute un espoir d'ouverture d'esprit pour vivre une vie épanouie et non frustrée dans nos sociétés. Mais nous sommes encore très loin de ça.

 

suite

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