confusion entre la fin et le moyen

 

la guerre en Occident
de l'éternité contre l'instant
ou vivre de trahisons

se manifeste aussi dans la pratique musicale

 

0 (zéro)

Base questionnante

Pourquoi tant d'hostilités envers le fait d'improviser la musique ?
Pourquoi dénigrer l'improvisation ? alors que c'est une qualité et +, une capacité à résoudre tout problème dans l'immédiat.
Pourquoi faire de l'improvisation un genre musical ?
Pourquoi faire de l'improvisation l'ennemi de la composition ?

...

 

VIII (c'est pas dans l'ordre ou ça l'est, car ça, c'est important à savoir pour la pratique musicale)

Dans la série :
Improviser ?
Que signifie improviser ?

Sans guide, On s'accroche à

L'improvisation sans guide, c'est-à-dire sans répéter ce qui a été appris, ou sans appui = sans accompagnement répété (tel un solo avec le mode pentatonique sur une grille de blues : 3 accord majeurs : |: tonique, sous-dominante, dominante :|), sans savoir ce qui va se passer, c'est-à-dire : la véritable improvisation, celle qui joue dans et de l'instant, de l'instantané, à se renouveler, à jouer l'improbable, l'inattendu, à s'adapter, sans se répéter pour se conforter à se conformer, provoque chez le novice éduqué des réflexes qui desservent la musique, tels que :

6 réflexes majeurs qui desservent la musique

Dans l'inconnu de la musique ensemble, on s'accroche à quoi ?
À jouer de la musique avec les autres dans un contexte sans repère connu, on s'accroche à quoi ?

1. On s'accroche à se signaler : le signal est 1 (2 ou 3) son isolé ou répété pour se signaler. Le signal fonctionne comme l'alarme. Le signal n'a que la fonction de signaler. L'intention s'entend.

2. On s'accroche à l'écho : répéter la même chose 2 fois (!) pour se rassurer (qu'on a bien joué ce qu'on a joué ?). L'intention s'entend.

3. On s'accroche à réagir : 1 coup pour 1 coup (l'interaction n'est pas la réaction*). La réaction est un réflexe qui s'entend (l'intervalle de durée à re-agir ne varie pas).

4. On s'accroche à ponctuer : marquer d'1 coup une intention sonnante qui conclut. L'intention de ce besoin de s'affirmer s'entend (le coup est étranger au contexte).

5. On s'accroche à lâcher/jouer abusivement des sons qui ne « disent rien », telles « les virgules » = des sons intermédiaires lâchés/joués « comme ça ». L'intention sans intention ou détachée de l'ensemble s'entend.

6. On s'accroche à la répétition rythmique régulière, telle une boucle mécanique mesurée répétée qui sort du contexte de l'ensemble.

Ces 6 pièges sus. Ces 6 réflexes appauvrissants sus. Redonne à la musique la clé de son épanouissement.

 

Note

* La réaction répond en écho à répéter la même chose : ce qu'un musicien a déjà joué. Avec l'interaction, les musiciens gardent l'autonomie de leurs idées qu'ils échangent dans le jeu. Réagir relève d'une action conditionnée, ou de son ersatz : la morale éduquée. La réaction répond à un ordre à obéir. Réagir est un réflexe éduqué pour que les actes des esclaves soient prévisibles.*

La règle du jeu de la liberté est de trouver les règles du jeu pendant qu'on joue et d'inventer les règles du jeu pendant le jeu et une fois inventées, les modifier pendant le jeu.

Le champ des possibles de la musique est alors assez vaste pour donner à entendre toutes les différences possibles inouïes. À improviser, il s'agit bien de ça. Sinon, n'improvise pas, mais répète ce qui est écrit. La partition de musique, nous le savons, quand elle n'ouvre pas l'esprit à jouer l'inconnu, est une ordonnance, un « mot d'ordre » qui exige l'exactitude de la répétition de ce qui a été vécu dans le passé, c'est-à-dire une schizochronie où quelque chose de passé qui ne devrait pas être dans notre présent.

Note de la note

* Les méfaits de la réaction ont été dévoilés par Friedrich Nietzsche et ont été synthétisés par Gilles Deleuze dans un tableau : ACTIF-REACTIF.tableau.deleuzien.d'apres.Nietzsche.pdf Ça aide à comprendre à ne pas se faire piéger. Nous avons aussi republié le texte de Vinko Globokar « Réagir... » publié en 1969 dans la revue musicale, tel qu'il n'en existe plus depuis 40 ans : Musique en Jeu, dans le n°1 : Vinko Globokar.-.Reagir...(1969)+commentaires(2017).pdf Texte qui nous paru essentiel à l'époque, mais à force d'usage nous à montré l'impasse de vouloir formaliser la musique improvisée. Formaliser la musique à re-agir conditionnée à se répéter, n'est pas, dans l'effet, improvisé, mais répété.

Ce que Gilles Deleuze nous a donné à comprendre est que l'art crée des différences, des différenciations des différences. La création artistique est productrice de différences inconnues à connaître et + à comprendre, ça, pour savoir, pour savoir faire, savoir s'y prendre avec l'inconnaissable.

C'est exactement le contraire pour la politique, celle souveraine en recherche de domination (= de conflits). La politique est productrice de répétitions. Et l'État des registres pour l'enregistrement est nécessaire à l'exactitude de la répétition des actes éduqués. Notre civilisation occidentale est noyée sous les enregistrements. Les êtres humains domestiqués par l'idéologie de la civilisation occidentale (monothéiste) vivent mémorisés. Vivre dans le passé, par les enregistrements faussant le présent du passé : l'histoire ne rapporte et ne peut pas rapporter la réalité de la vérité passée. Qu'une image d'une idée mémorisée. Et vivre à courir après, retire notre attention de vivre au présent. La diversion est une stratégie politique de domination par la trahison. Mais comme toute cette violence et hostilité est banalisée, nous ne pouvons réellement la percevoir : le refuge dans le passé (regret) ou dans le futur (espoir) est la fausse cure inculquée qui est crue se guérir du présent. L'improvisation représente la vie au présent.

 

 

I

Nommer « musique improvisée » une musique qui se distingue d'autres pratiques musicales, tel un genre, est une intention étrange et paradoxale. Dans l'effet, toutes les pratiques musicales sont improvisées (par nécessité d'adaptation). Une musique non improvisée est une musique qui ne peut plus surprendre, sans surprise elle ne provoque plus la joie de l'inattendu. La question qui vient est : la musique alors est-ce une machine prévisible qui se répète avec exactitude ? Et, un mécanisme prévisible, est-ce de la musique ? Il semble que la culture occidentale a valorisé ce qui est répétable à l'identique. À se faire croire que la composition musicale relève de la magie, celle du mage « compositeur qui prévoit ses effets » (sic). Rien de + faux ! Pour faire croire prévoir, il suffit de dresser les mémoires à répéter l'identique. Pour faire coïncider la prévision avec ce qui est attendu. Facile !

Pourtant, toute musique se compose dans l'improvisation et l'improvisation de l'expérimentation. C'est l'improvisation qui nous fait accéder à l'inconnu (pour le découvrir). À expérimenter. L'expérimentation a besoin de l'improvisation pour exister. Avant, pour trouver, inventer, puis vérifier : si la musique sonne, il faut l'improviser pour l'expérimenter. L'improvisation donne à pouvoir faire ses choix compositionnels. L'improvisation est nécessaire au compositeur pour l'exploration de l'inouï qui est la raison de sa création musicale à donner des oeuvres musicales inouïes.

...

Une musique sans surprise, est-ce musical ? À constater le dénigrement violent de l'improvisation par le monde musical et cultivé en Occident (et + particulièrement dans ce pays), sa pratique bannie des conservatoires, l'institution considérant la valeur de la musique, uniquement quand elle est répétée, exactement à l'identique, pose la question de ce qu'est, dans cette réalité sociale d'ici, la musique. Et + loin. Pourquoi la répétition exacte de la même musique par différents musiciens jouant la même musique est un critère de valeur de la musique ? N'est-ce pas au contraire générateur d'ennui que d'écouter toujours la même musique ? Qui à l'usage, par désintérêt ou irritation, devient inécoutable, bien qu'écouté quand même ?

Différents investissements sont impliqués dans cette affaire. Et

le 1er est la création du droit d'auteur en France et du copyright en Angleterre. Cette imposition propriétaire qui pour la France découle directement des droits de l'homme (sic) est ce qui ouvre la porte au commerce du chantage du droit d'auteur (dont les auteurs sont dépouillés). C'est-à-dire l'idéal recherché des investisseurs : la rente perpétuelle bien garnie à ne rien faire. Une rente bien garnie à vie sans rien faire, en soi n'est pas un mal. C'est le moyen de l'obtenir qui passe par la trahison et le chantage en pratique généralisée et banalisée dans nos sociétés où la créativité (génératrices d'inconnus) est censurée. La différence ne génère par de la rente.

le 2d, est l'obéissance politique. La domination de la souveraineté politique avec un État qui génère ses institutions. L'institution est la consolidation de l'académisme. L'académisme est l'école qui dresse les élèves à répéter ce qu'ils ont appris. Pareil pour les futurs compositeurs. À quoi ça sert de former des artistes qui n'inventent rien ? Et, des artistes qui n'inventent rien, sont-ils des artistes ? L'artiste a besoin de la liberté pour créer des oeuvres d'art. Sans liberté, il ne crée rien, il ne peut que copier et reproduire. L'histoire de la culture est la cible essentielle de l'éducation. Pour agir à réagir ce qui est convenu à répéter. De l'école jusque dans le monde du travail, les êtres humains domestiqués sont dressés à répéter le même. Ne connaissant que le même à répéter, nous sommes arrivés au XXIe siècle au point où la différence terrorise la jeunesse pour manifester son agression. Le reconditionnement de l'être humain domestiqué est réalisé. Oui. Au XXe siècle, la liberté venait perturber la domination politique, la liberté venait perturber les comportements d'obéissance (tenus par la morale).

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Le sens de la raison de la musique a été renversé par les institués pour donner à croire le contraire de sa nécessité. Les arts et la musique, leur raison d'exister est au contraire de générer des différences, des originalités, des individualités par l'oeuvre d'art unique, à révéler la diversité donnée par l'existence. Pas des copies. La génération des compositeurs nés dans les années 50, 60 (avant 1968), après Stockhausen, Xenakis et Cage, ont réintégré ouvertement l'improvisation dans leur pratique par nécessité d'invention. Qui était dissimulée pas ses prédécesseurs. L'excès de partition et d'écriture de la précédente génération a révélé le manque de savoir de la pratique du jeu instrumental par ses compositeurs. C'est cette écriture mesurée, jusqu'à l'excès, jusqu'à l'impossibilité d'être joué par des êtres humains (les séquenceurs numériques n'existaient pas encore) qui est l'une des raisons qui ont fait revenir l'improvisation dans la composition. L'une et l'autre inséparables. Sans forcer. Les êtres humains ne fonctionnent pas comme des machines que l'écriture musicale « classique » (quantitative) tente d'imposer à sa gestualité organique. Ou : la volonté de transformer l'organique en mécanique. (Pour quoi vouloir ça ? Le mécanique représente l'obéissance absolue sur l'organique : le viol de sa chair, par ses objets contondants du mécanisme prédictible). La question de la nécessité de la partition mesurée quantifiée s'est immédiatement posée comme support inutile à la création de l'originalité de la musique. Même pour l'orchestre symphonique. Il fallait tout réinventer. Car la direction que prenait la musique sachante était restrictive (donc autoritaire qui ne laisse pas la place aux différences), mais comme pour les autres à la répétition du même.

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Dans le contexte musical qui suivit le free jazz (c'est-à-dire : sa mort, c'est-à-dire : à partir de son ignorance publique), il aurait été plus juste de parler de « musique libre » (qui non plus n'est pas un genre ou un style) en opposition aux « musiques capturées ». Celles enregistrées, archivées, celles du passé, celles de l'ordre écrit de la partition classique, mesurées, quantifiées, « déterminées » (= qui ignorent l'hésitation ? l'homme qui ignore l'hésitation est un homme qui ne se pose pas de questions, ce qui n'est pas compatible avec la création musicale), finies (= qui ne peuvent plus être ni développées ni variées), pour être répétées exactement identiques (avec diapason et métronome, sic). Ces musiques capturées, du passé vécu au présent, appropriées par le droit d'auteur et le copyright, qui servent d'objet de péage, pour être consommées dans le but unique de générer des bénéfices aux investisseurs et associés. L'industrie du divertissement est un instrument de propagande préservé par les gouvernants : garants de la censure des médias dominants (radios, télévisions, musées, salles de concert, etc. ; et tentant de s'emparer du réseau Internet pour généraliser avec le reste, la censure totale des arts, c'est-à-dire empêcher d'exprimer l'idée de liberté).

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Il est impensable de retirer, à toutes les pratiques musicales, l'improvisation, puisque l'improvisation est constamment présente à toutes les étapes de la réalisation de la musique. L'improvisation permet de s'adapter à n'importe quel contexte et de jouer avec l'inattendu. Aucune organisation, ni réalisation musicale n'est prévisible à 100%. Cette imprédictibilité oblige l'improvisation. Agir sans planification. Il n'existe pas, le maître de la prédiction, que chacune ou chacun espère. Ni en musique (avec les compositeurs) ni ailleurs (avec les présidents) ; c'est une illusion volontaire publique que de vouloir croire à une prédiction avec certitude. La conviction est une abdication. Pour rassurer sa terreur et à la fois épater sa crédulité (par le spectacle répété). La terreur de désobéir ou de sa propre autonomie (d'état d'esprit) est massivement imposé et éduquée de la famille à l'institution dans notre civilisation occidentale et c'est renforcée, après les évènements de 1968, quand la jeunesse mondiale revendiquait sa liberté de vivre. Ou refuser vivre à être vécu.

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Toutes les musiques qui sortent des critères d'assurance (politique) ont été censurées et rejetées dans les limbes de l'oubli. Elles sont devenues inexistantes dans le paysage médiatique musical (musical ?) dominant de la consommation du divertissement. Le divertissement a remplacé les arts. Les musiques vivantes originales ne divertissent pas : elles font prendre conscience de ses capacités de perception (et de soi dissimulé dans sa fonction, celle d'être employé, en échange d'une récompense humiliante). Aujourd'hui au XXIe siècle, pour tout être humain conditionné à obéir, avoir conscience est inconfortable. Avoir peur. Constamment. À ne pas savoir ce qui « risque » de nous arriver, bien qu'il suffise de réfléchir un peu pour apercevoir le ridicule de sa réaction (nous sommes conditionnés à réagir, la réaction est prévisible, mais pas éduqués à interagir nos autonomies. L'interaction est imprévisible). En réalité, il n'y a rien, aucune raison d'avoir peur.

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En ce début de XXIe siècle, la confusion dans les esprits est réelle. La collision des générations entre sachantes et ignorantes, où le conditionnement et le manque de connaissances de l'une travaillent à rendre incompréhensibles (voire louches) les libertés de l'humanité créatrice de l'autre. L'improvisation s'entend dans toutes les musiques, par l'adaptation, mais le refus de ce savoir est louche. L'improvisation reste volontairement ignorée, c'est une musique vivante clandestine depuis 40 ans. Ça, pour une société de l'ordre (qui en réalité ne veut rien dire qu'exprimer la peur par le désordre qui aussi ne veut rien dire) enregistré pour répéter le même qui génère l'assurance du confort attendu. Ordre et désordre sont des appréciations transformées en doctrine. C'est ce « glissement » qui fausse la réalité de l'appréciation de la perception. Tel un tour de passe-passe politique pour tromper les gouvernés employés à servir (tous les esclaves qui nient leur esclavage). Mais ordre, dans le monde politique signifie : le résultat de l'obéissance générale (des êtres humains humiliés).

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L'improvisation est un moyen et non une fin. L'improvisation est un outil. Un outil qui donne à pouvoir créer de la musique. Musique qui n'a de temps que l'instant du présent (dans le passé il n'y a pas de musique ni dans le futur, car la musique ne se compose pas avec le regret et l'espoir). Considérer l'improvisation comme une fin, place la musique dans un système de ségrégation (de classes hiérarchisées par le faux mérite) où domine la confusion d'une résistance sans consistance : c'est-à-dire la perte de la vraisemblance. Des musiques libres face à des auditeurs ignorants ? car uniquement ignorants. Ignorer l'improvisation, c'est ignorer l'instant pourtant présent. Et toutes les musiques vivent de l'instant au présent. La musique ne se crée pas avec la perpétuité. Bien que l'éternité (son désir) soit une notion cultivée par notre idéologie occidentale religieuse et politique : le pouvoir pour l'éternité, sic. Ce qui explique le déséquilibre entre les musiques des compositeurs vivants et les musiques des compositeurs morts. L'hégémonie des musiques mortes (classiques, sic) qui prennent toute la place dans les salles de concert d'aujourd'hui est le résultat de cette idéologie « ad eternam » : la génération expansive illimitée des bénéfices de ma fortune pour l'éternité (à répéter le passé décontextualisé et réadapté pour ignorer vivre le présent). C'est la stratégie de la diversion du divertissement abondamment utilisée par la politique et la religion pour se donner le pouvoir de cultiver l'asservissement.

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Une musique improvisée, impromptue, joue l'éphémère dans l'instant.
Elle est considérée par les politiques comme « anarchie du chaos » (sic) :
c'est-à-dire représentative de l'image terrorisante « des sociétés sans contrôle ».
C'est une disposition politique soutenue par la croyance religieuse,
fausse, car au contraire, pour pouvoir improviser, il faut un contrôle de soi aigu
sans trop de failles, pour que la musique puisse donner à entendre sa cohérence.
La cohérence musicale est ce qui donne à entendre les comportements uniques et différents dans un ensemble en interaction en accord avec la réalité.

 

Dans un autre registre, celui économique, nous pouvons déplorer, l'attitude de l'improvisation solo pratiquée par les musiciens « post-free jazz » pour obtenir des engagements auprès des organisations résistantes, mais sans moyens pour payer un orchestre. Cette pratique s’est généralisée à partir de la fin des années 70 et tend à disparaître par sa stérilité : le solo du virtuose ne laisse pas accès à la composition musicale. Qu'à une démonstration de capabilité pour obtenir une gloire imméritée. Chacun amenant son solo, à la fois par souci d'économie et à la fois pour montrer ses capacités « extraordinaires » de musicien-savant tel le singe ? Les techniques exceptionnelles des multiphoniques ou de la respiration circulaire (continue) datent de cette époque. 30 années après, rien n'a vraiment changé, quelques solistes de la « musique improvisée » sont toujours là, mais un peu fatigués dans la répétition de ce qu'ils ont inventé dans leur génie passé. Cette soloisation de la « musique improvisée » n'a pas fait évoluer cette tendance musicale. Qui tourne en rond depuis 1/2 siècle.

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La « musique improvisée » à la suite du « free jazz » sont des musiques assimilées par le public inculte à du désordre ou du « n'importe quoi », ou + simplement assimilées à du bruit, pour être entendue vivement désagréable, voire une nuisance (qui est le sens de l'existence de l'idée du bruit). Qu'est-ce que « n'importe quoi » ? Une volonté crue perçue sans intention. La détermination est confondue avec le déterminisme. Déterminer = identifiable => mémorisé pour être reconnu, n'est pas compatible avec la création artistique au présent inconnu. Et, par conditionnement, tout ce qui n'est pas reconnaissable (mais qui reste connaissable) génère un malaise, jusqu'à la terreur de l'angoisse (exprimée excessivement violemment par la jeunesse du XXIe siècle). Et, dans la logique des jouissances agréables (fun), il parait impensable, pour les publics conditionnés, d'apprécier des « musiques inconnues » ou « pas reconnaissables » qui ne sont Que désagréables. Le XXIe siècle occidental est une régression de l'état d'esprit humain revenu au « diabolus in musica » du XIVe siècle, prôné par l'Église, alors toute puissante. Aujourd'hui, au lieu d'interdire un intervalle, les publics conditionnés (en croyants agressifs) ignorent = méprisent les arts vivants pour interdire leurs pratiques (jusqu'à agresser physiquement les artistes) qui diffusent des pensées et des pratiques inventives libres qui affiche la liberté d'exister et de vivre. Sachant que la liberté est la raison d'exister des arts : sans liberté, aucune oeuvre d'art ne pourrait exister. La décadence musicale sachante des Quarantes Obscures (1980-2020) est gouvernée par la dictature des populations ignorantes terrorisées éduquées à haïr la différence (ce qui est le projet politique de domestication de l'humanité au travail ou autrement dit, la continuité de l'industrie de l'esclavage commencé il y a 5000 ans).

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On constate que les liens du dégoût et du désespoir sont étroitement liés avec le conditionnement de l'éducation. Ou pour être + proche de la réalité : s'abdiquer à vivre le consentement du viol des enfants. Les dresser à leur foutre la trouille pour qu'ils obéissent et craignent la violence de l'autorité usurpée, d'êtres humains uniformés. Art et politique sont liés par leurs opposés. Où l'un vit de liberté et l'autre de l'humiliation des autres. La musique, comme les arts existent pour que l'espèce humaine ne s'étouffe pas dans sa servitude, par excès de terreur insensée, car sans réel objet. C'est pour cette raison que la musique des artistes vivants est massivement censurée par « les politiques culturelles ». Invention géniale qui donne à croire au soutient étatique à la production d'oeuvres d'art qui en réalité est une vaste chasse aux sorcières où les artistes d'aujourd'hui, restés authentiques, malgré les pressions politiques intenses par le chantage à être transformés en animateures/décorateures jouant déguisés « des reprises » (sic) qui ne suscitent surtout pas la réflexion des spectateurs et des auditeurs sur leur condition d'existence humiliée.

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II

L'improvisation est l'outil compositionnel par excellence de l'exploration musicale, pour une première approche d'un champ musical inconnu (de la recherche) par l'invention permanente obligée pour aboutir ensuite à une composition mûrie : une extraction du préféré dans un possible non formé.

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III

La « musique improvisée » contemporaine joue sur un schéma compositionnel datant d'1/2 siècle, voire + : le modèle cagien-sériel (l'un aléatoire, l'autre non, mais au résultat sonique similaire disjoint) de la culture de la différenciation, de la non-répétition venant du dodécaphonisme et de la klangfarbenmelodie schönbergienne en 1908 et 1909 (3 pièces pour piano opus 11, 5 pièces pour orchestre opus 16, un accord de 5 tons dans différentes orchestrations) qu'il expose à la fin de son traité d'harmonie en 1911 : « il devrait être possible de produire des suites semblables (aux mélodies) à partir de l'autre dimension du son, celui de la couleur sonore que nous nommons timbre, des suites dont les rapports sonores agiraient selon une certaine logique, équivalente à la logique d'une mélodie de hauteurs ». Mais cette culture de la disjonction qui s'improvise, jusqu'aujourd'hui se répète, se répète, se répète. La « musique improvisée » contemporaine genrée manque de schéma (ou d'idées) compositionnel pour se renouveler (pourtant le renouvellement est la preuve de sa vitalité, le contraire de son apathie). Ne s'ennuie-t-elle pas avec du déjà entendu ? Il y aurait sans doute une réconciliation à opérer entre instrumentistes crus être compositeur et compositeurs et surtout redéfinir ce pour quoi la composition musicale existe, pas celle qui impose des mesures décontextualisées, mais celle qui se dispose des différences des différents comportements à jouer ensemble, non ?

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IV

L'improvisation se pratique par chacune et chacun et tous, quotidiennement. À part le politique, personne n'écrit de partition à exécuter sa vie de tous les jours. Bien que le « plan » de « l'emploi du temps » est exigé depuis l'école. La capacité à s'adapter dans l'immédiat suivant le contexte relève de l'improvisation ou de la composition immédiate de son attitude rencontrant un contexte inconnu. Une composition planifiée différée et réfléchie se conçoit aussi dans l'improvisation suivant les données disponibles dans le contexte particulier et se compose avec elles. Il est absurde de vouloir bannir l'improvisation de la pratique. Pour la mauvaise raison que l'improvisation est considérée être une attitude a priori désobéissante. Ce n'est pas l'improvisation qui est désobéissante, mais la volonté d'obliger l'obéissance comme comportement majeur imposé. Les fonctionnarisés (employés d'État, y compris son président) possèdent l'art de renverser le sens des choses à leur avantage : pour se justifier innocent des pratiques intrusives banalisées envers les autres.

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V

Points ? de vue de croyance

La formation des exécutants
La déformation des interprètes

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Compositeur, le métier du pouvoir, du mage prédicateur (sic)

...

La guerre gagne toujours contre la paix

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La vague étouffante des amateurs

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La machine du divorce consommé

...

 

 

VI

La « musique improvisée », chapelle exclusive moribonde ?

Les musiciens qui ont suivi les générations du Free Jazz ce sont retrouvés à cultiver l'exclusivisme. Le jazz est mort quand le Free a été arrêté. Sa programmation interdite dans les festivals officiels à partir des années 80. Le jazz a vécu une vie courte et intense où l'inventivité du dixieland au free en 50 ans est unique (voire incroyable dans nos sociétés traditionalistes). Le jazz a été arrêté à la fin des années 70 et au début des années 80 du XXe siècle. Le jazz a sonné son agonie quand le bebop a remplacé le free dans les festivals, c'est flagrant, la tradition continue, avec les festivals abondamment financés par l'État : les « grands festivals de jazz » (sic). Pourtant, le jazz (sans inventivité, le jazz est-ce toujours du jazz ?) a été arrêté quand il entamait sa fusion avec la musique contemporaine (Miles + Stockhausen ? improbable, mais beaucoup y ont cru. Le rapprochement est réalisé par Anthony Braxton pour le + connu). Mais comme la musique contemporaine s'est séparée de la musique expérimentale (sa source d'inventivité), le jazz post-free s'est retrouvé comme la musique expérimentale, rejeté dans l'underground, autrement dit : dans la marginalité de la clandestinité. Cette situation marginale de la musique des nouvelles générations a créé un repliement sur soi qui a donné des chapelles où l'exclusivité est encore cultivée aujourd'hui. "Toi, mais pas toi" (sic). La chapelle « musique improvisée » est née de l'exclusivisme pensant garder la liberté de ce que le free jazz avait créé : une liberté crue sans retenue de l'invention. Mais à force de cultiver un esprit « c'est à moi, pas à toi » de l'avare, « la musique improvisée » n'a pas fait évoluer ce que le free jazz avait apporté.

Il faut relever les rejets pendant 20 ans (80-90) des compositions novatrices d'un Anthony Braxton. Aujourd'hui pardonné avec une école de musique à New York. Mais la chapelle de « la musique improvisée » ne possède pas de musiciens aussi talentueux, à la fois compositeur et instrumentiste et, c'est bien dans ce sens qu'a pointé l'avarice : l'avare ne partage pas de peur que ça lui échappe, parce qu'il ne sait pas créer : le musicien du cercle de la « musique improvisée » ne compose pas, il improvise ce qu'il sait déjà. L'inventivité s'est échappée du jazz (= tout ce qui existe avant le free) (free ? Un esclave noir libre ? c'est incompatible ! sic), conséquence du rejet de l'audace de l'inventivité musicale par les programmateurs de concert officiel. La dictature de la tradition commerciale vendue « (re-)prenait son pouvoir » (sic).

Pour que l'idée originale du free jazz ne s'échappe pas, aux musiciens concernés, ou par peur que l'objet de leur convoitise leur échappe, il s'est créé un réseau restreint particulier (voire confidentiel, même clandestin) de la diffusion de la « musique improvisée » (où tout le monde se connait : un tout petit monde clos). Et dans cette confidentialité fermée à l'extérieur (aux nouvelles générations et aux auditeurs) « la musique improvisée » pleure et tourne en rond : se répète par manque d'idées car pas d'échanges extérieurs pour son développement (vers une expression enrichie de diversités). Les musiciens de la « musique improvisée » sont comme les musiciens de « la musique classique » : des propriétaires. Et conserver en l'état, empêche toute évolution de la musique qui se voulait le porte-drapeau de la liberté.

Triste comportement social qui n'a pas servi l'originalité musicale à pouvoir s'entendre (durant 40 ans).

 

Lecture
Derek Bailey, Improvisation (its nature and practice in music),
Première édition, Incus Records 1980. Seconde édition, The British Library National Sound Archive 1992 et Da Capo Press 1993.

 

 

VII

La musique en classes ?
Pourquoi créer des classes de genres musicaux ?
Et de ces classes, générer une échelle de mérite ?
Pourquoi faire vivre et vivre ça ?
À quoi ça sert de vivre discriminé réprimé et exclu ?
par des rapports de force de classes hiérarchisées ?
À quoi ça sert de vivre à discriminer à réprimer à exclure ?
Et à qui ? pour que ça puisse se perpétuer depuis des millénaires.
La discrimination avec la répression avec l'exclusion entretiennent la violence sociale banalisée refoulée et niée (créant toutes les maladies de l'esprit domestiqué). Nous vivons dans un monde où nous créons notre propre hostilité pour vivre humiliés. À quoi ça sert vivre humilié ?
Ça sert à vivre soumis à obéir. Avec toutes les conséquences que cette hostilité généralisée cultivée peut générer : vivre en salauds les unes les uns envers les autres à se faire agir à réagir à cultiver la violence de cette hostilité.

Les divorces musicaux du XXe siècle (se poursuivants au XXIe) :

1. improvisation et composition (= la musique contemporaine contre le free jazz)*

2. expérimentation et tradition (= la musique contemporaine contre la musique expérimentale)*

3. instrument de musique et objet sonore (= la musique concrète contre la musique sérielle instrumentale)*

4. guitare électrique et musique contemporaine (= la musique contemporaine contre le rock and roll attitude rebelle)*

5. jazz et rock (le rock n'a pas attendu le jazz épuisé pour faire sa propre voie)*

6. improvisateurs, interprètes et exécutants (musiciens pas payés, musiciens payés au cachet et musiciens salariés)*

7. musique classique (principalement romantique du XIXe siècle) contre tout le reste*

8. « Les Français n'aiment pas la musique », ils s'en servent comme véhicule de propagande. Ou de porte-drapeau de leur classe sociale.

9.

 

* Bien qu'il existe toujours des exceptions : des tentatives non suivies de musiciens inventifs rejetés. Les exemples sont nombreux bien qu'ils ne sont jamais communiqués par la presse qui aujourd'hui nous le savons est le véhicule idéologique du pouvoir politique et économique de nuire.

 

 

IX

Improviser ?

= se démerder dans l'instant (sans requête ni permission = sans aller-retour), avec sa propre capacité instinctive, avec sa propre perception non conditionnée, avec ses propres idées et non des croyances, de décider pour soi quoi faire soi avec les autres dans l'instant. C'est ce que nous agissons quotidiennement quand rien n'est planifié ou à l’habitude de penser et d’agir toujours de la même manière. Improviser est la manière d'exister au présent dans l'instant. L'intuition de l'instant est une capacité qui est développée par les musiciens qui ont compris que sans elle, il n'y a pas de musique sublime possible.

 

 

 

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