le constituant essentiel d’une communauté
les constituants formels de la musique

où l'habitude constitue
une réalité rassurante

 

 

 

Def.s admises : croire.
fidèle |<|-> foi |<|-> confiance |<|-> croyance. croire = tenir pour vrai ou véritable, tenir pour réel, vraisemblable ou possible (Robert). Être persuadé qu'une chose est vraie, est réelle (Littré). confiance (= avec foi) = espérance ferme. foi = croire qqn, avoir confiance en qqch, assurance donnée d'être fidèle à sa parole, d'accomplir exactement ce que l'on a promis, fidèle à la foi juré fidèle = qui ne manque pas à la foi donnée (à qqn), aux engagements pris (envers qqn), dont les affections, les sentiments (envers qqn) ne changent pas


Le ciment social des
régimes intolérents

 

Les croyances sont un ensemble de pensées imaginaires considérées comme nécessaires au maintien et à la consolidation d’une communauté. Croire est nécessaire pour appartenir à une communauté en plus de sa langue (jargon, dialecte) et de ses traditions (attitudes). Il faut approuver et accepter ses croyances (ses codes de conventions) pour être membre (citoyen) et faire partie intégrante de son ensemble (nation). Cela n’a rien à voir avec la recherche de compréhension du réel [1]. Chaque communauté se crée sa propre réalité dont certaines peuvent se partager avec d’autres ou pas. Nous naissons tous dans une communauté et donc dans ses croyances. Ces croyances constituent notre sens même de vivre. Croire est une attitude de prévoyance, une protection de soi par les autres, une assurance de sécurité. Dès notre plus jeune âge on nous inculque, on nous éduque à ces croyances pour être inséré dans la communauté. Celui qui doute est seul. A moins qu'il rejoigne la communauté de ceux qui pratiquent l'art de ne croire en rien, mais ils sont trop peu nombreux et trop éparpillés et sans connections communicantes. Pour un croyant, il n’y a que les fous qui ne peuvent pas croire pour rester seul avec soi-même. Le croyant croit pour ne pas être seul. Une croyance se constitue au moins à deux, celui qui est convaincu et persuadé et l'autre qui approuve et acquiesce (l'autre peut être aussi soi qui fait un isolé). Le croyant a adapté et convaincu son esprit pour être accepté dans sa communauté. Avoir la même langue et les mêmes idées facilite la communication que les croyances renforcent. La croyance n'est qu'un constituant social, et non une recherche à comprendre le réel (ce qui est hors de nous). Tous les sceptiques du monde ne parlent pas la même langue et ne doutent pas sur les mêmes croyances. Il y a autant de croyances qu'il y a de communautés (cercles, nations, religions, classes, associations, cultures, écoles, espèces, races, partis, villages, clans, groupes, ensembles, clubs, tendances, bandes, modes, etc.) et ces croyances sont nécessaires au maintien de celles-ci. Chacun de ses membres adhère par intérêt ou conviction ou passivement par soumission indécise. Les résistants c’est-à-dire : les égarés (les fous), les hérétiques (les intellectuels), les vagabonds (les nomades), sont condamnés comme un exemple à ne pas suivre (en fait ceux qui doutent). Dans une communauté où sa croyance est mise en doute et afin de la sauvegarder puis la renforcer, des boucs émissaires (innocents) sont désignés (coupables), jugés puis suppliciés : responsables qui font le mal. La condamnation renforce la croyance mise en doute; c'est pour cela qu'elle reste publique. La faiblesse d'une croyance (un équilibre entre souffrance et mensonge) se mesure par son degré de violence répressive sur ses croyants. Généralement les communautés totalitaires provoquent une faible adhésion de ses membres (qui pour la plupart simulent l'adhésion pour ne pas souffrir) : leurs temps d'existences sont généralement courts, mais intenses. Les groupes religieux sont une exception. Toutes ces communautés désignent des gouvernants qui représentent l'autorité de leurs croyances. Un garant des dogmes doctrinaires. L'autorité est un artifice nécessaire au croyant, une référence extérieure impossible à mettre en doute, la souveraineté même. La présentation de sa légitimité est le droit que le croyant lui accorde à exercer. L'autorité rassure d'un même sens et d'un même ouvrage pour tous : elle déresponsabilise. L'autorité est à la fois le révélateur de sa faiblesse et le soutien indispensable pour qu’il ne chancelle pas dans « un lieu d’égarement, de non-sens » [2]. Si tu ne crois pas, ça ne se réalise pas. Rien à constater. Il ne se passera rien. Si tu crois guérir, tu guériras. Si tu crois aux ovnis, tu verras des ovnis. Si tu crois en Dieu, tu verras Dieu. etc. La force de persuasion est au prorata du « degré d'acceptabilité » de croire du croyant et de sa fidélité à être persuadé dans la durée. Son désir de voir ce que les autres de la même communauté voient est fondamental. Ne plus croire est pour le croyant ne plus rien percevoir. L'anéantissement du sens de sa vie, de sa réalité [3]. Le maintien et la reconstitution de la croyance se pratiquent aussi avec le « sens commun », la croyance à la « spontanéité du bon jugement pratique », une norme intuitive de confiance qui rassemble tous les croyants dans la certitude de leur morale (action soumise au même devoir) : notre sens moral que créent les croyances. Ouf, le bateau est sauvé : il est sauvé en permanence, car les croyances se maintiennent dans l’effort. Mais il serait temps d’admettre que : plus la connaissance de ses membres serait élevée, plus le bateau serait moins menacé d'un naufrage. Le refus de savoir est l'aubaine de la croyance pour une autorité. Le renforcement des liens dans l'obéissance. La durée est le troisième facteur de consolidation de la croyance, plus sa durée est longue plus sa véracité se renforce dans l’esprit du croyant. La longévité des religions réside dans la croyance à l'inexistant invérifiable. La tradition est la transmission de ces croyances qui se « monumentent » dans la durée, un héritage respecté mais inutile dans un changement contextuel où les données ont changé.


Croire ou comprendre

Nous sommes tous des croyants, nous sommes tous des idiots. Croire est une répression de et sur l'esprit. L'intelligence ne peut pas croître de pair avec la crédulité. Il est difficile de pouvoir croire avant de comprendre. Comprendre développe des processus constamment instables (et ne forme pas des fidèles à l'instabilité ?). Est-il possible de croire ce que l'on a compris ? est incompatible. La croyance est une pratique indirecte qui n'a pas de contact (direct) avec son sujet. La croyance n'existe que par le rapportage et la représentation. Elle ne peut se pratiquer directement avec le sujet de sa croyance. « Si je suis avec Dieu, je n'ai plus besoin de croire en lui ». Le sujet tel quel ne correspondra pas à la représentation de la chose crue. La connaissance ne se réduit pas à une « croyance vraie et justifiée par de bonnes raisons » [4]. Les bonnes raisons sont toujours le résultat d'un intérêt ou d'un bénéfice à assouvir. On ne gagne rien à comprendre que la satisfaction d'en savoir un peu plus ou pas. En savoir un peu plus qui demeure une raison. Pour certains, une raison de contrôle et de manipulation des autres. Certaines connaissances augmentent la capacité de pouvoir. La domination de celui qui sait contre celui qui ne sait pas. Nos sociétés refusent de distribuer la connaissance à tous. Pour manipuler les croyants. Pour reter vivace les croyances se communiquent, se rapportent : les médias sont les colporteurs autorisés des croyances (des informations arrangées et inutiles). La connaissance pour les croyants est associée à un mal qui fait souffrir : une tentation diabolique chez les judéo-chrétiens : « il faut protéger les fidèles de la connaissance ». La croyance a besoin de ses fidèles. La croyance ne se fonde pas sur un jugement de valeur, mais sur une nécessité, elle n'a aucun intérêt à la véracité telle quelle qui réduirait son sens existant à néant. Il lui suffit de considérer sa projection comme vraie. Une « croyance vraie » est vérifiée dans le contexte communautaire et s'anéantit hors de ce contexte. Dans l'absolu une croyance ne peut être vraie puisqu'elle est crue, le vrai est tenu, considéré et jugé pour vrai dans ce qu’il a de faux. Si tu crois c’est que tu ne comprends pas. [5]

Croyance et utopie

L'utopie (un possible impossiblement faisable) est-elle la conséquence de la croyance ? Si « croire que cela est possible » est affirmé comme une réalité sans démonstration possible d’une réalisation avant sa réalisation, une preuve du possible de l’impossible : la croyance se fond dans l’espoir et la confiance du projet à réaliser. La projection d’un espoir dans le futur est-elle une croyance ? Si l’espoir est suggéré par une croyance à l’impossible normé.

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Croyance et communication

La croyance joue un rôle majeur dans la perception, au stade de l'émission perceptive, à reconnaître l'identité de ce qui est perçu. S’il y a une mise en doute du perçu, la croyance est perdue et l'identité non identifiée. La mémoire garde ce que la croyance rappelle de ce qui est cru. Croyance va de pair avec l'identification du perçu. Pour identifier puis communiquer il faut avoir cru. L'identification qui se communique avec les autres croyants de la même croyance. Peu importe ce qui est cru, mais ce qui est cru doit être conforme à ce que la communauté croit : cela pour pouvoir communiquer et renforcer la croyance. Une communication ne se connecte que par similarités. Les notions de vérité et d'erreur importent peu dans la croyance puisqu’erreur et vérité sont crues de la même manière. Croire sert plus à communiquer qu'à une quête solitaire du sens de la vie, qui est une croyance maintenue (pour les égarés ?). Que l'information soit vraie ou fausse importe moins que de pouvoir l'échanger. Des pensées trop différentes empêchent l'échange : on ne re-connait pas la croyance communiquée. La croyance vit et règne dans la similarité, similarité qu'elle cultive dans la différenciation : des différences similaires ou des similarités différentes. Jusqu'aux limites de la re-connaissance. Des différences trop accentuées de croyances exprimées par le langage, le concept et le contexte empêchent la communication normalisée. On ne similarise des différences que dans la croyance. La croyance à une idée qui est le ciment cru d'une communauté apeurée par la différence. « La même croyance pour tous les êtres humains permettrait de communiquer et se “comprendre” dans la similarité » est une pensée totalitaire illustrée par l'histoire de la provenance biblique des langues qui ne se comprennent plus, dû à une punition (sic) de Dieu pour l'arrogance humaine (plutôt la bêtise) de vouloir le rejoindre au ciel en construisant une tour, celle de Babel. Cette histoire révèle un désir de similarité pour tous les êtres humains et l'obéissance à l'autorité invisible qui commande : nommé autrement, régime politique totalitaire.

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La pensée est une croyance : c'est le paradoxe du doute : nous ne pouvons que penser en croyant par la croyance qu'à travers ce qui est cru. Un postulat [6] est le positionement d'une évidence à admettre comme fondement au développement imaginaire d'une pensée : une nécessité de la conscience qui pense.

 

ABSORBTIONS DU REEL

par l'être humain

ses différentes manières

Nous disposons de différentes formes, pour mettre en activité notre corps et sa pensée (notre esprit) pour répondre à notre conscience. Chacune est différente par l'état d'esprit qu'elle développe et permet de distinguer différentes formes d'épanouissement de croyances pour appréhender, comprendre et apprécier le réel réfléchit. Suivant les tendances, certaines formes d'état d'esprit se retrouvent majeures ou mineures suivant les périodes historiques et les cultures géographiques. Les désignations suivantes restent un classement parvenu d'un état d'esprit inclus dans la liste qui suit.

La musique vibre considère que tout ce qui vibre est réel : l'art du vibratoire, de se nourrir de vibrations entre autres audibles.
La science observe considère que tout ce qui est observable est réel et quantifiable et tend vers l'exactitude.
La philosophie doute considère la mise en doute de l'émission des idées et de ce qui est « perçu allant de soi ».
La religion extase considère la fusion originelle comme le salut de l'humanité. Gère la mort et le sacré : l'espace mystérieux de l'imperçu.
L'absolutisme religieux a créé l'athéisme.
La politique
L'économie
trompe concidère que l'humanité doit être dirigée (gouvernée) pour être ordonnée, cela avec l'art de la persuasion.
Son contraire : l'apolitique est diabolisé par le mot anarchie.
Les arts communiquent considèrent la communication avec différentes formes de codes (des langages désignifiés qui ne désignent pas)
matérialisés dans des savoir-faire qui donnent à percevoir différentes facettes du réel.
La sociologie
La psychologie
observe
et doute
reconsidère l'organisation sociale le l'humanité et de l'humain.
La cuisine nourrit considère que tout ce qui se mange peut se transformer en plaisir.
La mode vêt considère que tout ce qui se porte peut se transformer en plaisir.
La médecine soigne considère que toute maladie possède un remède.
Aujourd'hui 2 médecines (états d'esprit) se confrontent :
l'une dominante « systématique » et l'autre dominée « empirique » (herboristerie)
L'architecture    
          intérieure loge considère que tout ce qui est habitable peut se transformer en plaisir.
          extérieure déloge considère loger l'humanité dans l'urbanité (avec son comble : la ville planète)
développe la mégalomanie spirituelle dans le monument
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Ces distinctions sont à considérer comme une observation à partir d'un doute, un point de vue, une remise en question des valeurs reévaluées. Différents traitements de l'imagination des activités humaines qui s'interpénètrent. Rien de plus.

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La croyance et les idées

 

Comment débusquer une croyance ?

 

Comment détecter, débusquer, dévoiler une croyance ? C'est simple, il suffit de se poser la question : « est-ce que je crois en cette idée ? » si la réponse est : « oui », l'idée crue rejoint la longue liste des croyances; si la réponse est : « non », l'idée non crue rejoint la famille des idées incroyables et inutilisées.

« Croire en Dieu », est-ce une croyance ? Si l'idée de Dieu est crue : oui, l'énoncé est confirmé. L'idée de Dieu est une croyance comme une autre quand elle est crue. Croire en Dieu, est une croyance ultime, car l'énoncer implique l'existence certaine de ce qui n'existe pas ou de ce qui est imperceptible sans a priori, c'est-à-dire sans la communication de l'existence de cet inexistant. La constatation de cette confirmation montre que sans croyance, nous serions incompétents à comprendre nos sensations : « à voir l'invisible ». Et que la croyance est suffisamment suggestive pour percevoir l'impercevable : c'est ce que l'on nomme le conditionnement. Pourtant l'association de ces 2 idées : croire et comprendre est antinomique. Si l'on croit on ne comprend pas et inversement.

La représentation de l'idée est l'image de cette croyance : son reflet. C'est pour cette tâche que les artistes peintres et sculpteurs sont engagés par les religions : pour donner une image palpable à ce qui est cru. A représenter le divin. Ce qui semble être une contradiction : représenter l'irreprésentable. Notre tendance à personnifier des phénomènes incompréhensibles revient à donner au phénomène incompris un rôle dans l'histoire contée. Exemple : le ciel agit comme un personnage d'histoire.

Une vérité pour exister n'a pas besoin d'être crue. Il n'y a aucune nécessité d'être convaincu pour vivre avec les idées. Une vérité peut exister sans qu'elle soit crue : « le Soleil brille, il chauffe » n'a pas besoin d'être cru pour produire la sensation de lumière et de chaleur. Former des idées est une activité quotidienne pour chacun, sans cela on s'ennuierait (ou on dépérirait). Former des idées est le résultat du travail de l'imagination.

Adhérer à une idée donne un sens à son choix. Bien qu'il ne soit pas nécessaire pour vivre de donner un sens à son choix. Mais ce sens est une motivation au choix. Si l'on ne prend pas de décision, on ne peut vivre pour soi. La majorité des humains pour se motiver à vivre pour soi, doivent croire et devenir croyant : être croyant permet d'adhérer à des idées reçues pour être intégré à un groupe. Pour ne pas être isolé du groupe qu'un humain vit difficilement.

Les intellectuels comme les croyants pervertissent les idées, c'est à dire croient que les idées émises sont des vérités (j'essaye de m'en préserver tous les jours, mais ce n'est pas facile). C'est une confusion entre le contenant et le contenu : les idées existent comme contenant par leur émission, mais la forme des idées s'adapte à l'imaginaire contextuel. Sans la croyance que : « une idée est vraie », il n'y aurait pas la conviction d'émettre des idées à vouloir convaincre les autres. Aucune vérité ne peut être crue; si elle l'est : elle devient une croyance. Une vérité est une croyance, mais la vérité est une idée comme Dieu et toute autre idée. Bien que croire se nourrit de la vérité, l'association de ces 2 idées est antinomique : croyance et vérité s'ignorent. L'idée de la vérité n'a pas besoin de la croyance pour exister. Et La croyance se contente d'idées faussées pour alimenter sa croyance. Mais pour croire on a besoin croire à la vérité, de reconnaître l'énoncé vrai même s'il ne l'est pas, sans doute pour se convaincre de croire d'être cru que l'on existe. Au fond pour tout croyant, le doute existe.

Aucune idée n'appartient à personne, bien que pour croire à une idée, il faut se l'approprier. Est un paradoxe. L'idée doit venir de soi pour être crue même si elle est reçue.

Enoncer l'idée : « le son n'existe pas » est-ce une croyance ? Si l'idée est crue : « oui », mais si elle n'est pas crue : « non ». Ce qui ne signifie pas que l'idée contraire : « le son existe » soit vraie, puisque c'est une idée. Un fait et une idée émise sur ce fait, sont deux choses différentes. Une idée reste une idée, mais la croyance se l'approprie pour transformer une croyance en fait. Le son comme d'autres idées est une idée énoncée qu'enveloppe un fait : ici la « vibration sémantique éduquée » (ou comment le nommer autrement pour l'apprécier autrement).

Nous énonçons et exprimons des idées en permanence. Le procédé de croire les idées est attaché à l'idée même de croire les faits : de considérer le reflet de sa perception éduquée comme vrai à partir d'énoncés émis : la pensée.

Nous savons par notre Histoire que les idées crues créent des intolérances puis des tyrannies : la tyrannie de la croyance d'être convaincu de l'idée crue est une possession. L'esprit possède des idées imaginées et reçues, mais croire est un comportement qui possède l'esprit. Les humains torturent et massacrent au nom des idées crues. Car pour agir il faut être convaincu, que cette conviction soit légitime ou non importe peu à l'action. Le résultat d'une action convaincue par la croyance est toujours une erreur.

Mais les idées servent principalement à résoudre les problèmes que nous rencontrons durant notre existence, voire à les créer; sans plus. Prendre une croyance pour une vérité est un paradoxe, plutôt un non sens. Croyance et vérité ne s'opposent pas : ce sont 2 idées différentes avec 2 fonctions différentes. Une idée n'est pas vraie ou fausse, elle est crue ou pas. Se convaincre de la vérité d'une idée est un procédé étrange qui altère l'existence de ce qui est émis et perçu. Croire à la vérité, ou croire tout court c'est réduire le champ de possible d'une idée : celle de la croire telle quelle. Une idée non crue est une idée en mouvement. Une idée crue est une idée arrêtée. Nous croyons que croire motive à vivre, mais c'est un leurre : on peut vivre sans croire, surtout à des bêtises qui contrarient nos vies.

Une idée reçue, comme l'énoncer l'indique est une idée qui ne vient pas de soi, de son imagination, mais de l'imagination d'un autre et qui est crue par un groupe de personnes qui vivent à travers elle. Je vais choisir une idée provocante (pour être plus convaincant ?) : « les noirs sont sales ». Celles et ceux qui se sont convaincus (de la fausse véridicité) de cette idée vont avoir un comportement forgé par cette idée : à savoir : la culture de la haine, de l'intolérance de la différence que l'on nomme racisme. Le racisme est une idée résultat de la haine entretenue de l'autre expliquée pour justifier la croyance à cette idée. L'idée ici « les noirs sont sales » est un prétexte, une justification déplacée pour entretenir sa haine : son mal-être incompris. C'est un transfert pensant résoudre son mal en s'occupant à autre chose. Nous avons vu ailleurs que l'explication ne révèle rien, ne permet pas de comprendre, mais justifie des faits acceptés. L'explication justifie nos actes qui sans elle, seraient incompréhensibles. L'explication a le rôle, jusqu'à celui cosmogonique de rassurer : « c'est comme ça que ça fonctionne » (et pas autrement) dans le processus (du conditionnement) de l'éducation.

La croyance agit comme un contrepoids à sa propre ignorance. Le fait d'être convaincu permet d'agir comme nous l'avons vu, mais aussi de justifier sa vie dans l'emprise confortable de la croyance : de se déresponsabiliser de sa vie dans la communauté. Une croyance ne se remet pas en question : elle s'obéit. Dans le cas contraire, chacun risque d'être séparé (isolé volontairement : exilé) du groupe social dans lequel on est né. Croire à un « monde meilleur », n'est-ce pas la manière hypocrite de constater que nous vivons dans le « pire des mondes » sans vouloir nous l'avouer ouvertement ? Mais la croyance ne se développe qu'avec l'idée d'un monde futur meilleur, à vivre avec l'espoir de se délivrer du pire. Le pire, non dit, qui est l'enchaînement à la croyance.

Toute croyance est crédible (sinon elle perd sa crédibilité et n'est plus une croyance) : donner du crédit pour acheter la confiance. La confiance se vend (s'échange contre un avantage), elle ne se donne jamais pour rien, dans le monde de la croyance. C'est un contrat tacite entre la communauté qui gouverne les idées crues (acceptées) et l'individu qui les accepte pour être intégré dans la communauté. Un contrat obligé qui commence entre l'enfant et ses parents (gardiens du bon ordre de la communauté).

Une idée crue agit comme un filtre du réel perçu, qui se révèle uniquement dans un contexte déconditionné : une croyance préconçoit de ce qui est perçu comme un a priori. Une proposition perçue conforme à l'image de la communauté. Quand l'idée se place après ce qui est perçu : le fait incroyable a été non perçu. Croire oblige à prévoir (voir avant) c'est-à-dire imaginer ce qui va se passer et ce qui se passe. La croyance est liée à la temporalité linéaire avec un passé et un futur. Vivre dans l'instant ne développe pas la croyance puisque dans l'instant on ne prévoit pas à partir du passé. L'idée du son est émise avant et en même temps que la perception du vibratoire qui justifie son identité connue : le son de l'idée du son de ce qu'il doit communiquer de compréhensible dans la communauté. Le monde des idées crues est un monde distant du monde réel au-delà de la nécessité communautaire : en dehors nous sommes perdus, car il n'y a plus de repaires crus. Nous ne percevons pas des faits, mais nous émettons les idées éduquées des faits perçus. Quand la science affirme sa distance aux croyances pour observer les faits dans le réel et en déduire des lois, elle agit aussi dans la croyance de la vérité. La science qui énonce traquer la vérité du réel est aussi une croyance. La science comme les arts exerce son imagination à résoudre les problèmes comme toute activité humaine. La résolution des problèmes se trouve dans la pratique de l'action qui nécessite de croire pour agir. La croyance est l'expression d'un noeud (d'un cercle vicieux) nécessaire à l'action et à la fois un ciment communautaire pour pouvoir communiquer entre nous et se comprendre. La croyance est intimement liée au savoir, car croire permet de penser. Ici, je crois que la croyance est un frein à la connaissance qui me motive à rédiger ce texte.

Aussi, fonder toute sa vie sur la croyance a quelque chose, peu importe quoi est une étrange décision. Pour l'idée (la raison ?) simple que l'idée de la croyance reste figée, autrement dit l'instauration de la culture de la tradition et de la coutume qui empêche le mouvement des idées. L'idée de croire donne l'idée de vivre et de s'y maintenir. C'est une idée opposée à l'imagination artistique qui explore son milieu et relève les possibilités impossibles de sa communauté en exprimant ses possibles inconnus au-delà dans l'expression de l'art. La croyance des arts est qu'il n'y a pas de vérité à croire : ce qui évite de vivre dans le mensonge réducteur et permet le développement de l'imaginaire dont la science à tort se défend.

La croyance réduit son possible à vivre dont la conviction est le verrou. Le verrou est le tabou. Remettre en question un interdit est inaccepté au risque de perturber le sens même de la communauté humaine qui maintient l'interdit. Un verrou sert à fermer une ouverture. Le verrou a la fonction d'empêcher d'entrer ou de sortir. L'utilisation de l'interdit (verrouillé) montre la confusion entre le manque d'ouverture d'esprit et la protection de soi. Dans l'expression « c'est comme ça », c'est l'affirmation de la conviction à une croyance qui exprime le principe du verrou : de l'interdit pour un autre possible impossible : une fermeture. La croyance cultive la fermeture. Fermer la porte n'a pas plus ou autant de sens que de la laisser ouverte. L'idée de la fermeture a créé l'objet porte. Mais l'idée de la fermeture a-t-elle créé le désir de s'isoler et de s'enfermer ? J'ai un doute. Le verrou se déduit de la porte pour qu'elle ne s'ouvre pas. Ce qui oblige à avoir une clé à ne pas perdre qui occupe l'esprit et le confirme dans sa croyance de la nécessité de la porte au prorata de ce que la porte occupe. Le monde des idées régit le monde des humains et en sont les esclaves.

L'idée de la nécessité de la croyance est cultivée sur l'idée de la nécessité de la « cohésion sociale » qui est l'euphémisme pour l'idée de l'ordre par peur du désordre. L'idée du désordre ne vient pas de la nature : la nature est-elle en désordre ? mais de l'idée de gouverner les autres. L'idée du désordre est nécessaire à l'idée de l'obéissance des gouvernés. Un gouverné qui n'obéit pas n'est plus un gouverné et le gouvernant perd son statut de gouvernant. Pour dévoiler la supercherie de l'idée du désordre à ordonner, il suffit de penser qu'une obéissance pourrait être une entente. Une entente implique le respect de chacun envers tous sans dominants ni dominés tombe sous le sens où chacun puisse vivre sa liberté sans être esclave de croyances. Cet exemple pour montrer la puissance des idées reçues qui gouvernent nos vies.

Nos vies se fondent sur des idées et l'aberration de les croire. La croyance n'a de sens que la fabulation pour l'exercice de la domination.

Ce que l'on nomme valeurs, sont des idées plus favorisées et privilégiées que d'autres. « Croire à des valeurs » signifie réduire son champ de possibles à vivre où les croyances deviennent des lois qui est l'expression de l'interdit. Chacun croit que les principes sont des valeurs à transmettre comme son patrimoine à ses enfants. En fait, les parents éduquent à leurs enfants les croyances de la communauté à laquelle ils appartiennent. C'est le principe du conditionnement : l'inculcation de l'habitude qui ne se discute pas. Croire à des valeurs qui fonctionnent pour sa vie signifie que les idées de l'habitude ont été assimilées. Et une croyance immuable devient un principe qui devient une loi (pour un certain temps, mais long : l'idée de l'ordre a plus de 2500 ans).

L'expérience d'une vie d'un croyant n'a aucune valeur d'expérience, car le croyant répète ce que les idées reçues lui ont dit de faire. Il ne fait aucune découverte de ce que les autres ont déjà fait. La vie d'un croyant est soumise à son obéissance absolue. L'obéissance absolue est la raison de la généralisation et de la culture de la croyance. La conviction convaincue crée des maladies mentales : les phobies. Car les peurs sont l'objet des croyances qui ont la fonction de limiteur pour ne pas s'engager dans le domaine interdit. D'où la culture entretenue de la panique.

Les idées ne sont que des idées. Y appliquer une conviction ressemble à un acte de désespoir. Par peur de ne pas savoir comment vivre ? Quoi faire de soi ? Mais en quoi ne pas savoir pousse au désespoir de se réfugier dans la croyance ? N'oblige pas à croire. L'arrogance de vouloir tout gouverner nous a rendus esclaves des croyances en créant volontairement nos illusions technologiques de pouvoir. Ressemble à vouloir se démontrer notre puissance et masquer nos faiblesses. Quelle puissance, quelle faiblesse ? D'où viennent ces idées de puissance et de faiblesse ? d'un manque de confiance en soi et le reste. Car nos sociétés éduquent à l'incompétence et l'ignorance pour demeurer gouvernable.

L'idée redoutable de l'inconnu qui surgit par surprise, terrorise. Pour moi, il n'y a aucun sens de vouloir figer le monde dans la croyance, qui m'empêche de comprendre le monde, mais plutôt de développer mes facultés tolérantes pour vivre dans le monde. Un monde pas transformé, mais réel : moins perçu par le filtre de la croyance.

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Notes
[1] En développant ce qu’analyse Jean-Pierre Cléro (« Qu'est-ce que l'autorité » Vrin 2007) dans ce que « Descartes suggère [sans doute finement, derrière le masque théologique] à la fin de ses Principes de Philosophie », l’humain (nous) code et décode les phénomènes et ces (et ses) phénomènes sont le miroir de la croyance de la représentation de notre narcissisme qui est le propre de notre réflexion. C’est une proposition saine pour déjouer la croyance. Et elle a une forte tendance à être pratiquée par les philosophes. C’est une approche qui permet de développer une analyse non anthropocentrique de l'existant : ce qui est « en dehors de nous ». Sans cette analyse de l’ « en-dehors de nous », (qui n'a rien à voir avec nous) nous ne pourrions faire évoluer nos connaissances, est une nécessité (dans la tradition aristotélicienne). L'extérieur alimente l'intérieur. L'extérieur réel alimente notre intérieur normé par la croyance. Les filtres de la perception doivent être détectés pour sortir du cercle vicieux. Sans ça, nous tournons en rond dans nos croyances. Mais la conviction non anthropocentrique n’est-elle pas une croyance ? La croyance non anthropocentrique fait usage de la connaissance (scientifique) qui est nécessaire pour déjouer la croyance anthropocentrique : c’est le paradoxe du penseur. Le cauchemar du penseur piégé : nous ne pouvons penser qu'en croyant. Penser sans croire empêche d'agir et penser est une action. Pouvons-nous penser sans croire à ce que nous pensons ? Croire projette ce qui est recherché (avant de l'avoir trouvé). Penser sans croire efface le but de la recherche. ...
[2] Georges Bataille, l'Expérience Intérieure, Gallimard 1943 1954
[3] le même processus s'opère dans les communautés scientifiques et intellectuelles où la croyance n'épargne pas l'intelligence : beaucoup de personnes convaincues défendent leurs idées pour diverses raisons dont celle de se faire remarquer par egoration.
[4] Platon, Théétète, 201c. cité par Roger Pouivet dans « Qu'est-ce croire ? » Vrin 2006
[5] Une belle recommandation d'Edgar Morin : « Il ne faut pas être comme ces croyants qui trouvent ce qu'ils cherchent parce qu'ils ont projeté la réponse qu'ils attendaient » tirée de la page webart clones.html du centrebombe.
[6] Les synonymes de postulat (de postuler : demander. Le postulat précède le noviciat ou une autre manière de dire : l'ignorence précède la croyance autrement dit la vérité) sont : apodicticité, axiome, convention, définition, donnée, évidence, fondement, hypothèse, lemme, postulatum, prémisse, principe, proposition, théorème (proposition démontrable), théorie (ensemble organisé d’idées), vérité.

Lectures
. « L'Art de ne croire en rien » textes du XVIe au XVIIIe siècle rassemblés et préfacés par Raoul Vaneigem (2002, Payot & Rivages)
. Paul-Henri Thiry D'Holbach « Le bon sens » puisé dans la Nature. 1772 (2008, Coda)
. Etienne de la Boetie « Discours de la Servitude Volontaire » 1549 (2003, édition électronique par Yann Forget)
d'autres éditions électroniques sans doute plus complètes existent.
. Mircea Eliade « Histoire des croyances et des idées religieuses » (tome 1 : 1976, tome 2 : 1978, tome 3 : 1983. Payot)
. Ludwig Wittgenstein « De la certitude » 1951.

 

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