approfondissement du postulat : la manifestation de l'inexistant

 

[son ? quels sons sont son ?] quel est ton son ?*

postulat 1 Le son n'existe pas en dehors de notre existant [de nous].
En dehors de notre existant [de nous] il n'y a pas de son,
mais des vibrations.
EXPLICATION 1 Nous transformons une partie des vibrations
                                                                  en sensations sonores.
postulat 2 Le son est une création de notre système auditif.
EXPLICATION 2 Notre système auditif « traduit » les vibrations en sons : en signifiant [1].
EXPLICATION 3 La sensation du son donne un signifiant perceptif à notre environnement.
COMPARATIF 1 Tout comme la couleur ajoute une donnée supplémentaire à notre perception visuelle,
le son se distingue de par sa formation de l'évènement vibratoire qui l'a provoqué.
postulat 2 bis Le son se forme dans notre système auditif.
EXPLICATION 4 Ce qui pénètre nos deux oreilles ne sont pas des sons,
                                                                                mais des vibrations.
postulat 3 Notre « traducteur » [transducteur] du système auditif est cultivé à nous faire comprendre l'état d'une action par le son :
sa sensation.
EXPLICATION 5 Tout événement est identifiable par une sensation sonore distincte.
EXEMPLE 1 Le son d'une avalanche se distingue du son de la pluie (et il existe différentes pluies et avalanches qui se distinguent par différents sons de la même famille). Un événement énorme va se percevoir par un son « grave » (comme l'avalanche). A l'inverse, un événement petit en taille (par rapport à nous humains) comme le vol d'un moustique se perçoit par un son aigu.
postulat 4 Le rôle primitif du son est de signaler.
EXPLICATION 6 Le signe de la représentation « acoustique » du phénomène à identifier.
DERIVE 1 Sans le sens musical, le son ne serait qu'une collection de signes.
CONCLUSION 1 Le son est une sensation psychophysiologique et pas un phénomène qui se rapporte à la physique.
postulat 5 À un son correspondent toujours plusieurs vibrations pour sa formation.
DEMONSTRATION 1 Le système auditif génère lui-même le son de son système. Son degré de finesse d'analyse et d'interprétation des vibrations environnantes dépend de sa propre sonorité.
EXPLICATION 7 Notre système auditif par notre « traducteur » de vibrations en son possède l'identité de son traducteur. Chaque « traducteur » possède sa marge d'interprétation. Cette marge d'interprétation accepte des sons supplémentaires de moindre importance à définir l'évènement à identifier.
GRAPHE 1 évènement - son [graphe] la croix à reconnaître
CONFIRMATION 1

Le son n'est pas un signifié puisqu'il est le signifiant de l'événement à signifier. Le son signale, mais n'explique rien. Il ne peut donc former un langage puisqu'il ne signifie rien. Parler de « langage musical » est un abus de langue pour palier à un manque de définition de la pratique de l'élaboration de la musique. *

CURIOSITE 1 En français : les sons « graves » sont assimilés à la dangerosité et les sons « aigus » sont assimilés à la douleur.
Serait-ce l'explication à ce que le Français ait de la peine à écouter et créer de la musique ? En rires...
CONSEQUENCE 1 Puisque le son n'est pas un phénomène qui se rattache aux sciences physiques, mais à la psychophysiologie, le sens du son ne peut être analysé par l'analyse de ses vibrations correspondantes, mais l'acoustique s'efforce de donner un sens aux vibrations qu'elle nomme sons. Il n'y a plus : physique acoustique pour l'étude du son, mais deux sciences distinctes : l'une analysant le phénomène vibratoire physique et l'autre le résultat psychologique produit par un système physiologique de création auditive. Ce que la physique « acoustique » (physique de l'ouïe) analyse n'est pas le son mais ses vibrations. Le son est la représentation psychique de vibrations et nous ne connaissons pas (encore) le phénomène « entendu ».
postulat 6 Le son entendu n'est pas les vibrations émises. Son et vibration sont deux entités distinctes.
PROBLEME 1 Le phénomène de la perception de la « traduction » ou « transduction » des vibrations, se bloque quand le phénomène vibratoire est inconnu du « traducteur » et dont sa « traduction » en son fait défaut par carence du son signifiant non répertorié correspondant. Que se passe-t-il dans ce cas ? Un son est automatiquement émis, mais il n'est pas identifié par le récepteur psychique comme un son ? En utilisant l'image « traduire » pour expliquer le phénomène de passage entre les vibrations émises et le son reçu, nous nous fourvoyons dans une confusion de sens qui fait référence implicite au langage dont le son est exempt. Nous aurions dû dire qu'il existe plutôt un travail de codage sans « dictionnaire » de vocabulaire possible. Il y a encodage et décodage pour produire le signifiant : son. Le fait de faire appel à des images pour expliquer un phénomène incompris avec carence de vocabulaire tend à la confusion.
IMPLICATION 1 On ne perçoit pas : on crée son image de perception.
EXEMPLE 2 Je n'entends pas un son de clarinette,
mais j'ai identifié la clarinette par le son que je lui ai créé dans la convention culturelle dans laquelle je l'ai appris.
QUESTION 1 Un phénomène vibratoire peut-il être inconnu ?
POSSIBLE 1 Si oui, le codeur de notre système auditif « image » un son inidentifiable et un son inidentifiable n'est pas encore un son puisqu'il n'est pas identifié comme tel ou : le son inidentifiable est assimilé à un autre son identifié et proche du son inidentifiable.
Expérimentation 1 Nous avons expérimenté ce phénomène avec l'identification des intervalles,
mais les intervalles ne sont pas le son, mais une part caractéristique de ceux-ci.
POSSIBLE 2 Il peut exister une oscillation hésitatoire entre deux sons identifiés possibles pour un son inidentifiable
qui de toute manière empêchera une distinction précise du phénomène son non encore identifié.
POSSIBLE 3 Les vibrations n'ont pas besoin d'être identifiées pour être sonorisables : ça « se passe  » tout seul. A moins de ne pas entendre le son des vibrations. Si aucun phénomène nous « touche », il demeure inexistant à notre perception même s'il existe en dehors de nous même (de notre existant).
postulat 7 Tout possible existe.
PROPOSITION 1 L'identification incertaine d'un phénomène vibratoire inidentifiable – qui n'est pas encore un son – est conceptualisé :
où l'inidentifiable est identifiable par son identification même puisque l'identification est conceptualisée :
ce que nous faisons ici même.
QUESTION 2 Le concept est-il suffisant pour identifier l'inexistant par notre existant ?
Comment peut-on traiter avec l'inexistant tant qu'il n'y a pas manifestation possible de celui-ci ?
Il ne demeure que supposable dans le concept de l'inexistant ?
Expérimentation 2 Les accès à ces sons inidentifiables sont malaisés.
Il faut pour cela produire des vibrations en dehors de nos conventions culturelles.
En dehors de l'entendu. Entre l'entendu. En déjouant les attitudes de l'habitude.
Rentrer dans un processus de déculturation et.
Attraper l'adéquation entre un geste musical volontaire et l'inaudibilité du résultat.
RECHERCHE 1 Ce sont ces trous phénoménologiques qui nous intéressent d'explorer et de comprendre.
C'est dans ce sens que nos expériences musicales travaillent avec ces phénomènes vibratoires inidentifiables en sons.
postulat 8 Il est possible qu'il existe des phénomènes inexistants.
Résistance 1

Est-ce notre esprit ou la limite du langage qui nous empêche d'expliquer notre intuition claire concernant les sons inexistants à nous, mais existants par eux-mêmes ? Il existe un certain type de sons qui n'atteignent pas notre conscience. Comment le savons-nous ? Nous ne le savons pas. Nous nous appuyons sur le postulat 8. pour savoir que :
toute imagination est possible et que tout possible existe.

...

LE SON EST LE SENS DONNÉ A LA VIBRATION

La perception et les repaires

La perception (constamment active) participe à émettre des repaires (des repaires contextuels projetés). Sans eux, nous ne pourrions nous rendre compte de rien. La perception émet des repaires dans une perception contextuelle (avec le donné extérieur culturel) de ce qui nous est nécessaire pour (sur)vivre. Nous savons aujourd'hui que le son et la couleur sont des retranscriptions cervicales valorisables liés à nos organes des sens pour « comprendre » et « saisir » notre environnement où l'un s'adapte dans l'autre. On ne perçoit pas, mais on crée le reflet de nos perceptions : le contexte de notre environnement à vivre.

Les repaires sont formés par les idées émises qui constituent notre environnement. Elles s'attachent au perçu. Soit ces idées sont communes (fournis par la communauté) soit elles sont personnelles (imaginées par nous-mêmes), mais toujours entremêlées. Il est même impossible de faire la différence entre une idée personnelle et une idée commune, vu que nous humains avons la même constitution organique et que nous vivons en communauté (comme les fourmis, nous avons besoin des autres pour survivre même si quelques-unes survivent égarées).

Notre recherche musicale est basée sur la perturbation de ces repaires afin de se rendre compte et de comprendre comment notre lien à une réalité (champ perceptif contextué) est mince. Aussi réduire notre anthropomorphisme qui s'attache à toutes représentations extérieures à nous-mêmes. Nous avons une fâcheuse tendance à « humaniser » tout ce qui nous semble abstrait pour le ramener dans le champ de ce que nous connaissons. Notre champ de connaissance se réduit à ce qui est assimilé par le perceptif qui le rend probable : c'est-à-dire pour que l'on puisse agir avec. Au-delà nous ne savons rien. Elargir notre champ de connaissance implique de percer les limites de ce qui nous est donné à percevoir. La musique est un excellent médium pour cela.

...

 

Quel est l'organe des sens de la distinction ?

Le sens des choses n'est pas donné par les choses, mais par les idées que nous associons et qui nous associent à ces choses. Une idée est un élément de la conscience. Ces associations forment ce que nous nommons des informations, des informations de l'état de ce qui nous environne. Un ensemble d'informations forme une connaissance. Une connaissance se vérifie par l'expérience pour devenir un savoir. Le savoir est l'outil nécessaire à notre maturation intellectuelle, celle globale de l'humanité. Les choses provoquent des stimulus [2] grâce à la projection de notre pouvoir de distinction. D'avoir la sensation que les choses sont extérieures, intérieures et différentes de nous-mêmes. Le fait de dire « chose », même rien que de « dire » est déjà la manifestation préalable de la distinction. Avant cela il y a l'éveil de soi, de distinguer pour s'agir. Le pouvoir de distinguer ne peut être qu'antérieur à celui de percevoir, car on ne peut pas percevoir sans avoir distingué, ni distinguer le distingué sans le percevoir au même moment. Nos nerfs sont les transmetteurs électriques à double sens de ces sensations distinguées : avec des messages allez retour permanent. Le pouvoir de la distinction est nécessaire pour se considérer soi sans les autres, ou les autres sans soi dans le développement de l'être social qu'est notre humanité de soi avec les autres. Mais quel est l'organe des sens de la distinction ?

L'identification vient après la distinction. Nous ne pouvons pas identifier avant d'avoir distingué.

...

 

Quoi suis-je ?

Ce qui perçoit, ce n'est pas moi, individu sentant et pensant, mais mon conditionnement socioculturel et psychologique associé au groupe dans la culture duquel j'appartiens où je m'identifie pour qu'il me reconnaisse, savoir que j'existe. Mon corps individuel provoque la prise de perception de certaines choses et pas d'autres, selon mes besoins émis de la communauté éduquée à me reconnaitre pour l'existence même de cette communauté d'individus groupés qui se reconnaissent. Notre disposition physiologique et psychologique individuelle éduque ses « traducteurs » perceptifs à notre environnement cru perçu réel. C'est ainsi que se forme les différentes langues qui ne se comprennent pas entre elles en fonction des objets et des sujets à distinguer, considérés comme besoins communs et toutes autres activités particularisées par une culture particulière d'une société humaine, chacune localisée et focalisée dans une situation propre et différente. Et la musique représente dans chaque culture ses caractéristiques audibles : la projection particulière de sens propre à sa communauté. Audition formée à écouter le sens qui obéit à son conditionnement (l'écoute est une forme de l'obéissance) nous donne à entendre ce qui convient au groupe culturel auquel on appartient.

L'uniformisation des cultures de la planète en une seule ne permet pas d'avoir différents accès à une réalité qui nous échappe en permanence, réalité qui s'accommode de nos « erreurs » de diagnostics et d'actions. C'est le paradoxe du réel impensable qui ne disparait pas.

Notre société occidentale férue de technologie favorise la vue en la multiplication des écrans qui bouchent la vue (la fonction d'un écran est de protéger d'un excès : de chaleur, de lumière, de vent, d'explosions, etc.). À la fois, l'éducation de la vision favorise l'illusion d'un environnement artificiel tout en cultivant la subtilité de perception de l'organe le plus éloigné de la réalité : la vue [3].

L'inconnu, on ne le perçoit pas, mais il reste la seule réalité commune à l'humanité de notre imperception pensable.

...

 

Notes
[1] signifiant/signifié : dualité issue des recherches linguistiques initiées par Ferdinand de Saussure vers 1910. signifiant/signifié permet de comprendre qu'un mot, une phrase ; est composé d'une forme : le signifiant et d'un sens : le signifié. La musique à la différence de la langue n'a pas d'inventaire sonore immuable : un lexique (dictionnaire) : une collection de définitions fixées : permettant de saisir, de dé-signer une idée des objets connus : définis. L'immuable permet de comprendre le sens (quasi)statique d'un terme formant un ensemble : défini ; d'être repérable par sa définition. Le signifiant sonne, il est l'aspect formel du signifié dans la langue. Un signifiant sans signifié (absent du dictionnaire) ne veut rien dire : il appelle d'autres sens de l'entendement et de la sensation. Il n'y a pas de lien défini et immuable entre un son et le sens de son objet en dehors de la langue. La musique n'est pas un langage parce qu'elle ne signifie rien, elle n'a pas de termes à signifier. La musique n'a pas de code immuable pour comprendre le sens d'un objet, n'a pas de langage de programmation : ce n'est pas son rôle : au contraire : elle noie tout signifié possible dans une forme sensible, la musique se sense par le sensible, un détecteur de formes qui palpe dans les interstices de l'innommable, de l'indicible ; obligatoirement.

référence de la note
Émile Benveniste : « la forme et le sens dans la langue » (in Problèmes de linguistique générale, tome 2 (ed. Gallimard 1974)

[2] Élément de la distinction suffisamment présent pour activer nos projecteurs sensoriels et produire une réaction comportementale.
[3] les couleurs sont une création physiologique de notre perception qui n'existent pas dans le réel en dehors de notre perception visuelle.

 

suite

re tour à la table des matières

pour sonner comme ça ?

postulat pour comprendre le phénomène sonique