Liberté ?

 

La raison essentielle de l'existence de la musique

 

Partons de ce que le compositeur américain Tom Johnson devenu parisien écrivait en 1980 sur la liberté et la musique. Un article modeste comme il aime à préciser, mais sur une quête qui l'est beaucoup moins : The Quest-for-Freedom Theory [= Théorie de la quête-de-la-liberté]. Un article qui en 9 paragraphes pose 12 questions à propos des libertés dans le monde de la musique.
[ici son texte anglais et traduit .txt]
*

Dans l'effet, chaque artiste ou groupe d'artiste ou tendance artistique possède sa propre vision ? signification de la liberté. Mais cette vision propre est due sue crue uniquement par un manque de compréhension en profondeur de ce que la liberté signifie pour la création musicale :

Sans liberté, aucune musique ni oeuvre d'art ne peut être créée.

Ça, c'est le constat qu'il ne sert à rien de discuter, puisque c'est le fait du faire de la réalité humaine qui tel un axiome donne existence à l'art et à la musique. Pour le comprendre, il suffit de renverser (pas inverser) le sens dans le miroir : si la liberté n'existait pas, l'art et la musique n'existeraient pas = si la liberté existe, l'art et la musique existent. Dans l'autre sens opposé, faire ou oeuvrer sans liberté ; qu'est-ce que ça donne ?

Sans liberté, on imite = on ne peut que faire des copies de copies.
Avec liberté, on crée = on peut faire des différences, et des copies aussi et entre, des variantes.

Retirer la liberté de créer à un artiste est impossible.
Ce qui n'empêche pas les tentatives politiques et religieuses d'essayer. Même emprisonné, torturé, affamé et humilié, un artiste trouvera toujours la liberté de créer. Même tué pour l'empêcher de créer valorisera son oeuvre au regard des autres. Et détruire son oeuvre provoquera une renaissance ailleurs. Toutes les politiques de répression de la liberté artistique n'ont jamais fonctionné ; même la dernière, bien que dissimulée derrière la fausse charité (de la subvention conditionnelle de la politique culturelle) celle qui dure censeure depuis 1981 (officiellement, officieusement commencée en 1969) n'a pas réussi à annihiler la création artistique originale de l'humanité occidentale, au contraire, l'a renforcé. Même si la création originale n'apparaît plus dans l'espace public depuis 4 décennies que par accident ou incompétence ou trahison des « gardiens des temples » (salles de spectacle et festivals) tenus par les politiciens et leurs copains occupés à asservir le monde. La guerre politique contre les arts est une guerre perdue d'avance.

 

La liberté a la faculté essentielle d'empêcher son absence.
Une vie sans liberté meurt. Car
La copie de la copie épuise et s'épuise.
Toute vie libre se diversifie.
Toute créature périt/disparaît à force de répétition du même par épuisement.
Toute dégénérescence se réalise par la répétition du même, sans renouvellement.
La raison est simple :
Imiter empêche de choisir.
Mais vouloir reproduire le même est un choix.
Contre celui de se donner le choix de pouvoir choisir.
Imiter et copier interdisent de vivre d'abondance de différences.
Des milliards de mêmes ne forment pas une abondance, mais un dépérissement par uniformisation.

 

L’intervalle/la distance entre soumission/obéissance à répéter le même et la liberté qui différencie
est l'espace à l'intérieur duquel artistes et anti-artistes = politiciens/religieux/capitaliseurs se querellent et se tiraillent.
L'ordre politique de l'obéissance de l'assimilarité contre l'oeuvre d'art des différenciations.
Autrement dit, la peur et la frustration gouvernant la politique contre la sagesse et l'épanouissement gouvernant l'art et la musique.

Mais.
Aux extrêmes :
D'un côté
Une similarité absolue empêcherait l'identification par la différenciation, même minime.
De l'autre côté
Des différences absolues empêcheraient la mémoire de fonctionner.

 

Les différences ont besoin de la similarité pour exister.
La similarité a besoin des différences pour exister.
C'est une nécessité perceptive qui autrement modifierait en profondeur notre conscience de la vie.
Les opposés existent pour s'équilibrer.
Pas pour se chamailler.

[la chamaillerie est provoquée par la croyance]
[un guerrier pour tuer et violer doit être croyant]
[sans croyance pas de guerre possible]
[toute politique n'existe que par la croyance]
[la domestication n'existe que par abus de croyance]
[sans croyance, la vie abdiquée n'existe pas]

 

La volonté de suppression de l'art original et de la musique originale du monde public par l'institution politique économique religieuse, ou la réduction drastique de l'audibilité et de la visibilité des différences (qui font les oeuvres d'art originales et uniques), du monde public, provoque plusieurs conséquences, amalgamées dans le comportement public des individus, qui se similarisent d'êtres humains en êtres humains par épidémie :

Augmentation : de l'ignorance, de l'incompétence (ou la réduction de l'intelligence). Réduction : de la tolérance. Augmentation : de l'agression. Réduction de la représentation réelle du monde. contre. Augmentation de la représentation faussée du monde. Ça, augmente l'ignorance retenue par la croyance qui s'interpose contre la faculté de savoir, poser des questions qui amènent les réponses nécessaires à résoudre un problème rencontré à résoudre. Ça, augmente la dépendance qui en cas de souci ne sait qu'appeler à l'aide au secours pour être sauvé par les services de secours, etc.
Autrement dit, la volonté de soumission fausse tous les rapports de l'existence. Et, augmente la souffrance des liens rompus.
Pourquoi alors vouloir vivre sa vie parmi des rapports faussés qui forcément font souffrir le croyant ?
C'est le paradoxe de la domestication qui est le paradoxe de l'esclavage.

 

Tous les compositeurs de talent (après la musique chorale grégorienne au VIIIe siècle, avant, on ne sait pas, bien que la musique existe depuis + de 30 000 ans pour avoir daté des flûtes en os et des lithophones déterrés) sont tous désobéissants. Artiste désobéissant est un pléonasme. Un artiste obéissant n'est plus un artiste, mais un artisan. L'artisan reproduit. L'artiste invente.

Le premier dogme à désobéir pour sonner une musique différente est la théorie musicale (avant la notation). La théorie musicale pose à l'instrument de musique ses modulateurs (exemple, la disposition des trous des instruments à vent ou des frettes des instruments à cordes). La théorie musicale classique se rapproche + de la doctrine, ou pire, suivant les contextes de son enseignement du dogmatisme que d'une « proposition de champs matriciels à pouvoir créer ses propres liens ». Théorie qui depuis la théorie musicale des champs scalaires nonoctaviants est redevenue au XXe siècle une vraie théorie = un champ matriciel pour que les compositeurs puissent créer leurs propres liens. Mais la nouvelle théorie est ignorée des écoles de musique et des universités depuis + de 40 ans. Preuve de fermeture d'esprit des lieux de savoir au renouvellement à l'évolution de la musique, preuve de dégénérescence qui recopie des copies.

Ce refus de renouvellement et d'évolution, spécifiquement pour l'art et la musique, ressemble à une pathologie gouvernée par la peur. Cette peur de l'inconnu dont on parlait supra. Les artistes ici ont été expulsés des écoles et des universités et du domaine public pour être remplacés par des prétendus artistes. Le faux artiste ne se distingue pas publiquement du vrai, par recopier les oeuvres passées labélisées de création originale (sic). On a déjà parlé de cette déferlante amateure soutenue par « la politique culturelle » (= stratégie supplémentaire d'assauts pour éradiquer la liberté des véritables artistes) qui a employé en masse les gens désoeuvrés (entre autres par la politique du chômage de masse et de la subvention) à se croire artiste pour envahir les lieux publics pour expulser les oeuvres des vrais artistes.

Un tel projet d'éradication de la liberté à expulser l'art et de la musique des sociétés exige un travail de mise en place monumental. Dont le monument doit être dissimulé aux yeux de tous ; pour, en cas de renversement, pouvoir tout nier = pour pouvoir s'innocenter (et se victimiser) du dessein malfaisant à travailler sans relâche à la dégénérescence de nos sociétés.

...

 

posNotes

Rappelons l'histoire du sens/raison de vivre libre.
En résumant ce qu'on a dit au chapitre « Homo Liber ? ou Homo Frei ? » :

Le latin « Liber » désigne un statut social, celui de ne pas faire partie de la classe des esclaves. Le germanique « Frei » désigne (par l'influence des Celtes) les amis : frei donne friend. La liberté de free est intimement liée à l'amitié, à l'attachement (sic). Free sert à générer l'affectivité entre les êtres humains. Free a pour racine Ami. D'autre part, le sens homérique de « liber » désigne : être sans maladie = être en bonne santé = ne pas être dominé par la maladie. C'est le sens repris par freedom = libre de la domination (= libre du danger = être en sécurité -entouré d'amis-). « Liber » est introduit en anglais par le mot « liberty » pour signifier un statut politique (sic). Lequel ? La liberté d'avoir choisi de vivre esclave ? « Liber » est repris pour se développer avec le mot « libéral » et « libéralisme » pour signifier l'institution du droit commercial (sic) celui du « monopole et de la concurrence sans régulation » = sans arbitre. Où règne le libre arbitre commercial. Le libre arbitre n'est pas la liberté (de tous) mais celle du juge (l'arbitre) qui détient le pouvoir de juger pour condamner celles et ceux désignés coupables de désobéissance aux lois imposées. Le libre arbitre compris à l'envers fait que le jeu dominants/dominés, bien qu'injuste, continu à être joué par les joueurs. « Liberalism » signifie être libre de faire la guerre (commerciale qui provoque les guerres armées des massacres et l'hostilité générale). Jusqu'à développer le sens de « libertarian » pour signifier son indépendance et sa souveraineté territoriale dans la « libre-entreprise » pour ruiner les autres. Le libertarianisme est une branche extrême du libéralisme et du néolibéralisme qui prend racine dans un territoire. Cru à l'opposé : le libertaire exprime aussi une contradiction (comme le libertarien) : la liberté individuelle comme statut social (sic) ; qui revient à vouloir vivre libre dans un Empire où l'Ordre et l'Obéissance fondent la raison de l'existence de la souveraineté impériale de la société ; qui sans elle disparaît. Toutes ses contraditions du sens de la liberté montrent que chacun prend la liberté qui l'arrange. « La liberté de son profit » est un abus de langage ou une formule de persuasion. Liberté faussée par le droit et les lois. Justifications explicatives qui relèvent + de la rhétorique (pour con-vaincre) que de la philosophie (pour comprendre). Mais les mots « libre » et « libération » ont changé de sens à la fin de la 2de guerre mondiale ; ou, ont révélé le sens essentiel de leur signification, influencé par les artistes, poètes et compositeurs, créateurs. L'oppression de cette guerre (+ que toutes les autres) a provoqué l'émergence du sens profond attaché au mot « liberté ». Et le mot « libre » a renforcé son sens, par la libération sexuelle, avec celle des arts. Les arts et la musique à ne plus servir de décoration au pouvoir politique, mais à remettre en question le sens de la vie pour s'épanouir d'intelligence et de sensibilité. Et, se libérer de la terreur des politiciens capables d'anéantir toute vie sur Terre.

Le mot « liberté » a approfondi son sens à la fin de la 2de guerre mondiale
illustré par l'explosion spectaculaire de la bombe atomique
devenue le symbole de l'annihilation de toute vie sur Terre
La liberté est devenue une urgence contre l'anéantissement de la vie

Ad Libitum ?

Notons qu'Ad Libitum participe substantivé de « libere » de « Libet ». D'abord « lubere » de « lubet » = avoir envie de, qui donne en français : lubie (sic). « Libet » exprime le désir dérivé en « libido » pour exprimer le désir sexuel. À l'inverse « libet » avec « quo libet » donne : quolibet = d'abord un débat en disputation qui se transforme en raillerie pour humilier celui qui reçoit la plaisanterie (de mauvais goût). Si l'expression latine est restée dans l'usage, c'est par la musique. Quand le compositeur inscrit sur sa partition « Ad libitum », ça signifie : « jouez librement ce qui est inscrit ». Autrement dit : improvisez ! L'abrégé « ad lib » avec ses dérivés : recitativo, sanza misura, sanza tempo, a suo arbitrio, a piacere, a capricioso, a piacimento, a bene placito, rubato, etc., jusqu'à l'impromptu avec toutes les autres dérivées compositionelles d'écritures qui existent de l'improvisation est une intention qui se perpétue, en parallèle, depuis le début de l'écriture stricte (= ordre à exécuter exactement). La réalité musicale est que toutes les formes figées de la musique furent d'abord des improvisations. Histoire d'assouplir la rigueur tendue des ignorants, histoire de donner à sourire, puis à rire, à l'excès de sérieux en tension pour obtenir une autorité indue (ou pour qu'il n'éclate pas en colère dévastatrice ?) attitude qui tarit l'imaginaire compositionnel de la musique (ou la rend sans goût).

 

 

Voici les 12 questions [le chiffre renvoie au paragraphe], ici condensées, que Tom pose en 1980 sur la musique et la liberté :

 

développés et approfondies en 2023

 

1. Les artistes du XXe siècle ont accéléré et intensifié les moyens de libération de la musique, audible dans leurs oeuvres.

Ce n'est pas une question, mais on peut se demander pourquoi ? Qu'à ce moment, et tant. Puis en sens inverse, on peut se demander pourquoi les politiciens s'évertuent à tuer cette explosion de démarches de richesses musicales et artistiques ?

 

2. La musique savante au XXe siècle nommée contemporaine se libère de la tyrannie de la notation musicale quantitative classique pour s'épanouir dans l'invention graphique. Pas tous ses compositeurs. Le jazz se libère des formes dansantes exigées depuis le dixieland pour porter un label indélébile : « le free jazz » initié par John Coltrane, Ornette Coleman et Albert Ayler.

Ce n'est pas non plus une question, mais le constat de 2 tyrannies différentes pour des musiques genrées par leur fonction imposée, dont l'une dite savante doit se soumettre à l'écriture quantifiée et mesurée pour que l'exécutant puisse faire entendre l'exactitude de l'écrit ; et l'autre dite de divertissement doit se soumettre à divertir = à faire oublier la vie pénible des esclaves = doit réjouir par diversion une musique dansante à s'enivrer.

 

3. Les États-Unis qui se targue « terre de liberté » voit « le goût de la masse dans ce pays qui continue à vouloir entendre des chanteurs qui chantent de la même manière chaque soir le même répertoire » et leur intolérance d'année en année devient de + en + autoritaire. Par contre en Europe occidentale où règne « un plus grand respect pour la tradition », la musique libérée de la tradition est pratiquée par de très nombreux musiciens.

Cette différence doit-elle être intégrée dans la théorie de la-quête-pour-la-liberté ? Cette distinction n'est plus aussi évidente aujourd'hui 41 ans après, puisque tous les pays du monde sont infectés par la médiocratie ou la peur de la différence qui est expulsée dans des espaces infréquentés. La haine de l'art et de la musique pour l'amour de la publicité. Celle qui signale aux consommateurs que rien n'a changé : « c'est le même coca que celui de ton enfance » (sic).

 

4. En dépit de l'improvisation générale dans toutes les musiques du monde, les musiciens de free-jazz américains et européens ont dépassé « tout ce qui peut se clamer être de la musique libre ». En même temps, le public occidental reste enfermé dans le format du concert classique. Ailleurs, un concert offre beaucoup plus d'options de comportement public que dans une salle de concert occidentale.

Où est donc la plus grande expression de la liberté ? Du côté des musiciens ou du côté du public ? Une comparaison des comportements d'ici et d'ailleurs devrait comme les équations différentielles relever une mesure fréquentielle des variations de comportements, mais à quoi ça servirait ? Nous savons que les mélomanes occidentaux qui appréciaient la musique vivante ont depuis les années 80 du XXe siècle disparu des salles de concert. Ce qui par leur absence a décidé les directeurs de salles de concert à fermer leur porte aux compositeurs de musique vivante inventive.

Aussi, dans une salle de spectacle construite avec une scène frontale avec un public enfauteuillé dans l'ombre, il n'y a pas beaucoup de variation comportementale possible. Que s'extraire de son fauteuil ? qui ferait râler les autres spectateurs « assis ! assis ! » et ferait apparaître les vigiles videurs pour se faire expulser de la salle. En occident, il n'existe pas de lieu libre, ni d'espace de liberté. L'espace public est un espace privé gardé par la police. Donc tout comportement public dans l'espace public est un comportement conditionné. Telle la politesse qui est le comportement factice des hypocrites.

Le public en Occident n'est pas libre de ses choix d'aimer ou de détester telle oeuvre. Son opinion est fabriquée par les médias et tout consommateur se soumet à cette opinion médiatique pour ne pas se différencier des autres. La raison ? Ne pas être la cible du châtiment de la punition. Sachant que la sanction frappe au hasard les individus qui se distinguent des autres, cet excès de soumission à l'obéissance publique ne peut qu'exaspérer les artistes.

Pour tout rééquilibre, un excès est rééquilibré par un excès inverse ; une modération avec une modération inverse. L'ultra-liberté inouïe des musiciens américains et européens montre que les sociétés occidentales vivent une dictature absolutiste enrobée de douceurs (pour nier son existence).

 

5. L'improvisation est-elle un style dans lequel un musicien peut s'enfermer ? De quel genre de liberté alors s'agit-il ?

À ne plus pouvoir ou vouloir jouer autre chose ? À se répéter, pour quoi ? pour sa renommée ou sa notoriété ou sa réputation ? mais qui enferment l'artiste au-delà du style, dans un maniérisme ? Maniérisme à répétitions qui devient un signal de reconnaissance publicitaire et s'éloigne de la musique. Est-ce de la musique ? Non.

La raison de l'existence de la musique est de retirer au son sa fonction de signaler. Remettre l'alarme. Reposer l'alerte. Retirer la musique du son. Ne plus vivre la musique sa garde apaisée. Vivre en permanence sur ses gardes. Refaire de la musique un signal est la volonté politique d'inquiéter, d'affoler, de terroriser. Les alarmes servent à ça. Un environnement d'alarmes renforce la terreur. Une personne terrorisée est une personne qui se gouverne sans effort.

Écouter la musique en état d'alerte est une expérience extrêmement éprouvante. Surtout si cette musique déborde les cadres de la simplicité exigée pour rassurer les foules en panique permanente. Les réactions de ces auditrices et auditeurs sous pression reçoivent la musique comme une torture qui dépasse l'extrémité de leur tolérance. La réaction d'agression est soudaine et exorbitée, violente et douloureuse.

De quelle improvisation parle-t-on ? De quel style parle-t-on ? De quel musicien parle-t-on ? De Derek Bailey. Musicien anglais du monde du jazz, l'improvisation musicale anglaise a été ressentie être une nécessité compositionnelle indispensable défendue par de nombreux artistes tel Cornelius Cardew qui s'efforça de redonner un visage humain à la musique qui redevenait tyrannique à exiger l'exécution parfaite des valeurs quantifiées inscrites en grand nombre sur le papier. Cardew renonça sa partition Treatise qu'il considéra être une erreur. Dans l'effet Treatise demandait la subordination du musicien à jouer à suivre la ligne : une dictature. Derek Bailey passionné d'improvisation a écrit un livre de 140 pages en 1992 titré : Improvisation. Au chapitre Audience, il dit textuellement : « Improvisation's responsiveness to its environment puts the performance in a position to be directly influenced by the audience » [La réponse publique à l'improvisation fait que chaque concert est influencé directement par le public de la salle]. Si le public ne change pas, la musique est la même ? Non, et oui. Les mêmes admirateurs sont ici et là. Courent la rareté des concerts. L'influence intercommunicative dépend de la volonté du compositeur-musicien de communiquer franchement avec son public ou pas. Il m'est arrivé que le public d'une prison refuse cet échange, à la fin du concert, j'ai été évacué par brancard. Si les admirateurs ne reconnaissent pas la musique, y a-t-il obligatoirement déception ? Tout est dans la manière de se présenter. Par peur de perdre leur public certains musiciens jouent la même partition légèrement variée durant toute leur carrière ? Ça signifie que la musique c'est fait bouffer par le commerce pour être transformée en marchandise monnayable. Donc, ce n'est pas de la musique.

Les détournements politiques économiques et religieux de la musique sont permanents dans l'histoire à commencer par le chant grégorien qui est une commande politique du grand Charles [pour uniformiser le latin dans son empire]. L'adaptation est une affaire d'intelligence musicale à accorder la musique créée avec son contexte souvent inattendu avec lequel il faut s'entendre, sinon, ce n'est plus de la musique mais de la guerre.

 

6. La liberté est liée intimement à l'improvisation. Mais improviser avec son instrument ou improviser avec l'écriture musicale ne donne pas les mêmes résultats. L'improvisation instrumentale tombe facilement dans des clichés, alors qu'improviser l'écriture d'une partition à jouer donne presque toujours des résultats inattendus.

On peut dire que l'improvisation instrumentale est un exercice de liberté, tandis que les partitions graphiques (non-quantifiées) encouragent les musiciens à se libérer de l'exécution (mécanique). Sont-elles 2 libertés différentes ? Non. La liberté est unique, les approches sont multiples.

 

6'. Quelle est l'implication polique/religieuse/économique de la liberté : de vouloir pouvoir savoir vivre libre ?

Leur disparition.

 

6''. Comment s'évaluent la qualité et la quantité de liberté qui résulte de la musique ?

Quantifier la liberté n'a de sens que de la renverser. Et montre qu'on n'a rien compris. Qualifier la liberté, c'est la désigner. C'est savoir qu'elle existe tout en sachant l'apprécier pour savoir comment vouloir la vivre. Il y a différentes manières de vivre la liberté. Et c'est ça qui fait de la liberté être tant attractive au contraire d'une dictature d'une ligne de conduite similaire à vivre pour tous.

 

7. De laquelle des 2 démarches est la + libre que l'autre : 1. musique variée avec conventions harmoniques qui se croit libre (ex. Keith Jarrett), ou 2. musique à variation limitée aux excentricités harmoniques (ex. Phil Niblock). Quelle est des 2 musiques, la + libre ?

Pareil. La liberté ne se mesure pas. Chacun des 2 musiciens s'est posé un cadre qu'il ne déborde pas. Tel un jeu auquel on ne triche pas. Rappelons que le tricheur ne détruit pas le jeu mais le renforce nous dit Roger Caillois. Le jeu est détruit par ceux qui refusent de jouer. Et encore, il y en a toujours qui peuvent jouer. La musique-jeu est la relève de la musique indéterminée des oeuvres ouvertes du XXe siècle qui la développe et l'enrichit.

Ces musiciens improvisateurs jouent à l'intérieur de cadres, chacun le sien, que leur milieu respectif cultive. Et ils ne se produisent que dans leur milieu respectif. Ça ne se mélange pas. À chaque chapelle son cadre. Hermétique. Comme à chaque civilisation son encadrement par ses murailles et ses lois. En ville, on est encadré par l'urbanisme et la police. Pareil pour les classes sociales. Dans ce pays (qui n'aime pas trop la musique) chaque classe sociale se sert d'un style musical comme porte-drapeau de son idéologie politique. Le jazz des socialistes (sans le free jazz), la musique classique de la droite bourgeoise, aux extrêmes des musiques extrêmes. Le rock (et l'électro) pour la jeunesse rebelle. La chanson pour la jeunesse obéissante. La musique « artistique » (art music) des compositeurs vivants n'existe pas politiquement et donc économiquement et donc spirituellement pour l'institution religieuse. La séparation de la (grande) musique et de la religion s'est faite au XVIIIe siècle. Aucun compositeur n'est croyant (avec une exception ? Olivier Messiaen aspire + à un accomplissement spirituel qu'à croire des dogmes). Dieter Schnebel, pasteur, avec ses Malwerke (Oeuvres de gueule) dont Atemzüge [souffle], n'a pas été défroqué. Pour dire le peu d'attention que l'Église porte à la musique.

 

8. Pour Giacinto Scelci, les décisions musicales spontanées ne sont : 1. que des « réactions » stimulées par les habitudes [des conventions] et 2. des idiosyncrasies [= réactions personnelles] de musicien [à se répéter lui-même]. La planification du compositeur évite d'entendre des réactions conventionnelles et des idiosyncrasies. La planification graphique du compositeur empêche le retour des stéréotypes et des clichés des musiciens improvisant [mais improvisant quoi ?]. Quelle est alors cette liberté qui utilise la planification ? Qui n'est pas une improvisation [vraiment ?] et est a priori est une contradiction ?

La remarque de Giacinto Scelci à propos de l'improvisation est confirmée par ce que Vinko Globokar a publié dans sa méthode d'improvisation titrée : Réagir... en 1969 [lisible ici]. Mais Vinko ne sait pas que réagir est une action provoquée et attendue par éducation, dressage ou conditionnement. Réagir est le réflexe éduqué attendu de toute autorité (du parent au directeur, du professeur au policier). Il n'y a rien d'original, ni de personnel, à réagir que se faire agir : donc à ne pas être libre de ses mouvements. Nietzsche l'a suffisamment développé pour que Deleuze en fasse un tableau [reproduit ici] qui illumine d'évidence et qui termine la discussion du problème résolu. Pourtant, peu de musiciens le savent. Les différences entre agir, réagir et interagir sont assimilarisées. Réagir témoigne de sa soumission.

Dans l'impro ? Ça réagit à tire-larigot. Est-ce par paresse cérébrale des manuels ? Ou est-ce par paresse manuelle des cérébraux ? Le « sound painting » (sic), par exemple, relève de la même base réactionnaire : à formaliser l'improvisation avec des gestes stéréotypés à répéter et, croire que ça, c'est de l'improvisation, alors que la méthode oblige à entendre encore une fois les mêmes figures réentendues.

La leçon du free-jazz n'a-t-elle pas suffi ? Il semble que non. Situation qui me pousse à braquer le projecteur sur un musicien-compositeur, pape du free-jazz qui se mêle à la musique contemporaine, démarche rare pour être soulignée, car les genres comme les classes sociales ne se mélangent pas. Et s'il y a mélange en transgenres, il est rejeté avec violence. Je veux parler d'Antony Braxton. Comment s'en sort-il ? Ou comment se sort-il de son style ? Comme les autres, il ne s'en sort pas **. Son comportement musical persévérant ne change pas depuis le début de sa carrière et dans sa technique instrumentale et dans son écriture. Ses musiques se différencient-elles ? par être jouées dans différents contextes qui pourraient différencier ses + de 300 compositions ? Sa dictature l'en empêche. Aussi Anthony ne donne pas accès facilement à son travail musical pour pouvoir l'analyser en profondeur.

On pourrait évaluer la capacité de différenciation des oeuvres de compositeurs. Entre ceux qui répètent la même recette et ceux qui inventent à chaque musique une recette différente. L'une se rapproche de la facilité et l'autre de la soif d'inventer. Qu'est-ce que la liberté vient faire dans l'affaire ? L'invention matérialise les inconnus crus impossibles. La répétition se contente du peu de connu. Est-ce en rapport avec l'ambition exacerbée ? Ou la modestie apaisante ? Qui peut agacer. Non, excitation ou apaisement ne sont pas tributaires de la liberté. ***

 

9. Combien y a-t-il de types de liberté musicale ?

+ précisément, combien existe-t-il d'interprétations musicales de la liberté ? Mais à quoi ça sert de savoir combien ? Ne suffit-il pas de savoir que la liberté [que tout être humain comprend sans pouvoir l'expliquer] s'interprète différemment suivant les contextes où elle apparaît nécessaire ? [Si la liberté apparaît, c'est qu'elle est nécessaire.] Ou autant penser que : les aspects de la liberté sont infinis. À poser la question combien ramène à la question du prix et du coût quantifiable, la quantité mesurée que la musique libre évite.

Ça arrêtera de se poser des questions idiotes ?

Quantifier (mesurer > modernité > science) s'oppose à qualifier (évaluer > avoir une idée > art). Quantifier simplifie l'infini. Qualifier valorise/favorise des approximations dans l'infini. L'une réduit les nombres, l'autre considère l'indénombrable. L'une simplifie la réalité, l'autre joue l'abondance de sa complexité.

INTERprete & perFORMER

Dans interprète, il y a entre et prêter (tenir un temps par disponibilité), il y a aussi le prix. Le prêt du prix de l'intermédiaire chargé de l'affaire qui commente et traduit (le cours du change avec commission). C'est un terme d'abord de commerce. Puis avec Ronsard, l'interprète est celui qui explique et transmet. Avec Montaigne, l'interprète est celui qui fait connaître ce qui est caché (incompris). Au XVIe siècle il devient synonyme de traducteur (d'une langue à l'autre). Reste sa valeur d'intermédiaire « qui a la responsabilité de faire connaître les intentions de quelqu'un » à d'autres. Ce n'est qu'au XIXe siècle qu'interprète désigne les comédiens et les musiciens. Le mot anglais « performer » se compose de par- et de former : qui donne forme et le sens étymologique « to carry through in due form » [= achever dans les formes]. Phonétiquement « parformer » s'altère en « parfournir » pour signifier accomplir entièrement, achever complètement. Performer signifie porter quelque chose jusqu'à sa complétude. Avec l'idée de perfection achevée.

 

9'. Pourquoi tant de musiciens ressentent si intensément la nécessité de leur quête de la liberté ?

On peut répondre très facilement : parce qu'ils et elles sont en manque. Ou. Parce que la musique est en manque de liberté.

 

9''. Peut-on expliquer la musique du XXe siècle avec la théorie de la Quête-pour-la-Liberté ?

Quelle musique du XXe siècle ? Celle savante des compositeurs pionniers et inventeurs qui est complètement ignorée des jeunes générations du XXIe siècle ? Celle commercialisée à outrance qui se retrouve recommercialisée à outrance au XXIe siècle au point de supprimer la musique des nouvelles générations. La jeunesse du XXIe siècle écoute les chansons des chanteurs morts avant leur naissance. À travers les oreillettes de leur téléphone. Au XXIe siècle, 2 générations n'ont pas eu leur musique. Celle des années 2000 et celle des années 10, là, on entame celle des années 20 et la 3e génération n'a toujours pas sa musique. Ce qui revient à constater que l'état d'esprit de la jeunesse a été annihilé.

En Europe et aux États-Unis 2 camps distincts se sont formés à partir de la fin des années 70 : le clan fermé des classiques et le clan ouvert « des continuateurs de la musique libre ». À Paris à l'IRCAM, Boulez s'est rallié au 1er clan, en favorisant les jeunes compositeurs continuateurs de la tradition classique post-sérielle et en ignorant/expulsant les autres. En Allemagne, la nouvelle musique classique renommée « nouvelle simplicité » (sic) témoigne du rejet de l'état d'esprit de l'avant-garde, mais surtout de l'exploration musicale qui oeuvre à des compositions musicales originales. La réaction des compositeurs anglais à réintroduire la sensation de la mélodie tonale ont été regroupé sous le label « post-moderne ».

Le monde de la musique classique est financé par la bourgeoisie : c'est un gros marché qui dure. Concerts, éditeurs, écoles, orchestres, disques. Le monde de la musique exploratoire a été expulsé du monde de « la musique contemporaine » et de l'industrie du disque pour se retrouver marginalisé dans les arrières salles de lieux clandestins. Ça a mis à peine 10 ans pour réaliser cette discrimination expulsive. Pareil pour le free jazz. À partir des années 80, tous les festivals de jazz censurent le free jazz, et ceux qui ne le font pas se retrouvent avec des salles vides [véridique]. Cette expérience a été reçue comme une claque douloureuse par les musiciens valorisant la liberté dans la musique.

Aujourd'hui, années 20 du XXIe siècle, après + de 40 années de résistance, la musique libre exploratoire et inventive est perçue par la jeunesse être une erreur (sic). Ça ? Ce n'est pas de la musique ! Le renversement des avant-gardes en parias inoffensifs a servi à conditionner une jeunesse qui vit gouvernée par la haine [qu'elle ne s'explique pas] est une disposition pratique pour se battre les uns les autres. Il est remarquable comment en 2 générations l'espèce humaine a pu dégrader son intelligence pour favoriser et amplifier la souffrance et la violence. Le paysage musical aujourd'hui est dominé par des compositeurs qui copient et pillent ce que les compositeurs classiques et romantiques ont écrit 200 ans auparavant.

Après 1980,
s'est officialisés
les 1ers assauts politiques contre la Quête-pour-la-Liberté [des arts et de la musique].
Permanents jusqu'en 2020. Où la guerre virale a pris le relais.

L'avantage du rejet de la musique libre exploratoire du monde de la musique contemporaine a favorisé les croisements entre genres ailleurs hermétiques. Le monde clandestinisé n'a aucun besoin de se séparer ni de se diviser. Au contraire, c'est un monde restreint où les différences s'apprécient pour en créer d'autres. Alors que la musique officielle au pouvoir se tarit, les musiques expulsées dans l'ombre se développent et se multiplient. Même si l'une envahit les médias et l'autre pas.

 

9'''. L'explication enferme dans un système/procédé intellectuel. Mais l'intellect ne veut-il pas être libre ?

L'explication déplie. Si la pensée s'enferme dans un système, tel un réseau de routines d'algorithmes encapsulés dans un programme informatique/numérique, elle ne peut plus penser = amener ce que l'analyse découvre à savoir, que se transformer en opinion qui est l'expression de la croyance. Tout système tarit l'intelligence. Car la croyance fige ce que la pensée bouge. Pour exister, la croyance a besoin d'un système (imposé) afin de répéter reproduire les directives imposées par le système : un système social est l'ensemble de ses lois qu'exécute la hiérarchisation (= l'humiliation) des individus de l'espèce humaine. Système et pensée sont antinomiques. La pensée crée des liens que le système a déjà figés.

 

 

Développement de tout en même temps [qui suit ce qui précède]

 

La complexité est-elle synonyme de liberté ?
La facilité est-elle synonyme de captivité ?

L'originalité de la spontanéité, celle de l'intuition de l'instant exige une capacité compositionnelle d'improvisation donnée par le pouvoir de renouvellement constant. La constance du renouvellement est-ce une répétition de la différence ? Éviter les habitudes gestuelles qui sonnent la même chose exige un entrainement et un exercice approfondi quotidien ou pas de la conscience immédiate de la gestualité ou + facilement jouer une partition-jeu ou musique-jeu (à l'efficacité + rapide) ****. Cette gestualité sonique instantanée exige. Une aptitude à différencier. Un ennui à répéter les trucs des autres [habitudes] ou les trucs à soi [idiosyncrasie = le même gouvernement de soi seul = traits de comportement identifiables car répétés]. La règle du jeu de la musique inventive est pourtant simple : « joue ce que tu ne sais pas jouer » [de Miles Davis à Mathius Shadow-Sky].

Comment arriver à cette virtuosité d'invention musicale dans l'instant ?

La formation du compositeur n'est pas la formation du musicien. Un musicien se forme par imitations. Un compositeur se forme par différenciation. La différence est immense. Mais entre, il y a le compositeur-musicien. Savoir-faire qui fut scindé au XIXe siècle et qui se ressoude (re et solidare = se rerend solide) au XXe siècle (pas pour tous les compositeurs). Le savoir-faire instrumental et + l'invention instrumentale apportent à la musique un enrichissement que la théorie dogmatique appauvrit. Mais le ralliement du compositeur-musicien au théoricien en 1 seul augmente le champ de liberté de la création pour générer des originalités musicales inentendues. La théorie est la base qui forme, et les instruments de musique, et les techniques et modes de jeux, et +, les assemblements/alliages en orchestres avec des combinaisons sonores inouïes. Et il y a encore + : le savoir de compositeur lui donne la capacité d'improviser une composition avec son instrument et + avec son ensemble. Telle l'image du peintre japonais qui d'un trait crée un dessin, après une longue méditation.

Donc la liberté musicale est intimement liée à jouer l'inconnu

Le champ, entre répétition absolue du même et différence absolue de différences, est à la fois vaste et étroit. Où certains interstices sont + vastes que d'autres bien qu'ils paraissent + larges. Aucune source (d'inconnus) n'est évidente, mais une fois découverte, l'abondance se déverse sans réserve (que celle des auditeurs). Ces filons ne se découvrent que par excès d'imagination (si l'imagination en excès existe). L'imagination absente chez les esclaves vit une dépendance envers les artistes qui l'exportent. + l'artiste aiguise son intelligence et + son imagination est fertile. C'est un travail qui exige persévérance et patience. Les solutions interstitielles des sources ne se dévoilent pas facilement. L'artiste y parvient par sa démarche artistique.

La démarche artistique est le cheminement de son esprit pour une pensée révélant un aspect de la réalité que développe chaque artiste pour développer son imagination qui développe son intelligence. Pour, au bout d'une vie, aboutir à un savoir-faire propre à chaque artiste. De là, il est enfantin de reconnaître les copies considérées être des créations originales par le jugement public. La démarche artistique donne à l'artiste la possibilité de ne pas se répéter tout en donnant à reconnaître son oeuvre. La démarche artistique donne à l'artiste la possibilité de poursuivre son exploration sans tomber dans le publicitaire. Le désir de reconnaissance ardant des autres est dû à la sensation intérieure d'une humiliation qui ne guérit pas. Le désir de reconnaissance pour l'art est ce que la gloire représente pour la politique : pas grand-chose. La démarche ouvre ce que la gloire enferme. La recherche de gloire n'est pas la finalité de l'art, mais la finalité de la politique, car elle n'a rien d'autre contrairement à ce qu'apporte la création artistique originale : la jouissance épanouissante ou l'épanouissement hilare, etc.

Non, la liberté n'est pas l'abondance de différences mais son résultat inexorable.

L'uniformisation témoigne de régime politique totalitaire. Mais l'uniformisation n'est qu'une utopie politique (religieuse et économique) à vouloir obtenir l'obéissance absolue pour faire fonctionner l'industrie de l'esclavage dans l'urbanisation ou une artificialisation de l'environnement naturel. L'urbanisation, comme un livre de lois, comme un système, génère des liaisons immuables et obligées. C'est la raison de l'attachement de l'architecture grandiose et de la politique (religieuse économique). La démonstration de puissance (pas créatrice qui que) par le gigantisme inimaginable vu des yeux d'un esclave volontaire.

La politique, pour que le règne avec sa hiérarchie existe, doit chasser la liberté. Ou l'idée de liberté qui pourrait corrompre les esclaves incomplètement conditionnés. C'est ce qu'a réalisé la classe propriétaire des vies employées consentantes contre « la montée du désir de vivre libre » = sans l'obligation de vivre employé, mais de s'employer soi-même à vivre ensemble. Disposition de la jeunesse, alors majoritaire, due au baby-boom après la 2de guerre mondiale qui le manifestait bruyamment dans les années 60 du XXe siècle dans l'espace public. Il y a eu des morts ! La contrattaque politique globale a été brutale. Contrattaque qui n'a pas cessé depuis. C'est cette contrattaque qui a généré la médiocratie de nos sociétés d'aujourd'hui, avec l'expulsion des oeuvres d'art et de la musique du domaine public. Incitatrices de liberté. Ce qui est considéré art vu et musique entendue aujourd'hui ne sont que des copies décoratives, sans raison d'être = sans démarche artistique, transformées en signaux déclencheurs de réactions émotives déterminées et attendues.

Et l'inconnu est intimement lié à la peur farouche de l'esclave [écouteur de musiques]

Un esclave est un être humain incapable de vivre par soi-même. Ou qui refuse cette vie d'indépendance. Affolement en foule. Cette incapacité de vivre par soi-même génère la domestication (patriarcale ou matriarcale) et les villes surpeuplées. Toutes recouvertes de la misère d'esprit et de la pauvreté résultante. Un être humain servi est un être humain asservi qui ne peut pas penser pour résoudre les problèmes qu'il elle rencontre durant sa vie. À chaque changement inattendu. C'est immédiat. Appellent les services de secours. Sinon, ça s'effondre dans la panique. Qui peut se renverser dans une violence excessivement agressive. La peur captivante fait du corps humain une cocotte sous pression.

Le confort en échange de ma liberté

C'est le contrat du chien qui a vendu sa liberté de loup pour servir d'outil (humilié : la trace de la laisse la fourrure pelée autour du cou perçue par Jean de La Fontaine). Ça, c'est pourtant clairement su. Le confort (moderne) est cultivé par la répétition ; avec les mêmes choses présentes dans le même environnement, durant la vie d'un être humain. À l'apparition d'un objet inconnu, ou d'un objet qui « n'est pas à sa place », la peur, tel un vomissement explosif réapparaît, foudroyante. Panique. + l'humain vit dans le confort + sa peur intérieure se renforce + sa capacité extérieure s'affaiblit ou se tarit. Ce n'est pas qu'une question de dur ou de mou. C'est l'atrophie de l'intelligence que fait le confort. Le confort de la routine de l'habitude.

Donc la liberté ça sert à être courageux (sans peur) et intelligent (savoir débrouiller soi-même n'importe quel problème)

Ce qui signifie que nos sociétés favorisant la couardise, le mensonge et l'ignorance confirment nos vies en captivité. Comment la musique (libre par nécessité) peut-elle alors exister ? Le rejet général de la musique « innovante du XXe siècle » par un public ignorant en foule apeuré fait que les créations originales ont été retirées de l'espace public pour n'exister que dans les interstices laissés vacants où personne ne va.

...

 

 

Notes

* Le livre : La voix de la musique nouvelle de Tom Johnson qui est une compilation d'articles publiés entre 1972 et 1982 dans le magazine The Voice sur la vie musicale new yorkaise se focalisant sur la génération d'alors qui apportait à la musique un nouveau style en opposition au style européen de la musique d'avant-garde que Tom nomma « minimalisme ». En 1983, il s'installa définitivement à Paris où il vit toujours. The Voice of New Music est disponible à lire aux éditions Ubuweb dans la collection Publishing The Unpublishable : https://ubuweb.com/ubu/unpub/Unpub_023_Johnson.pdf

** Après 10 années de bannissement, pendant les années 80, devenu clodo -communication personnelle en 2002- et 90, exilé au Canada invité par une université isolée. Il renaît un intérêt international pour sa création musicale au XXIe siècle. Phénomène paradoxal dans la médiocratie générale régnante au XXIe siècle. Mais comme il le dit, c'est grâce aux Européens -fascinés par l'américain- qu'il a pu faire renaître sa musique en public. Ce qui est en partie faux. Sa fondation Tri-Centric, fabrique de musiques braxtoniennes depuis 1994, est localisée à New York pas en Europe [https://tricentricfoundation.org/history] publie et organise plein de concerts et d'enregistrements exclusivement pour la musique d'Anthony Braxton. Ça demeure suspect. Tout monopole est suspect. Mais tout ça, c'est sa vie qui ne nous concerne pas.

*** J'ai à l'esprit la démarche du peintre Opalka qui couvrait ses toiles de nombres comptés et inscrits avec un petit pinceau où la peinture blanche se raréfiait qu'il fallait retremper pour réinscrire les nombres suivants pour être visibles. L'effet global de loin donne à voir un jeu de clair/obscur qui en se rapprochant dévoile les lignes de nombres. Est-ce une obsession en captivité ou la persévérance d'un homme libre ?

**** La partition-jeu est développée par 2 principaux compositeurs-musiciens à partir de la fin des années 70 et au début des années 80 du XXe siècle : le Français Mathius Shadow-Sky et l'Américain John Zorn.

 

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