Peter Giger est un batteur suisse (de jazz), avec qui, ensemble avons donné une série de concerts à travers toute (presque ! ) la Pologne en 1984. Une longue tournée d'1 mois ! Peter est un passionné du rythme (et de la musique), jusqu'à se transculturer avec d'autres manières de la jouer. Ensemble avec des musiciens d'ailleurs. L'Afrique, est le berceau du rythme, ou, là-bas, les musiciens ont la capacité de jouer la musique de manière à ce qu'il est impossible de ne pas se balancer en l'écoutant, contrairement aux musiciens européens, dont la culture (chrétienne) empêche de bouger (de s'agiter). L'Européen doit considérer « l'agitation » une faiblesse infantile, ça, du point de vue de son désir de domination : le dominant pour dominer doit être immobile, sans émotion, influencé par rien (= sans réaction) pour une démonstration de sa volonté inflexible de souverain, démonstration de force encore plus grande, si elle est accompagnée du sourire. Le pouvoir occidental de l'horreur doit être souriant. Donc sa musique savante à partir des choeurs grégoriens du VIIIe siècle valorise les continuums statiques (jusqu'au spectralisme du XXe siècle).
La passion de Peter pour le rythme entrainant (à se remuer, à danser) l'amène à jouer avec des musiciens africains et indiens (d'Inde). Et, pour s'entendre sur la tournure, ou, vu d'ici, d'Europe, avec notre culture du rythme quantifié, mesuré, en mesures - sachant que l'instant est inquantifiable, uniquement ses contours, et encore... - pour se situer « à ne pas jouer les coups à côté », mais dedans, à l'intérieur infini de la pulsation, il graphiqua les mesures ou la boucle rythmique en étoile. L'étoilage du rythme, dessinant dans la limite du cadrant d'une horloge qui, indiquant avec plusieurs aiguilles les horaires à jouer. Une étoile à 5 branches peut être un rythme à 5 temps, dans laquelle il peut y avoir autant de coups en boucle possible. Son livre : Die Kunst des Rhythmus (l'art du rythme) Theorie und Praxis, Schott, 1993, nous intéresse pour son chapitre 5 qu'il nomme « Rythmiques Optiques » dans lequel Peter propose une écriture du rythme étoilé. Est-ce un début de pont entre l'écriture quantifiante et symbolique ?
La graphie musicale ?
De quoi il est question ?
Ou, qu'est-ce que ça pose ?
La graphie mesurée précise-t-elle ou floute-t-elle ce qui est sensé être joué ?
Au XXe siècle, le monde de la musique se divise en 2 :
- Les compositeurs indéterministes qui utilisent le hasard pour leurs compositions.
- Les compositeurs déterministes qui n'utilisent pas le hasard pour leurs compositions.
Que signifie : déterminer et indéterminer ?
Le préfixe dé- signifie : éloigner , séparer, priver, action contraire, même : détruire. Donc dé- avec terminer devrait signifier : agir pour ne pas terminer.
Le préfixe in- signifie : non. Donc in- avec dé- avec terminer devrait signifier : agir pour terminer.
Mais ce n'est pas le cas, voire, c'est le sens contraire qui est signifié :Détermine = fixe les limites (pour les définir) où la finitude et la terminitude sont des intentions d'autolimitations.
Indétermine = floute les limites ou s'évertue à ne pas fixer de limites (à l'infinité des possibles).L'une est une attitude ouverte (à l'inconnu à connaître) et l'autre est une attitude fermée (= fixée à se répéter similaire).
Mais, ce n'est pas le cas.
Le déterminisme se soumet à la mesure, pour la précision exacte de la quantité de l'ingrédient (nommé : para-mètre) dosé dans la musique.
L'indéterminisme se soumet à l'instinct ou à l'intelligence de cohérence de synchronicité dans le contexte donné.
L'indéterminisme travaille dans l'infinité de l'instant présent.
Le déterminisme se rassure par la mesure à vouloir gouverner la matière concrète vibrante : c'est la démarche du scientifique qui par la mesure est persuadé percevoir et comprendre la réalité.Cette querelle n'a rien donné de constructif, car quand les chiens aboient, ils s'épuisent et l'épuisement les empêche de réfléchir. Au XXIe siècle, je sais que l'une et l'autre démarche aussi antagonistes sont-elles se complètent. La réalité est que l'opposé complète le posé. Ou, les opposés liés forment une intégrité ou une complétude *.
On pense à l'incompatibilité entre :
visualiser (lire) le passé et se faire entendre (intègre) dans le présentAu théâtre, on n'imagine pas les comédiens lire leur texte pendant la pièce. C'est pourtant ce qui se passe en musique. En concert, le musicien, avec son pupitre sur lequel est posée (le texte de) la partition, lit, en même qu'il joue son instrument (dans le monde de la musique savante et classiquée). Le jeu de l'instrument de musique en orchestre pendant le concert est complètement déterminé et motivé par les indications écrites par le compositeur lues par le musicien. Qu'est-ce qui manque à cette pratique ? Il manque l'essentiel : à savoir : habiter la musique au contraire de la déserter. Mais, dans le contexte symphonique ; que le musicien de l'orchestre soit habité ou pas n'a aucune influence sur la musique qui en résulte. Parce que les parties jouées sont disjointes dans l'ensemble. Disjointes, par de nombreux moments dans la musique qui ne sont pas joués où le musicien ne fait rien qu'attendre de jouer sa partie. Cette disjonction symphonique est ce qui caractérise la musique orchestrale occidentale qui sonne sa « stabilité distante » ou sonne sa démonstration communautaire à rendre audible « de garder le contrôle des individus qui la compose ». La raison de l'existence de l'orchestre occidental repose sur ce non-dit.
...
Note
* Complétude : caractère de ce qui est complet, achevé. En logique : propriété d’un système déductif qui ne contient pas de propositions indécidables. Prédicat, du latin classique « praedicare » = dire devant un public ; (sens en logique) expression associée à une ou plusieurs variables et susceptible de devenir une proposition vraie ou fausse en fonction des valeurs que recevront ces variables ; (sens en linguistique) dans un énoncé, ce qu’on affirme ou ce que l’on nie à propos de ce dont on parle. Théorème de complétude (1929) de Gödel : « correspondance entre la vérité sémantique et la prouvabilité syntaxique ». Théorème d'incomplétude (1931) de Gödel : « aucun système ne peut démontrer sa propre cohérence. » Le théorème de complétude de Gödel est axiomatique et ne s'applique qu'aux systèmes (finis et stables = pléonasme). Théorème de complétude de Gödel : lien entre déduction (pas induction ?) et validité d'une proposition dans un système. Rappelons qu'un système est un ensemble de liens fixes qui ne se modifient pas. S'ils se modifient, le système n'est plus un système, mais une matrice (à n dimensions) dans laquelle les liens se créent pendant les cheminements. Le théorème de complétude de Gödel montre-t-il qu'une proposition fausse est indémontrable ?
re tour à la table des matières