Lettre à Pierre, le 21 février 2018. Le milieu, le monde et les humains d'ici maintenant et de là-bas C'est vrai Pierre : courage et sympathie, sans parler de générosité, sont des qualités absentes du milieu (voire de tous les milieux). En 40 ans de carrière, je ne connais que 3 personnes qui possèdent ces qualités, dont Marek que tu connais. Tous les autres vivent de leur frustration, à la moindre occasion, prêts à te peiner. Ce, pour que tu souffres, comme eux. Se rassurant de « la légitimité de leur souffrance comme un droit » pour te nuire (tout plaignant est protégé par la police). Depuis la crise de 70, toutes ces personnes, motivées par la vengeance de leur souffrance, accaparent les postes de décision dans la hiérarchie sociale ; pas pour faire à ce que les choses se fassent, mais pour ressentir la jouissance du pouvoir à interdire l'accès aux autres (l'exercice de la censure), dans un but unique : jouir de la peine des autres. C'est pathologique. Ce comportement social s'est globalisé dans les années 70 du XXe siècle. Le culte du salaud qui réussit sa vie (au contraire du généreux : « le connard de service » sic). C'est de ça que notre médiocratie est cultivée et entretenue depuis 1/2 siècle : se haïr, se peiner, se faire souffrir les uns les autres. Les gouvernants politiques ? Eux se protègent de cette pathologie populaire dans le privilège, tout en agissant à son entretien (car elle nourrit l'existence de leur pouvoir politique légitimé par la violence de la police, de la justice et de l'armée). Terreur puis terrorisme (instaurés pour le commerce lucratif des armes de guerre civile qui a dépassé les bénéfices du divertissement après 2001), plaintes massives de quelques voisins (le plaignant est le socle fondateur de la Justice et de la police)* qui exigent « sécurité » devenue « sureté » (où tout le monde est suspect = l'instauration de la paranoïa sociale qui est obsessionnellement présente en Amérique et l'est devenu en Europe) qui entretient l'agressivité collective et individuelle du viol, de la violence envers les affaiblis (= un état de guerre civile, permanent entretenu par la crainte des lâches, en période de paix). La haine est motivée par la peur. Ça c'est su. Mais la peur est motivée par quoi ? La peur est motivée d'être dépossédé de son confort privé. Que ça ? Oui, que ça. C'est insensé ! oui, c'est insensé. Et de ce fait, chacune, chacun vit cette misère d'esprit qui alimente la crainte générale : ces êtres humains se soumettent à leur souffrance pour activer la vengeance envers tous les autres, coupables de leur souffrance (sic), et ce, tous les jours, en lâche irresponsable (il y en a toujours un au-dessus de lui), dans leur emploi salarié. Tout en se plaignant de leur condition de vie et de travail. Dans nos sociétés, depuis les années 70, être employé signifie : nuire aux autres. Situation généralisée qu'aucun commandant ni gouvernant n'a besoin de commander ; ça se fait tout seul. Et nous compositeurs, c'est dans ce contexte que nous créons. Je suis vraiment étonné d'être encore vivant ou de n'avoir pas abdiqué comme tous les autres à produire ce que le milieu massivement souhaite : la gloire du règne paternaliste néoclassique et l'annihilation de l'originalité et des volontés indépendantes des nouvelles générations désobéissantes. C'est pour quoi je ne vieillis pas. Je ne tombe pas dans la pathologie de la frustration qui veut dominer son monde par la souffrance. Tout ça, a commencé à partir de 68. La trouille de la jeunesse. Ces jeunes téméraires transformés en vieux trouillards d'aujourd'hui. Qui a instauré la guerre civile permanente dans la paix. La trouille est entretenue par le désir de la guerre où le peuple frustré mène la danse de la haine.** Notes * À Toulouse, ses plaignants ne sont qu'une centaine, mais ils sont capables de passer un millier de coups de téléphone à la police par an ; ce qui amène les statistiques de dénonciations à un niveau d'une centaine de milliers d'appels ! ** Ça fait des années que j'agis pour générer courage et sympathie entre artistes afin d'arrêter les comportements destructifs des uns envers les autres. Mais le résultat est qu'ils me considèrent comme leur ennemi, ce qui en soi est insensé puisque j'agis par et pour la sympathie (la haine et la musique, ça ne fonctionne pas). Mais le refus de sortir du merdier est si puissant, qu'on se demande ; quelle est cette force qui agit tout le monde à se faire tant souffrir ? bien que de très rares exceptions existent, on est vraiment seul dans la masse humaine. Mathius Shadow-Sky