J'ai tellement été attristé par ton jugement que je ne t'envoie pas cette lettre. À quoi bon ? On ne se reverra pas. Mais contrairement à mes accusateurs, je ne romps aucun dialogue. Bertrand, je n'aurai jamais pu imaginer que toi tu puisses me condamner ! Toi faire partie de la bande des accusateurs qui me redoutent ? Est une surprise de taille ! désagréable (pendant une semaine quand même) et inattendue (par ma naïveté). Je n'imaginais pas à ce point que tu puisses avoir une si bonne opinion de toi-même pour pouvoir me condamner, me déconsidérer pour ma mauvaise réputation que tu m'as rappelée ! Ce, pour éviter ma présence, sans rien me dire pendant 6 ans. Sauf pour le concert avec Aloof Proof il y a 3 ans : ton intérêt aurait-il pris le dessus des ragots ? N'y a-t-il pas que les intolérants qui condamnent ? Celles et ceux qui ont l'esprit pensé par des idées reçues. Ma réputation a-t-elle nui à ta réputation pour m'éviter pendant ces années ? Serais-tu le seul ? Me reprocher ma nervosité, ma colère ? J'étais étonné que tu puisses oublier la maladie que j'ai traversée pendant 10 ans ! Enfin, tu m'as estomaqué quand tu m'as dit : je ne sais pas ce que je veux de la musique ! Même les institutionnels ne m'ont jamais accusé de ça ! Toi qui refuses toute proposition musicale écrite ! Je me demande, comment est-il possible de condamner une personne qui crée, avec qui tu as créé ? Me vient à l'esprit le mot « pure » que tu m'as énoncé dans nos échanges passés. Tu m'as parlé de pureté, c'est un mot qui me glace, vu les conséquences néfastes que l'idéologie de la pureté a générées. Ta « pureté » te donne-t-elle le pouvoir de croire que tu es exempt de défauts pour accuser et condamner les autres ? Ta réputation a-t-elle redouté être infectée par « la saleté » réputée de l'artiste rejeté du milieu ; la mienne salit par les autres (certainement pas par moi) ? Attention. Tu sens le gourou. Et l'hypocrisie du gourou sue et est sue. Ma franchise ne plait à personne. C'est su. Normal, dans notre monde d'hypocrites destructeurs où chacun dissimule ses méfaits par ses plaintes continues. Ce que je dévoile ne plait à personne. Normal, chacune, chacun voile sa conscience de la réalité sociale qu'elle lui entretient à nuire aux autres. Ils accusent les autres de destructeurs qu'ils sont. Normal. On se demande si la lâcheté humaine est un conditionnement ou une inclination. Couard l'être humain ? Mes pensées et mes analyses n'atteignent que quelques rares personnes qui ont le sens de la valeur des êtres, de leur liberté et de la vie. Ton évitement montre que tu n'es pas concerné. Nous n'avons donc plus rien à créer ensemble. Pourquoi voulais-je entretenir notre amitié ? Que tu avais déjà brisé depuis 6 années. Tu parais être une bonne personne, mais au caché au fond, il y a quoi ? Mon défaut ? Je suis confiant. Et très souvent, ça se termine en trahison. Mon studio à la campagne dans les années 90 a été pillé et ruiné par cette raison. Le jugement de tes amis sur ton comportement, invisible de ta conscience, agit toujours comme un choc. Le jugement de tes amis agit toujours comme un choc. C'est la transformation de l'ami en ennemi. Je t'appréciais. Mais j'ai enfin compris, après notre conversation de samedi, que si tu ne me répondais plus, c'est parce que tu m'évitais. Tu m'as jugé pour me mépriser sans dialoguer pour vouloir comprendre ; montre le peu de valeur que j'ai à ta considération. Tu me reproches d'être, une personne révoltée, impatiente ; inconciliable dans l'accommodement ? ça m'étonne, quand même. Ça, quand même, m'étonne, de toi ! En + du colportage de ma réputation considérée exécrable que tu m'as rappelée, par qui ? par toutes ses personnes pensées par des idées reçues à qui je révèle leur couardise, leur fausseté, leurs mensonges ? des personnes qui me détestent, sans me le dire, par peur de la franchise, qui refusent tout dialogue, mais dont tu m'as dit ne pas considérer, mais, dont tu fais partie, puisque tu m'évites assidument depuis tant d'années *. Tu le sais que je suis une personne entière, rebelle et agacée du comportement humain convenu hypocrite, surtout, et encore +, dans notre monde de la musique qui a généré la dégénérescence de la musique savante. Ça, c'est un fait historique, une volonté, un désastre indéniable qui dure depuis 40 ans, et massivement nié. Et tu le sais, que je ne m'accommode pas d'à-peu-près (bien que je les subisse, telles des ondes de choc globalisées allumées par la réplique « à quoi bon »). La musique originale qui invente ne se réalise pas d'à-quoi-bon ni d'à-peu-près. Ma génération de compositeur a été effacée de l'histoire de la musique, elle n'existe pas !, les références des étudiants vont à nos grands-pères du XXe siècle, tous morts pour la plupart ou sur le point de l'être, pas à notre génération. Notre savoir apporté à la musique est ignoré (tu le sais, l'exemple des champs scalaires nonoctaviants est flagrant sans parler du reste : les concepts compositionnels que tu as aussi ignorés). Le savoir musical est depuis 40 ans galvaudés de conventionnalisme pour la sauve-garde de l'ignorance. Les croyances sûres se sont renforcées. Pour former les accusateurs. La nouvelle Inquisition. Et tu me reproches d'être énervé ? Crois-tu que ta placidité cultivée apaise les guerres des dominants qui ruinent le monde et qui ont ruiné le monde de la musique ? Comment as-tu pu me condamner ? Il n'y a que les coupables qui accusent et condamnent. Bertrand, je ne t'envoie pas cette lettre, je ne perçois pas de retour possible après notre conversation de samedi. Ta trahison fait que nous ne pouvons plus rien à créer ensemble. Ton état d'esprit, que tu m'as dévoilé et révélé, est trop engorgé de croyances et d'hypocrisie assurantes. Je ne m'attendais pas à ça de toi. C'est une très grande déception. Si depuis si longtemps tu m'évitais ! Pourquoi ne pouvais-tu pas me le dire franchement simplement ? Je ne pensais même pas à la musique, Je te faisais confiance en tant qu'ami, Mais un ami ne te juge pas derrière le silence, il te parle. mathius PS RE- Aussi tu m'as estomaqué que tu me dises ne pas savoir que j'étais malade pendant toutes ces années ! Tu n'as jamais remarqué ma mine abattue par l'épuisement pendant ces années 2009 - 2019 d'hépatite C ? ça m'étonne ! Mais j'ai bien mesuré ce que tu m'as dit. Et j'ai compris que ma colère généralisée par l'infection de mon foie a dû t'être pénible, insupportable pour toi. 10 ans de maladie, pensant mourir du cancer du foie en octobre 2015 **. Les quelques exemples que tu m'as cités : l'impatience avec le clavier polynonoctaviant (le pianomorphe métamorphose les échelles entre elles), l'agacement des réponses des propriétaires des grottes refusant, par obtusité d'esprit et dialogue, notre concert. Mais une de tes critiques m'échappe : me dire que « je ne sais pas ce que je veux de la musique » (sic), ça, ça m'a étonné ! +, un coup à l'estomac, +, un jugement qui condamne sans savoir ni vouloir savoir ! Ça, de ta part, d'un ami musicien, avec lequel tu as joué, c'est incompréhensible ! Ce reproche montre que tu ne sais pas ce que je fais avec la musique et que tu n'as jamais cherché à savoir ! Je perçois un ego immense et méprisant pour ignorer qui suis-je à agir la musique comme je le fais depuis 41 ans. Toi, qui te prétend ouvert. Et avec tout ce qu'on a échangé du savoir musical ! avec tous mes écrits sur la musique. Tu méprises mes apports à la musique, mes explorations et mes inventions ! Autrement dit, tu nies mon activité de compositeur-inventeur après Xenakis et Stockhausen. Wow ! Je ne connaissais que les institutionnalisés capable de réagir comme ça, méprisant mes créations, mais pas toi, pas les musiciens libres que tu prétends être ! Tu dois m'en vouloir, mais de quoi en vérité ? Notes * Beaucoup m'on menti et trahi. Ouvriers de la destruction et censeurs de la musique savante, avec tant d'autres, dans cette période noire de censures quarantenaires dans laquelle on vit. Énormément de monde refuse de vouloir comprendre la réalité. Celle de la résistance des différences à ce que nos sociétés ne dégénèrent pas dans l'autodestruction de l'assimilarisation pour l'uniformisation générale. Pour refuser de constater le désastre en soi ? Ma musique censurée est-ce le résultat de mon caractère ? C'est ce que tout un chacun désire vouloir croire. Car tout redémarrage de la raison montrerait l'autotrahison de chacune et chacun contre soi et les autres. D'avoir lâché sa responsabilité envers les autres pour ne pas pouvoir épanouir nos sociétés à interdire nos musiques originales. ** [Comme je te l'ai dit, ma nervosité était ma seule source d'énergie et de motivation durant mon hépatite C qui me générait un épuisement révoltant. Jusqu'à puiser la dernière petite goutte, jusqu'à m'évanouir dans le vertige du flou de ma colère, jusqu'à me faire tomber perclus d'épuisement, je pense au concert de l'Ephémèrôde à Cracovie en 2014... L'équilibre entre « laisse tomber » et « vouloir le faire absolument », sachant le temps qui te manque, t'introduit dans une ronde vertigineuse d'urgence sans recul de considération possible. À ne vouloir rien lâcher, l'équilibre n'existe pas !] http://centrebombe.org/7.lives.of.the.myster.shadow-sky.txt Ta désindulgence m'a frappé, me laissant à terre pendant 7 jours. PS2 J'ai entendu ta proposition de venir jouer chez toi, mais tu ne m'as pas inscrit ton numéro de téléphone sur mon carnet ! Je comprends que tu sois encore prudent : 6 années à m'éviter ! Là c'est trop. De Dorothée à propos de ta trahison, celle d'un ami : Il arrive parfois que les gens se trahissent d'abord eux-mêmes. Car si Bertrand t'avait trahi vous n'auriez pas joué il y a quatre ans votre super concert et il me semble qu'il n'aurait pas été aussi magnifique ! Il ne serait tout simplement pas venu. Maintenant il est démontré qu'une personne seule face à un groupe reprend les codes de la majorité pour ne pas se sentir exclue du groupe. Il n'y a rien de blessant à ce qu'une personne ait des instincts communs, comme celui de sursauter quand elle est surprise intensément. Je ne suis pas certaine que le responsabiliser du comportement de la majorité soit judicieux ? Ou juste ? Bertrand est une personne sensible et qui a son histoire et tu es une personne sensible qui a aussi sa propre histoire. Ta blessure peut ne pas être la sienne et donc peut être incompréhensible pour celui qui n'est pas toi. Il peut y avoir de cette lutte intérieure des incohérences et elles ne sont pas automatiquement malveillantes. Juste une volonté de faire partie d'un cercle. Toi-même tu sais ce que c'est que d'être rejeté. Tu ne peux pas lui reprocher son choix et surtout qu'il ne soit pas en ta faveur ? Ça n'a rien avoir avec l'amitié qu'il pourrait ou pas te porter et dans l'obligation d'un soutien sans faille ! Tu n'en auras pas plus en l'accusant de ses choix. Ta douleur semble cacher ce qu'elle ne peut pas voir et c'est bien normal ! Les émotions sont le reflet de notre projection dans le monde, construite sur nos blessures. http://centrebombe.org/livre/total.extatic.music.html http://centrebombe.org/SECRET.html