A quoi sert écrire la musique ?

à la simplifier

La musique est un art de la vibration, pas de la vision, alors :

 

Proposer en tant que compositeur des idées de jeux à des musiciens revient à :

1. reconnaître le comportement instrumental spécifique propre à chacun, et le respecter,
2. dans ce contexte de personnalités rassemblées, à proposer des idées musicales basées sur la connaissance et le savoir-faire de chacun acquis au regard des explorations entreprises et du but désiré à atteindre, à une époque donnée (marquée par le courant pensé de son entourage),
3. accepter les idées d'interprétations ou le + qui va enrichir l'idée de départ, jusqu'à ce que le résultat ne corresponde plus à la pré-vision initiale,
4. accepter le rythme composé à se mélanger avec le rythme biorythmé propre à chaque musicien dans l'orchestre

= comprendre que la musique est le résultat sonique du comportement gestuel de ses générateurs : l'esprit du corps des musiciens.

Pour comprendre ça, le compositeur doit être lui-même musicien. Si non, il ne restera qu'à l'état du stade de l'écriveur qui fantasme d'une musique inexistable, dans une retraite de la vie ensemble opportune pour pouvoir se plaindre des autres de son incapacité à savoir savoir à se donner les moyens réels de réaliser ce vers quoi on tend à vivre sa vie à réaliser durant son existence et dans le cas des institutions orchestrales, avec l'assistance obligée d'exécutants consentants à se taire de leurs « réparations » des erreurs d'écriture = des injouabilités inscrites du compositeur naïf. L'image du compositeur de musique solitaire qui écrit comme un écrivain loin de tout est une image falsifiée. Le compositeur, celui qui produit sa musique, est toujours entouré de musiciens en train de répéter la musique pour la faire exister.

 

Ecriture musicale des gestes

 

Le rôle premier (ou second) d'une écriture de la musique (malnommée : partition de musique) est de proposer une gestualité instrumentale. Quand cette gestualité est nouvelle pour le musicien, la partition sert à apprendre de nouveaux gestes proposés par le compositeur (qui pour le comprendre doit être musicien). Une partition difficile à jouer est une partition qui propose une gestualité non apprise, inconnue. La résistance musculaire du musicien au mouvement que propose une partition est réalisée en général par une réaction de contraction des muscles investis dans le mouvement. La contraction musculaire est la réaction primaire à ce qui est cru impossible gestuellement. L'apprentissage de toute gestualité passe par la confiance (évacuation de la peur) qui lâche la résistance et détend les muscles. La force ne réside pas dans la contraction du muscle, mais dans la confiance (en soi) du mouvement dont le muscle est le serviteur. Un muscle forcé est un muscle inutile qui risque de claquer. Le travail du geste se réalise dans la détente : dans ses 2 sens : détente pour détendu (non tendu -au contraire de la corde et du ton-) et souplesse pour rebondir (comme la faculté du ressort). Une tension musculaire durcit et empêche de libérer le mouvement crispé. Se crisper est une réaction primaire à une situation inconfortable. Une fois l'inconfort bravé par la confiance, le geste redevient contrôlable, souple et détendu. L'aisance musculaire est essentielle pour jouer de la musique communiquant son état d'esprit dans les vibrations émises de l'instrument de musique.

Les muscles des membres primaires qui engendrent la musique sont :

• toute la musculation digitale pour les doigts jouant les instruments à corde, claviers, etc., qui comportent un doigté : pour la manière de bouger ses doigts,
• toute la musculation buccale pour les instruments à vent et la voix, une mise en bouche de la vibration par l'implication du souffle (sa pression, sa direction, sa vitesse)
• toute la musculation brachiale pour les bras jouant les instruments à percussion qui sont frappés mains doigts et baguettes
la musculation du corps entier pour jouer d'instrument(s) de musique est encore en gestation et rejoint la danse

Et les muscles des membres secondaires qui soutiennent les primaires sont :

• toute la musculation abdominale (et diaphragme) pour le contrôle du souffle comme assise
• toute la musculation des jambes et des pieds servent l'équilibre du corps avec les muscles du cou, l'assise minimise

 

...

 

Ecriture musicale et prise de distance pour concevoir la musique

 

Le rôle second (ou premier) d'une écriture de la musique (malnommée : partition de musique) est de penser la musique par l'inscription. Inscrire sert à prendre une distance avec la pensée musicale capturée, marquée, symbolisée : on projette, on écrit, on s'éloigne, on revient, on précise, on conçoit, on laisse reposer, on revient, on ajuste, on énonce (sans renoncer), on dépose, on pose, on pose des questions un peu partout, on récolte les réflexions qu'on dispose par écrit, on revient : puis : on expérimente pour correspondre la pensée et le vibratoire, et dans le contexte donné, réaliser la musique.

Dans le monde du musicien-avec-son-instrument-de-musique, cette distance ainsi que la conscience de l'accord (de l'harmonie ou artmonie) avec les autres musiciens n'est pas aisée à réaliser : la composition se réalise en liant des idées issues de sa propre exploration qui donne sa griffe à la musique. Pour réaliser ça sans écrit, il faut agir avec 2 inconsciences (+ rapide que la conscience qui réféchit) l'une qui joue l'instrument et l'autre qui compose la musique pour l'ensemble de tous les musiciens. Certains jazzmen du XXe siècle ont développé cette capacité.

Ecrire la musique formule une idée à expérimenter à réaliser en l'adaptant au contexte.

Une théorie musicale ne peut pas se passer de l'écriture qui fixe pour se rendre compte, pour formuler les fondations sur quoi la musique s'épanouit (sa terre nourricière). C'est ici exactement l'objet des Champs Scalaires nonoctaviants et des autres explorations des manières de faire la musique.

 

 

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