Le principe de la continuité dans l'écriture de la musique
L'évaluation des intentions (du temps) en temps

« Ourdission » (septembre 1982) écriture ondale pour 3 flûtes (même plus ensemble)
« Tension » (novembre 1982) écriture musculaire pour cordes frottées et percussions
« les lignes d'Erre; Erre (1) (2) » écriture ondale pour instrument à cordes frottées, très grand orchestre disséminé en lignes courbes dans la nature.
« Les Ephémérôdes cardent des Chrônes »

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Le principe de la discontinuité dans l'écriture de la musique
La symbolisation des intentions hors temps (avec des hypertablatures) pour l'intégration de la partition par le musicien puis sont effacement lors de la musique

« Il m'est Impossible de Donner un Titre à ce Phénomène, car l'Indicible au-delà des Bords Extrêmes de l'Espace et du Temps, ne Portent pas de Nom »
« Les Ephémérôdes cardent des Chrônes »

 

Qu'est-ce que je cherchais, à vouloir rendre la continuité de la musique dans la partition ?

Lire, déchiffrer et jouer une partition de musique revient à colmater une brisure entre la continuité effective de la musique et un projet de symbolisation discontinue de celle-ci : c'est une contre action (deux actions contraires et contradictoires). Une partition est un arrangement limité avec un nombre limité de signes correspondant à ce qui a été convenu avec ce que peut jouer le musicien avec son instrument (historiquement et géographiquement). La musique est le flux continu de productions vibratoires répercuté (réfléchi, ressenti) par l'humanité. Cette définition, pour montrer et souligner la différence fondamentale entre écrire de la musique et jouer de la musique : bien que cela soit un paradoxe admis par la musique savante et jamais remis en question (sauf ici).

Dans la musique cette antinomie est plus évidente qu'entre la parole parlée et la lecture d'un livre. La notation musicale ne se comporte pas de la même façon que l'écriture des mots et n'a pas la même fonction. La grammaire musicale a une tendance à épuiser ses possibilités plus rapidement que le langage de la parole pour la raison simple que la musique ne signifie pas, il n'y a pas pour se comprendre la nécessité d'une relation unilatérale entre un mot et ce qu'il désigne qui dans le cas contraire génère une confusion. La musique épuise les ressources données dans le temps historique donné et passe à autre chose. La grammaire de l'écriture musicale ne peut pas se fixer sous peine de son propre tarissement (c'est ce qui se passe aujourd'hui en ce début du XXIe siècle avec les compositeurs qui retiennent des grammaires musicales obsolètes).

Au début des années 80, j'ai voulu réduire le gouffre qui sépare la partition de musique et la musique elle-même. L'idée était de « dessiner » plus que noter (avec des notes de musique) des partitions continues en un seul rouleau où les différentes variables (acceptées de la musique occidentale : ce qui est nommé paramètres comme la hauteur, la durée, l'intensité et le timbre formalisés par la musique sérielle et précisés par les musiques sans nom des générations suivantes) soient évaluées et jouées en continu, en temps réel (interprétation in vivo des valeurs des paramètres indiqués sur le papier qui se déroule). La partition devait être immédiatement compréhensible appréhensible dans sa totalité dans sont apparence graphique et à la fois jouable dans l'immédiat sans aucun arrêt par des questionnements ni doute sur son déroulement. Un seul jet suffit de jeu-lecture qui est l'une des fonctions de ces nouvelles partitions-fluides.

Le discernement immédiat du graphisme dans ces nouvelles partitions continues (partition-fluide) est fondamental pour l'appréhension immédiate des intentions communiquées du projet musical. C'est le sens même de leur fonction : une compréhension immédiate de la conscience.

Je ne mentionne pas le mot « fluide » pour rien, car la composition de ces partitions était basée sur la turbulence de la matière décrivant avec diverses équations les mouvements des matières fluides (molles, liquides, gazeuses) où les formes des mouvements découlent de la composition des densités des différentes matières mises en mouvement par leurs rencontres : leurs viscosités. Principalement des complexes de tourbillons sinueux et erratiques jusqu'à l'inattendu. Nous attachons aux écoulements des torrents un intérêt particulier pour observer la turbulence sans doute pour la visibilité de ses obstacles (les cailloux, les rochers). Dans la turbulence ce sont les obstacles qui créent la turbulence pour la sortir d'un écoulement laminaire. L'imprévisibilité des mouvements est produite par la composition inattendue des obstacles apparaissant à différentes vitesses. Dans ces écritures, la turbulence n'est ni un modèle ni un algorithme appliqué quantitativement aux notes mais des actions qualitatives qui forment la musique.

« Ourdission » fut écrit à sonner la vitesse turbulente dans le brouillard avec des sons naissant et se formant des flûtes puis éjaculant dans un déferlement sans limite de vitesses jusqu'à l'apothéose. La vitesse temporelle est renforcée par la vitesse spatiale : une trajectoire continue d'avant en arrière dans l'édifice à turbulence tubulaire en structure gonflable transparente accentuée par une ventilation interne : une légère brise turbulente.

« Tension » fut écrit à sonner les turbulences musculaires dans un continuum allant jusqu'au paroxysme du possible de l'acte humain de jouer de la musique. Un écoulement fluide jusqu'à une turbulence d'une très grande contradiction d'une très grande intensité qui nécessite une violente rupture pour un autre espace-temps.

« Erre », « Les lignes d'Erre » pour instrument seul, pour très grand orchestre disséminé en lignes courbes dans les collines furent écrites à sonner les cheminements redondants sans but des particules formant des matières visqueuses dans un contexte d'obstacles répétitifs et identifiables : des obsessions où l'intention change constamment mais ne s'entend pas. L'écriture des différents « Erre » sont des multiplications de mouvements d'hypocrises soniques.

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saut vers la musique transculturelle

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