OUIR ET ENTENDRE 

 

apprivoiser l'obéissance

« le sens de ce que tu penses, n'est pas le sens de ce que tu sens »

 

Ce n'est que récemment dans la croyance populaire que ces deux verbes se sont détachés de leur fonction originaire de servitude. Ouïr est à la base de la formation des mots obéir, obéissance, obédience. Obédience et obéissance viennent de ouïr, issu du latin audire « entendre » et « écouter », au sens de « comprendre » puis « obéir » et enfin d'« exaucer » et d'« exécuter » la parole. Confiné dès le XVIIe siècle à la langue juridique, ouïr a survécu, à côté d'entendre dans l'usage courant grâce à ouï-dire (entendre vient de « tendre » du grec teinein qui vient de « ton » emprunté au latin tonus : « tension d'une corde ; son d'un instrument ». Il est venu au sens d'être tendu prêt à exécuter l'ordre donné. Au commandement un arc tendu près à tirer sa flèche : se tendre à obéir. Nous sommes globalement tendus (en tension permanente), car nous sommes conditionnés à être dans un état constant d'être prêt à obéir. Cette tension permanente produit des peines comme le stress et autres dysfonctionnements parfois irréversibles.). Les emprunts au latin et les créations récentes conjuguent les sens d'« entendre » et d'« écouter » avec l'élément audio-, très productif depuis l'invention de la radio et de la télévision dont le « haut-parleur » marque le désir de faire entendre ses dires de la foule. Le sens d'« ouïr » n'a jamais été évoqué depuis 2000 ans que pour obéir, l'obéissance et l'obédience (aussi terme de procédure criminelle pour une déposition : une dénonciation) et non pour écouter passivement pour soi les sons ou la musique [1]. Ecouter la radio et la télévision c'est obéir aux intentions (de la parole) transmises à travers la radio et la télévision : c'est-à-dire croire et obéir en restant devant son poste : un état de siège de la conscience décidé par le message. « Tu m'écoutes ? » est un rappel à l'attention au commandement de ce qui est ordonné à exécuter (et être apte à se l'entendre dire). Dans la publicité (dérivé esthétique de la propagande initié par l'Eglise [2]), ce qui compte c'est capter l'attention pour occuper l'esprit à ce qui lui est ordonné : travailler, consommer, ne pas penser, mais croire à son bien-être (être heureux). La notion du bonheur dans nos sociétés règne dans l'obéissance : épouser la croyance [3], dont l'attachement et l'adaptation forment une adhésion à la servilité pour procréer la servilité dans la tradition.

« La langue sert à brouiller les idées des serviles » dont beaucoup d'intellectuels sont les maîtres d'oeuvre, au service des rois [4].

Ouïr et entendre sont à la base de la servitude et de l'esclavage : ils ordonnent dans le dire. L'esclavage a été inventé pour que des tâches pénibles soient accomplies par des humains décérébrés dans la servitude. D'après les témoignages, il semble que l'histoire de l'esclavage se perd dans nos origines. Il semble que l'existence humaine et le commerce des humains reposent entièrement sur l'esclavage c'est-à-dire : mettre l'autre dans la nécessité (la contrainte) de travailler pour soi qui ne travaille pas dans la contrainte, mais uniquement vit pour le plaisir. L'esclavage constitue la forme la plus répandue de l'organisation du travail, il produit des travailleurs auxiliaires dont leur niveau de vie réduit permet d'améliorer celui de son propriétaire, nous dit Maurice Lengellé. Celui qui travaille dans la contrainte doit être convaincu du contraire pour le maintenir au travail, à l'avantage des bénéficiaires. Les malins jouissent des benêts qui travaillent. L'erreur des revendications de la révolution de 1789 a été que les esclaves (le peuple) désiraient les privilèges des maîtres sans en avoir les capacités de les gérer. Les droits proclamés de la propriété (intellectuelle) pour tous par exemple ne protègent que les vrais propriétaires et trompent tous ceux et celles qui reçoivent les maigres dividendes à dépenser qu'ils payent. Sa dépense se paye par les intérêts bancaires. Les lois ne sont conçues que pour les esclaves. Il n'y a jamais eu de lois pour les maîtres.

L'esclavage n'a jamais été supprimé ni n'a jamais été aboli : il a été transformé. Il a suffi de changer le mot, pour croire à son changement. Il a suffi de changer le mot, pour croire à son abolition. C'est une pratique bien connue dans le passé qui a fait « évoluer » la langue et permet de créduliser l'état d'esprit [5]. Les cruautés du travail dans les « anciennes » colonies restent toujours en activité : elles ont été « transposées » pour être moins visibles (à l'intolérable de l'opinion publique moralisée), mais demeurent. L'esclave c'est « transformé » en salarié. L'esclavage c'est transformé en salariat. Le serf d'autrefois est devenu l'employé d'aujourd'hui. Il est indemnisé comme un soldat, mais qui paye son droit de dépenser : il paye lui-même sa privation de liberté dans la consommation de ses « envies » (de envieux) pas de ses désirs. Haut et bas salaires sont tous des esclaves, classés en castes suivant la valeur de leur travail à servir, décidé par son propriétaire. La fausse transformation est très brillante et les maîtres d'oeuvre (esclaves) de cette fausse transformation restent anonymes pour ne pas dévoiler la supercherie invraisemblable aux esclaves (victimes volontaires ?). La croyance fait le reste. Le mensonge est une arme redoutable bien plus puissante qu'une bombe de destruction massive. Le mensonge permet de se faire obéir par la croyance, les bombes ne font que détruire et les propriétaires n'ont aucun désir de vivre dans un environnement dévasté. Les armes servent à maintenir les esclaves dans la terreur, mais pas à s'en débarrasser.

« Dans la Rome antique l'importante administration exigeait un nombreux personnel de fonctionnaires : ces fonctionnaires, du consul (ambassadeurs, ministres) aux travailleurs d'entretien (balayeurs, éboueurs) étaient des esclaves. Les esclaves proviennent des mêmes sources : achat, naissance dans la propriété, capture à la guerre » (Yann Le Bohec). Aujourd'hui, nous naissons dans la propriété nationale de l'Etat. Les serviles volontaires de l'Administration ne servent jamais le public (ils servent leurs maîtres) l'Administration existe pour frustrer le public (eux-mêmes) à ce que chaque esclave se soumet à l'obéissance de ceux qui règnent. Ceux qui gouvernent sont les esclaves de ceux qui règnent. Ceux qui règnent se perdent aujourd'hui dans l'anonymat. Le procédé de la promotion de carrière est parfait pour maintenir l'esclave dans sa servitude (c'est une motivation à servir supplémentaire), il n'y a aucune opposition du maître à ce que l'esclave devienne plus compétent à le servir.

Cette transformation d'esclaves en salariés, à permis aux propriétaires de se libérer de la gestion des troupeaux humains et de leurs frais conséquents : le parcage dans des « logements » (habitations (concentrées) à loyer modéré), les nourrir (supermarchés), les former (écoles), les reproduire (hôpitaux), etc. Tous les attributs de la propriété, transmise à nous par le droit romain, s'appliquent à la « chose humaine » afin de « maximiser » la rentabilité des troupeaux d'hommes, les frais d'entretien devaient être réduits au strict minimum, nous dit Maurice Lengellé. En tant que salariés (« c'est mieux ») : les esclaves se gèrent eux-mêmes [6] en restant contrôlés par l'Administration (eux-mêmes). L'Administration est une invention de déresponsabilisation criminelle, par la division du travail rendant les tâches insignifiantes (sans conséquence) et pour que des esclaves fonctionnaires incriminent d'autres esclaves de leurs « méfaits » en se donnant raison d'obéir pour approuver l'autorité [7]. Aujourd'hui l'autogestion de l'esclave paye sa formation et son travail grâce à ses endettements à vie. Les esclaves ne possèdent rien que leur travail (même pas leur corps, violé par les violences policières dans le cas de désobéissance et par la médecine qui continue ses expériences pas pour le guérir, mais pour renforcer sa servilité). Le système d'exploitation lui donne l'illusion d'être propriétaire, mais dans son endettement aucun de « ses » biens ne lui appartient. Nous ne voyons pas en quoi nos sociétés contemporaines sont désesclavagisées : au contraire, la forme de l'esclavage est renforcée par son autonomie : les esclaves se gèrent eux-mêmes dans leur « bien-être » public. La masse des pauvres sont des esclaves. Les prolétaires sont des esclaves. Le peuple forme la masse des esclaves. Ils sont tous salariés. Il n'y a que les esclaves qui « gagnent leur vie », les autres profitent de la vie.

Les esclaves aujourd'hui sont la propriété des Etats, des nations, ils sont identifiés (carte d'identité, passeport, permis de conduire, assurances, numéro de sécurité sociale, etc.) et ne peuvent s'échapper. Ils appartiennent à un Etat par leur nationalisation. Les esclaves sont nationalisés, les autres non. Le second propriétaire temporaire est le chef d'entreprise, pour le temps de la tâche à accomplir de l'esclave. Le chef d'entreprise est aussi un esclave, car il travaille pour le compte du propriétaire de l'entreprise [8]. Les esclaves sont maintenus dans leur condition de travail obligatoire grâce à leur endettement. L'endettement est une invention des banquiers pour que les esclaves payent l'argent qu'ils dépensent en maintenant leurs endettements à vie. Un endettement est un attachement au véritable propriétaire qui aujourd'hui se dissimule. L'efficacité de ces esclaves repose sur le fait qu'ils ont la conviction de se croire libres. Mais la pauvreté (être dans la nécessité et devoir travailler pour se nourrir et se loger) est le signe incontestable de l'esclavage. Celui ou celle qui meurt de faim ne peut être qu'esclave au rebut (inutile au propriétaire) dit aujourd'hui euphémiquement « sans emploi » [9]. Fidèle est un autre mot pour esclave (anciennement serf, de servir) plus employé dans la religion pour l'obédience à Dieu où l'image de Dieu ne sert qu'à nourrir les Eglises du travail des fidèles impressionnés de la déité imaginée. Il suffit de constater l'accumulation des richesses du Vatican qui n'ont rien à voir avec la spiritualité religieuse. Ce modèle se répète dans toutes les sectes et groupes humains. Les protestants persécutés se sont expatriés en Amérique et ont développé le modèle néolibéral d'Adam Smith qui n'est que la rentabilisation du modèle de l'esclavage.

Les esclaves comparés à des bêtes a fait naître l'idéologie du racisme [10] : « comment est-ce possible que des êtres humains puissent être si docile au mensonge ? » la passivité des victimes a généré le mépris du racisme « des sous-hommes » serviles. Le racisme est un essai pseudo-scientifique à justifier l'inégalité sociale. L'idée de l'inégalité sociale n'est qu'un leurre de domination afin que l'assujettissement reste une fatalité. La société esclavagiste est basée sur l'égoïste et l'avidité : fondée sur la négation de la dignité humaine des esclaves. La « race des seigneurs » servis par la « race des serviles qui méprisent leur humanité et leur dignité ». L'idée de constater cette méprise de soi dans la servilité étonne les maîtres servis qui les méprisent. Le racisme vient de ce mépris. Le racisme est une idée qui permet de justifier la torture les esclaves passifs et la cruauté des maîtres pensant : « mais ce sont des bêtes ! ». Mais cela va plus loin : le racisme crée une hostilité de compétition entre les esclaves eux-mêmes, nécessaire à la surproduction et à l'enrichissement du vrai propriétaire : celui qui jouit de son oisiveté. Le règne du maître repose sur l'hostilité constante entre ses sujets. La richesse des maîtres provient du racisme à maintenir l'inégalité maîtres-esclaves. « Si tu me demandes de te payer, c'est que tu demandes la justification de ta servitude par la manifestation du maître. Il n'y a que le maître qui récompense l'esclave pour le gratifier de sa tâche ingrate qu'il a accomplie : tout comme dresser les animaux. » (Anonyme).

Maintenant, comment révéler aux esclaves la supercherie ? L'esclave est intimement persuadé de sa liberté. Le mensonge c'est incrusté très profondément dans sa conviction. Le conditionnement a duré des siècles et son évolution lente (sur plusieurs vies) a échappé à la majorité des penseurs et des artistes, mais pas à tous. Etienne de la Boétie fut le premier à 19 ans en 1549 à s'étonner de cette exploitation massive de l'être humain qu'il a publié dans son ouvrage « Discours de la servitude volontaire » [11]. Même Jean de la Fontaine révèle dans ses poèmes (aujourd'hui donnés aux enfants) les pièges de la servitude, mais personne ne semble les comprendre [12]. Personne aujourd'hui ne sait qu'il est esclave ou ne le manifeste pas, mais « plus de 97% des salariés ne font pas le travail qu'ils souhaitent vraiment » démontre notre état esclavagiste. Nous le constatons avec déception. Même les présidents de la République paraissent l'oublier en voulant s'affranchir par l'escroquerie financière. Pourtant ils sont tous salariés attachés à une obligation de servir. Personne ne veut savoir qu'il est esclave : le choc du savoir les terrifie : les esclaves sont éduqués pour ça [13].

Le « système d'exploitation » dans lequel nous vivons, n'est pas la démocratie mais l'esclavage, et l'a toujours été [14].

 

 

Notes
[1] c'est entre autres le mouvement beatnik des années 60 qui a permis (de croire) au XXe siècle de se libérer de notre servitude d'écouter pour obéir et qui proposa l'écoute pour jouir et non pour exécuter un ordre (voir encore nos réactions à l'écoute de l'hymne national). La musique rock devenait l'emblème de la libération des nouvelles générations conjuguée aux drogues comme l'herbe (marijuana) ou le LSD permettaient des expériences uniques de perceptions modifiées.
Le L.S.D. 25 - initiales de son nom allemand Lysergic Diethylamid Saüre - est le diéthylamide de l'acide lysergique de synthèse fabriqué par Stoll et Hofmann en 1938 qui est un dérivé simplifié de l'alcaloïde de l'ergot de seigle connu en Europe dès 1096. Cette drogue inutilisable en thérapeutique a été utilisée par l'armée américaine et britannique afin de renforcer la vaillance de leurs soldats, mais son pouvoir hallucinogène et incontrôlable contraria son utilité pour servir la guerre.
[2] « Si les premiers chrétiens n'avaient pas embrassé les dogmes de Platon, ils n'auraient jamais eu aucun philosophe, aucun homme d'esprit dans leur parti. » Voltaire, dictionnaire philosophique au mot « Platon ».
[3] épouser au sens premier est une promesse d'engagement de sa responsabilité.
[4] l'exemple de Jacques Atali est flagrant et plus récemment celui de Jacques Rancière (Bernard-Henri Levy n'est pas un philosophe, mais un pantin publicitaire qui jouit de sa fortune à se montrer à la télévision).
[5] procédé déjà utilisé : « Le czar a ordonné que, dans tous ses états, personne à l'avenir ne se dirait son golup ou esclave, mais seulement raab, qui signifie sujet. Il est vrai que ce peuple n'en a tiré aucun avantage réel, car il est encore aujourd'hui effectivement esclave. » écrit par le capitaine anglais Jean Perry en 1714 et cité par Voltaire dans son dictionnaire philosophique au mot « esclaves ».
D'autres citations de Voltaire sur l'esclavage :
« De toutes les guerres, celle de Spartacus est la plus juste, et peut-être la seule juste. », et « Les Évangiles ne mettent pas dans la bouche de Jésus-Christ une seule parole qui rappelle le genre humain à sa liberté primitive, pour laquelle il semble né. », et « Demandez ensuite à un esclave s'il désirerait d'être affranchi, et vous verrez ce qu'il vous répondra. Par cela seul la question est décidée. », et « Considérez encore que le manoeuvre peut devenir fermier, et de fermier propriétaire. Il peut même, en France, parvenir à être conseiller du roi, s'il a gagné du bien. Il peut être, en Angleterre, franc-tenancier, nommer un député au parlement ; en Suède, devenir lui-même un membre des états de la nation. Ces perspectives valent bien celle de mourir abandonné dans le coin d'une étable de son maître. », et « On dit communément qu'il n'y a plus d'esclaves en France, que c'est le royaume des Francs ; qu'esclave et franc sont contradictoires ; qu'on y est si franc, que plusieurs financiers y sont morts en dernier lieu avec plus de trente millions de francs acquis aux dépens des descendants des anciens Francs, s'il y en a. Heureuse la nation française d'être si franche ! » nous dit Voltaire avec humour dans son dictionnaire philosophique au mot « esclaves ». Nous reproduisons ici son texte intégral.
[6] révélé déjà par Guy Debord dans son film « In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni » (1978).
[7] voir l'expérience flagrante de Stanley Milgram en 1963 rapportée dans son livre traduit en français « Soumission à l'Autorité » (1974) à partir des recherches d'Hannah Arendt sur « La Crise de la Culture » (1954) et du génocide réalisé de la Seconde Guerre Mondiale.
[8] aujourd'hui les propriétaires sont multiples et anonymes, et sont aussi des esclaves affranchis par leurs rentes.
[9] mais les « sans emploi » sont nécessaires à la diminution du coût du travail. Plus le chômage est important plus le prix de la main d'oeuvre baisse et vice versa.
[10] le mot « race » apparu à la fin du XVe siècle, de l'italien razza « famille », « souche », « espèce », probablement d'un croisement entre le latin generatio (génération) et ratio « idée », « modèle d'un être vivant », « race » (ration et raison). (Le Petit Robert, 2009). Le concept de race n'a rien de raisonnable, il est imposé par un détournement de sens et a créé toutes les hostilités et les génocides inutiles que l'on connaît au profit des propriétaires.
[11] dont son texte est disponible ici
[12] relire par exemple « le loup et le chien ».
[13] Qu'est-ce que j'attends de ces révélations ? Etre acheté par les dominants pour sauvegarder leurs privilèges et perdre le peu de ma liberté ? Comme beaucoup d'autres qui font commerce de la contestation (articles, livres, cinéma, reportage, télévision, etc., et jouissent de l'industrie des médias où tout se vend), je pense entre autres à Michael Moore ou plus subtilement à Noam Chomsky. Non, le retour à un équilibre serait bénéfique pour tous. Il libèrerait de la contrainte inutile. L'esclavage est comme le sexisme : ce sont des problèmes très anciens qui ne veulent pas se résoudre. Même s'ils sont aberrants.
[14] des oeuvres cinématographiques comme celles de Marco Ferreri avec « Dillinger e morto » (Dillinger est mort) en 1969, « Chiedo asilo » (Pipicacadodo) en 1979, ou le fameux « l'An 01 » de Gébé avec son slogan « on arrête tout » mis en scène par Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch en 1971, ainsi que « Themroc » de Claude Faraldo en 1973, même « Rollerball » de Norman Jewison en 1975, sont quelques-unes des oeuvres qui démontrent notre système esclavagiste tout en montrant la vie en liberté possible. Plus récemment le film de Jens Lien « Den Brysomme Mannen » (Norway of Life) en 2006 qui montre un système sans goût ni échappatoire ou « The Man From Earth » en 2007 écrit par Jerome Bixby qui montre la manipulation du savoir et la ténacité de la croyance, ou « La Société » de Pascal Singevin en 2004 où il ne reste qu'une île sur la planète où être libre est possible, « La Grande Bouffe » (La gran comilona) en 1973 de Marco Ferreri montre le suicide collectif dans le plaisir pour échapper au servage, ou « Der Siebente Kontinent » (Le septième continent) en 1989 où Michael Haneke explique l'acte du suicide comme une évasion, ou « Dersou Ouzala » de Akira Kurosawa en 1974 qui montre la vie en liberté possible, ou « Vanishing Point » de Richard C. Sarafian en 1971 montre un esclave qui tente de s'échapper du système comme dans la série anglaise « The Prisoner » (le prisonnier) en 1967 où le héros à chaque épisode est ramené par un ballon ! « Matrix » en 1999 et 2003 des frères Wachowski montre notre ignorance de notre servilité. Même Wall-E en 2008 le film d'animation de Pixar montre « gentiment » notre société d'esclaves, sans parler de « 1984 » de Georges Orwell écrit en 1948 et qui aujourd'hui est devenu un « cliché, une caricature », mais que personne ne comprend et dont Terry Gilliam dans « Brasil » (1983) a varié le thème : s'évader de l'esclavage par l'amour impossible. « Lune Froide » en 1991 de Patrick Bouchitey montre le désir de liberté d'un personnage contre les tabous du système esclavagiste. « Buffet Froid » en 1979 de Bertrand Blier montre notre système esclavagiste peuplé d'individus qui ne vivent que pour eux-mêmes, mais ne ruinent pas le système. Ce qui fait de lui une oeuvre dérangeante. L'histoire de l'humanité se confond avec l'histoire de la gestion des esclaves. Les exemples d'artistes sont très nombreux qui dénoncent notre système de l'esclavage dans lequel nous vivons... Mais les esclaves se distraient même de leur propre servitude en payant pour voir ces films. Nous pouvons avancer que tous les artistes non-intégrés expriment et montrent de tout temps notre servilité et son absurdité dans lesquelles ils sont partiellement piégés.

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apprivoiser l'obéissance (suite)

 

Trompé par le sens des mots

 

 

Notre conditionnement s'opère quotidiennement par l'usage constamment détourné du sens des mots. C'est à travers les idées inculquées* (du sens) des mots que nous (dé)formons notre perception du monde : la langue nous oblige à dire (comme disaient Heidegger, Jakobson et Barthes) plus qu'elle signifie nos sensations [1]. Nous épousons les mots du dictionnaire qui fait autorité pour parler la langue et pas le contraire. Exemple, les mots qui fâchent comme « racisme » et « antisémitisme » tellement courant que leurs sens s'interdisent à la remise en question (« 64000 répétitions font la vérité »). Il n'en est rien : leur fabrication est artificielle. Le mot « race » apparaît lors des premières colonisations à la fin du XVe siècle et ne justifie d'aucune étymologie (évolution historique du mot) : sa racine viendrait de l'italien razza « famille » et « raison » nous dit le Robert de la langue française, mais ne le sait pas, le suppose : probablement un croisement entre le latin generatio (génération) et ratio « idée », « modèle (idéalisé) d'un être vivant ». Le Littré sèche aussi** ne peut se décider pour race entre famille et espèce. Tout comme le mot « antisémite » qui date tardivement de 1889, dont sémite*** (44 ans plus tôt : 1845) désigne les nombreux habitants du Moyen-Orient, le sens et l'étymologie de ce mot n'ont rien à voir particulièrement avec la « haine des juifs ». Comment ce fait-il que les mots de la discorde soient difficilement investigables quant à leurs origines ? L'entretien et la culture de la haine dans nos sociétés au système esclavagiste existent pour justifier notre nécessité au travail des tâches ingrates afin de « nous protéger des agressions extérieures » (idées inculquées et crues). Nos sociétés agressives déciment des peuples pacifiques au nom du travail (de l'esclavage) dont on justifie notre cruauté qui se justifie du racisme pour se donner le droit (souvent divin) à « exterminer les sous-races » indociles et inaptes au travail (obligé à la servilité) : « le racisme est un prétexte pratique à se débarrasser des indésirables qui ne veulent pas travailler » (sic). Une société hostile justifie son esclavage pour sa sécurité : « il faut des esclaves pour nous sécuriser des agressions extérieures » : soldats, policiers, justiciers, administrés, etc., « agressions extérieures » qui se trouvent toujours quand elles se découvrent à l'intérieur jusqu'aux plus spectaculaires. L'entretien de la haine et son complément la peur créent l'industrie de la violence très lucrative au point que toute la recherche « scientifique » est destinée à l'exploration agressive dont les moyens sont donnés aux armées. Vient en même temps l'exploitation des sols et sous-sols de la planète par les maîtres dominants en diabolisant les autochtones pour autoriser les agressions militaires. Et de toute l'industrie en général qui sont les sous-traitants les uns des autres. Des continents entiers ont été envahis uniquement pour l'exploitation intensive de leurs sols au détriment de ses habitants forcés dans l'esclavage de la misère. Nous cultivons nos sociétés agressives avec l'idée d'une menace catastrophique venant de l'extérieur et cela justifie à « se protéger » avec toutes les armes possibles dont la première : le mensonge à ses esclaves. Nous esclaves n'avons aucun intérêt à vivre dans nos sociétés agressives que nous payons de notre misère tout en ayant l'illusion d'être autonome dans notre système fermé d'esclave. Notre violence est cultivée de l'intérieur et c'est nous qui l'entretenons contre nous et les autres. La psychanalyse est née pour soulager les peines des esclaves. Nous soutenons quotidiennement la production d'horreurs pour la jouissance exclusive des maîtres : leur jouissance de la domination absolue. Mais agresser l'autre est contraire pour sa survie. « Agresser pour survivre » est une aberration idéologique nécessaire à ce que l'esclave dans la peur continue à travailler pour sa sécurité.

Les moyens de comprendre la supercherie sont accessibles à tous : d'abord, ne croire en rien, puis vérifier les idées émises, leurs sources, le sens des mots détournés avec les dictionnaires et surtout les intérêts qui sont en jeu. Connaître les intérêts en jeu permet facilement de dévoiler les mensonges communiqués [2].

Nous savons aujourd'hui que l'argent est une escroquerie : l'argent permet l'autogestion des esclaves par eux-mêmes dans un système imposé et fermé. Croire que l'argent enrichit est un contresens malgré la propagande quotidienne des médias et les jeux de loterie. Annoncer le coût d'une catastrophe n'a aucun sens (comme c'est l'habitude aux informations : « plus le coût est élevé plus la catastrophe est grave » sic). Elle renforce l'idée fausse que l'argent est nécessaire pour sauver les victimes : le commerce de la mort est très rentable pour l'assurance au désavantage des esclaves.

En quoi l'esclavage de masse est-il nécessaire ? Pourquoi sommes-nous tous des esclaves ? Pour la guerre. La guerre est l'activité la plus lucrative qui permet la totale manipulation de ses semblables : « tous unis contre l'ennemi » (sic). La guerre convainc de la « nécessité de sa tâche ». Le conditionnement au danger et à la survie justifie sa misère pour le viol, le pillage et le massacre (pour se défendre) inconcevable en temps de « paix » [3]. Se sentir en danger permanent empêche de réfléchir et fait agir à contresens dans la panique ou la colère : c'est se mettre soi-même en danger. La guerre justifie une obéissance absolue et une soumission automatique à l'autorité (qui déresponsabilisent de ses actes). Plus l'esclave se sent protégé (même en danger), plus il obéit [4]. L'esclavagisme continu d'exister grâce à l'industrie de la peur.

 

 

Définitions
* Faire entrer du sens dans l'esprit d'une façon durable et profonde.
** 1. Race, Famille. La race est la famille considérée dans la durée. De plus elle est la lignée purement naturelle et physique, tandis que la famille implique un rapport social et moral. 2. Race, Espèce. Dans le langage de la zoologie, espèce est plus étendu que race. L'espèce galline en général, et, en particulier, la race galline qu'on élève en Normandie ou en Bresse. C'est une faute où l'on tombe souvent, de dire la race bovine, ovine, porcine, chevaline, pour l'espèce. Il faut dire, en général, l'espèce bovine, et, en particularisant, la race bovine de Durham, la race normande ; la race (de chevaux) percheronne, etc.
La Curne dictionnaire du XIIIe au XVIe siècle rapproche le mot race à noble de race (de lignée) et à racaille (de rascaille en 1138 du normand rasquer (cf. ancien provençal rascar) ; du latin populaire rasicare « racler, gratter », et du latin classique radere de la famille étymologique de raser issu du latin populaire rasare d'origine obscure. L'anglais doit au français to raze et razor (XIVe siècle), rascal « vaurien » (de l'ancienne forme de racaille), et rash « éruption » (du français rache « teigne ») que nous avons emprunté. le Petit Robert de la langue française). Commençons-nous à pointer du doigt à quoi sert le mot « race » ? Le racisme sert à la ségrégation et à la servitude des bons et mauvais « sujets » : esclaves : le racisme autorise l'agression contre ceux qui désobéissent. Nous comprenons maintenant que pour abolir le racisme, il faut d'abord abolir l'esclavage et non le retransformer. Pour les maîtres et les serviles volontaires, abolir l'esclavage c'est entrer dans l'anarchisme qui est synonyme de terreur : « destruction chaotique incontrôlable » (sic). La solidarité est tellement inexistante dans nos sociétés esclavagistes qu'elle paraît être un miracle dans les jeux télévisés.
*** Sémite 1845 de Sem, nom d'un fils de Noé nous dit le Robert de la langue française (les fils de Noé ne seraient-ils qu'hébreux ?) n'est-ce pas en contradiction par exemple avec le dictionnaire canadien électronique qui nous dit : Sémite qui est né ou a habité la Syrie ou la haute Mésopotamie pendant l’Antiquité. L’araméen : ensemble de langues sémitiques employées dans tout le Proche-Orient, en Palestine, en Égypte et en Syrie, surtout pendant l’Antiquité, du VIIIe siècle av. J.-C. jusqu’au VIIe siècle apr. J.-C., et Le Littré (1860-1876) ne fait pas mention du mot « antisémite » par contre donne un sens à Sémite : nom de peuples asiatiques ou africains qu'on rattache, d'après la Bible, à Sem, comme à leur auteur. Les Sémites comprennent les peuples qui parlèrent ou qui parlent babylonien, chaldéen, phénicien, hébreu, samaritain, syriaque, arabe et éthiopien. Aussi famille de langues d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord. Que c'est-il passé en 1889 pour qu'apparaisse ce mot au sens détourné ?
Notes
[1] Aujourd'hui la musique écoutée nous oblige à sentir par sa conformation et son rôle imposé de distraire (de faire oublier).
[2] Nous pensons à la guerre en Afghanistan (qui dure depuis plus de 40 ans) qui n'a pour but que de s'emparer des mines afghanes et non de sauver le peuple afghan d'hypothétiques ennemis.
[3] Notons que les premières exterminations guerrières dans notre histoire datent des colonies à partir du XVe siècle dont la plus importante est celle des Amérindiens où les cadavres se comptent par centaines de millions sur un demi-millénaire. La première guerre massacre européenne est la Première Guerre Mondiale de 14-18 de quatre ans où les cadavres se comptent par millions.
[4] voir à ce propos deux films allemands qui montrent de deux façons différentes, la soumission à l'autorité où l'obéissance permet des débordements dans la violence par la déresponsabilisation de ses actes pour la résolution éphémère de ses frustrations pour devenir des tortionnaires et des assassins « innocents ». Une autre façon de montrer (après Stanley Milgram, Peter Watkins et René Vautier) que le conditionnement involontaire (la mise en situation) crée d'un être humain « innocent » un assassin « innocent ». Tout le monde, peut se faire embarquer dans des actes de violences collectives, surtout ceux qui ne le pensent pas ou ceux qui pensent servir « la cause juste ». Le film Das Experiment d'Oliver Hirschbiegel tiré du roman Black box de Mario Giordano. Le film Die Welle de Dennis Gansel en 2009 basierend auf der kurzgzschichte und original pro tokollen von William Ron Jones und dem drehbuch (tiré du livre) The Wave by Johnny Dawkins & Ron Birnbach.

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saut : (par pitreries avec ou sans chats sans paras qui graffent) dans le monde des instruments de musiques

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