Structure ou Système ?

où en sommes nous au XXIe siècle ?

 

étymologique

Système du latin « systema » = assemblage (de l'Indo-européen « sunistanai » = mettre ensemble, de « sun » = avec, ensemble -> « syn-" et « histanai » = placer debout comme le latin « stare » -> station). D'abord terme de musique (concernant les accords (de tons) = harmonie), puis désigne toute théorie (cosmogonique et théologique). C'est à partir du XVIIe siècle que système avec un i = « sistème » prend le sens de : « ensemble de propositions ordonnées qui constitue une doctrine cohérente du monde ». Descartes désigne le système comme « doctrine à l'aide de laquelle on coordonne des connaissances relatives à une entité morale ou sociale ». Par extension, système est l'application de faits et objets dépendants les uns les autres formant des chaînes d'effets à partir d'une cause. Au XXe siècle système devient une machine, un dispositif, un « programme d'exploitation ».

La systématique (n. f. et adj.) « repose sur un ensemble de principes » = règles. Le systématique (oui masculin) est le résultat du système. Signifie que le dogmatisme du système donne le procédé prévu et prévisible. La systématique donne naissance à l'automatique et à la cybernétique (« art de gouverner, diriger, piloter » = processus de commande des : communication + contrôle + régulation, dans le système où l'organisme vivant et la collectivité humaine sont considérés comme des machines prévisibles = obéissantes).

La structure de « structura » est d'abord un terme de construction et de maçonnerie. Structure désigne la disposition des éléments. Qui j'usqu'au structuralisme signifie « l'emploi de concept rigoureux et le refus de l'intuition dans les sciences humaines » à partir de Levi-Strauss. A été vivement critiqué dans les années 70 du XXe siècle. Avec la linguistique (Saussure, Troubetskoy, Jakobson, Benveniste) la structure rejoint le sens de système « ensemble de phénomènes solitaires, tels que chacun d'eux tient son caractère de sa relation avec l'autre » = un système d'influences.

musique

Après cette introduction étymologique de l'histoire chargée des 2 mots qui de l'assemblement (la réunion) et de la disposition sont devenus : une dictature autoritaire. Allons voir dans le monde de la musique du XXe siècle (2de moitié) où la structure a pris la place de la forme musicale. La forme fixe, la structure agence dans la fixation. Dans les années 80 du XXe siècle on ne parlait que de structure ! Le sens omis pourtant fondamental est qu'une structure est faite (formée) de quantités (fixées) qui fait la structure d'être fixe, figée. Le système lui, gère des flux = des variables (en masse) telles un mécanisme prévisible. La quantité fixe ce que la qualité évalue (s'ajuste dans le contexte prévu par le dogme de la doctrine). La réalité est qu'un système est un ensemble de postulats (= « proposition qui ne peut être démontrée (prouvé) mais qui doit être admise » de postuler = demander, souhaiter, réclamer, requête) qui se confond avec axiome (de « axiôma » = ce qui est convenable, ce qui vaut) qui signifie : une vérité admise par tous. L'axiomatique au XXe siècle « exprime l'autorité » (= l'obéissance) jusqu'à devenir l'axiologie = science des vérités (sic) qui désire prendre la place de la philosophie (ça n'a pas réussi). On comprend que les règles de conduite (la morale de la connaissance) pour fonctionner doivent être « admises » (axiomées, postulationnées = souhaitées d'être admises) par l'ensemble des « croyants » se disant savants. Admettre sans croire ne se convainc pas. Est une contradiction à savoir du savoir. Ou : un entretient la culture volontaire de l'ignorance (accompagné du jargon imposant imposé croyant être la langue du savant qui en réalité est la langue qui dissimule l'ignorance). Comprendre ne s'admet pas (« bon, je te crois »), mais relie l'inliable cru : « ah c'est ça » !

Un système est un ensemble de correspondances qui donnent aux différents flux le passage ou pas. C'est le langage binaire O/F (O/C) = ouvert/fermé (dans un circuit fermé fixé). Les exemples de la gestion du flux des avions ou d'un moteur à explosion, relèvent du système, de la systématique si la panne (accident) serait absente du système. Une maison (bâtiment) est une structure. Si un système a une structure, elle est matricielle, c'est-à-dire qu'elle a un nombre de possibilités (limités) à lier suivant le contexte à fonctionner. Tous : système, structure, dogme, axiome, postulat sont assujettis à la fonction, à ce que « la machine humaine » fonctionne « sans accident ». Ce qui est un leurre, ou forcer une illusion ou nier la part inattendue de l'existence elle-même, c'est-à-dire : nier toute liberté possible. Cette manière de voir est liée à la peur. La peur qui fonde et croyance et agressivité (autorité (qui « de l'auteur », à pris le sens « d'une obéissance sans faille »)). Pour gouverner cette peur, il fallait « une autorité » paternelle qui rassure les terrorisés.es : Dieu unique qui punit la désobéissance. Ça va loin. Se priver de la liberté donnée est le sens de la terreur (peur panique) et du terrorisme qui n'est pas l'action opposée de rebelles, mais un régime politique de terreur (mot né du régime despotique de 1793-94, oui en plein régime révolutionnaire) instauré, c'est-à-dire qui désigne le gouvernement qui abuse de son pouvoir à travers la violence de la police et de l'armée.

Pourquoi, dans le monde de la musique, est valorisée la fixation au détriment de l'adaptabilité ? La terreur fige, l'intelligence esquive. Simple ? Un objet fixe s'accapare, s'approprie pour être possédé. Un objet passif (= un être obéissant) s'approprie = esclavage. L'appropriation implique l'accumulation ; on en a jamais assez : « la croissance économique » (sic) ou le goinfre qui se fait éclater en regardant le démuni dégonfler. Oui, la structure légitime la propriété. La jouissance (sexuelle) de la possession au détriment des autres (ou, être possédé par son égoïsme qui donne la fausse sensation délectable du pouvoir (à nuire aux autres)). Le monde de la musique n'a pas encore touché la théorie des systèmes, il est retourné se figer dans les formes structurales valorisées pendant l'empire napoléonien du XIXe siècle. Pourtant, seul ? il y a 40 ans, j'ai dépassé l'idée même d'un système musical à la suite de Xenakis et Cage encore enfermés dans des structures figées de distribution de hauteurs et de durées (des quantités mesurables).

vq

« Les compositeurs avec leurs « structures musicales » à vouloir figer un squelette conducteur dans la musique m'ont gavé dans les années 80 à l'IRCAM. Il n'y avait que ça : la structure, la structure. Comme si la structure était + importante que la musique ! La 1ere chose qui m'agace dans le structuralisme, c'est sa catégorisation (faire des classes figées ; eh oui, mobile, la structure se perd !) et la distribution hiérarchisée de ces classes figées dans le temps qui crée la structure de l'oeuvre. Aïe : tu comprends ma réticence à cette pratique compositionnelle de la musique. Je ne peux pas concevoir la musique dans la discrimination et la fixité (à nuire aux musiciens) ! Le processus de la morphogenèse et de la turbulence est autrement + passionnant. L'application de structure fixe à la musique fut l'idéologie compositionnelle dominante des années 70 et 80 du XXe siècle : à l'IRCAM tous parlaient de structure. À fixer la forme qui n'est pas la structure. Où dans un autre sens, empêcher la mobilité (la liberté) à imposer la structure fixe dans l'écriture. L'exécutant ne devait surtout pas interpréter, ce qui n'a aucun sens. La musique est un ouvrage collectif. La partition totalitaire est apparue au XXe siècle avec le paramètrage et avec l'aide des éditeurs (vente du graphique imprimé). Mais si tu en parles aujourd'hui, c'est que certainement encore au XXIe siècle, des compositeurs usent toujours de la structure, qui est pourtant devenue obsolète une fois rencontrée la composition par réseau (par rhizomes) mouvant, développée au début des années 80. Mais ça, très peu le savent. »

 

sens commun

Voyons les opinions du sens commun (= être parlé par les idées reçues) disant : « si le monde est merdique, c'est à cause du système » (sic) ou : « ce n'est pas ma faute, c'est le système » (sic) et « ta musique est structurée ? » (sic). La dernière interjection, je l'entends très souvent à propos de la musique que je crée. Elle signifie en réalité : « c'est voulu ou c'est par hasard ? » = « c'est le résultat des tes décisions ou c'est n'importe quoi » (sic) signifie le mépris fondateur : « si tu ne gouvernes rien, c'est que tu n'es pas le compositeur que tu prétends être » (sic) : tout ça pensé, mais non dit. Ce mépris est exprimé uniquement par des esprits terrorisés paranoïaques (= qui se croient attaqués), obéissants à la structure du système politique dominant. Des personnes démunies de courage et d'esprit pour toute initiative et volonté (d'agir par soi-même). Accuser le système (ou la structure du système) de sa propre misère signifie que le plaignant, que la plaignante ne se gouverne pas, mais se laisse diriger dans le flux (de la tradition = de ce qui est admis = de ce qui cru de la croyance, en 1 mot : de la domination) malgré, que ça ne leur convienne pas (car se victimiser fait souffrir, pour attirer l'attention sur soi, est un passage désagréable), et ; manque de courage = a peur de désobéir la convention (de peur d'être rejeté du groupe) à pouvoir gouverner sa vie (au lieu de se la faire gouverner par les autres).

Pourquoi la majorité des êtres humains ont peur de gouverner leur vie ? La réalité est : ce n'est pas la majorité, mais une minorité. La police, l'armée et les fonctionnaires (du Trésor) ne forment pas l'ensemble des populations mondiales. Ces personnes (au service qui forment le pouvoir politique : sans elles pas de domination politique possible) sont convaincues fondamentalement (et par nécessité : elles sont achetées et par l'idéologie et par le confort) que leur action (de violence) est juste, tels les fonctionnaires innocents nazis qui n'obéissaient qu'aux ordres (démontré par Anna Arendt et celle magistrale de Stanley Milgram quant à la soumission à l'autorité qui fait de 70% de la population « innocente » des assassins). Cette minorité active gouverne (= nuit) les autres, car les autres sont majoritairement pacifiques, c'est-à-dire : passifs. *

 

éducation

Nous savons toutes et tous que l'éducation des enfants chez nous en Occident repose d'abord sur l'obéissance. Obéissance qui est confondue avec respect. La discipline est la 1ère valeur exigée dans un établissement scolaire ou militaire, et la punition est la sanction qui empêche tout débordement (= attitudes interdites par le règlement). L'expulsion est la dernière forme de punition (après le châtiment physique ou psychologique) qui est un dérivé de l'exil forcé d'antan. Tous les parents le savent : tous les enfants considèrent l'école comme une prison, comme une peine. Si un enfant cours avec joie à l'école, c'est que le ou la professeur.e l'épanouit, ce qui sur les 12 années de peine de scolarité n'arrive généralement qu'une seule fois. Passé le baccalauréat (le lauréat du petit ? **) on ressent une libération et, à l'université (qui n'est plus le cas aujourd'hui en médiocratie) enfin, on commence à apprendre pour comprendre.

Parle-t-on dans ce cas de structure pédagogique ou de système pédagogique ? Si la pédagogie est une structure, ça signifie qu'il n'existe aucun choix pour l'élève-étudiant : il et elle reste formé.e. La formation signifie déformer l'informe pour l'uniformiser. À faire rentrer les novices dans le moule. La formation n'est possible uniquement dans un régime de dictature politique (l'économie tient la part du chantage de la politique), car il faut obligatoirement une obéissance absolue sans désobéissance possible pour se défaire de son individualité et s'uniformiser. Si la pédagogie est un système, ça signifie qu'il existe un choix, celui de sortir du flux = de la masse obéissante, dont la punition prend la forme de l'évasion : l'issue (de secours). À la dérobé pour éviter la chasse à l'homme et apprendre par soi-même en autodidacte qui est la 1ère manière de sa source de savoir.

...

 

Notes
* Ce qu'on peut constater, est que le système d'échange (le commerce mondial : la mondialisation) est verrouillé, c'est-à-dire corrompu, qu'il ne laisse que l'alternative (si tu veux jouer, si tu ne veux pas, tu sors du jeu et fais autre chose) : 1. soit tu obéis et ta vie sera confortable (dans le luxe = idée fausse du bonheur), 2. soit tu refuses et tu es tué (d'un accident ou par un attentat « terroriste » qui ont remplacé le bûcher des sorcières d'antan). En effet : ce n'est pas un choix. Le vote ne donne aucun choix. Ou un faux choix entre : des faux pires des extrêmes : droite (inventé par les faux socialistes : nous savons toutes et tous que le FN est une invention de Jacques Atali pour maintenir François Mitterrand au pouvoir qui a servi à l'élection de Jacques Chirac) et gauche qui oblige au vote « modéré » du centre (droit : les Français qui font vivre les banques sont d'abord des épargnants = les petits propriétaires). Considérant le mensonge des sondages et des médias (propriétés des gouvernants) avec le résultat du vote national : similaire ; est une impossibilité probable : montre que le résultat est faux, en effet, une estimation ne peut pas coïncider avec la réalité ou, une probabilité (mathématique) ne correspond jamais à la réalité (bien qu'elle puisse se faire croire s'en rapprocher qui est la fonction du calcul des probabilités) car ça annihilerait toute probabilité et estimation à se confondre avec la réalité prévisible. Sachant que l'abstention au vote est majoritaire (il n'y a en réalité que ~30% de votants sur la population globale), abstention en tant que geste de protestation (et non une négligence) = l'abstentionnisme est le refus de jouer au jeu, car le joueur sait d'avance qu'il est, de toutes les manières possibles, perdant. À + de 50% d'abstention, ça rend le choix électoral caduc. « Avec autant d'abstentionnistes (plus de 50%), le pouvoir actuel doit démissionner. S'il ne le fait pas, alors il n'a aucune légitimité démocratique. »

** « Baccalaureus » ou la chevalerie couronnée de laurier = lauréat. C'est dans le milieu universitaire anticlérical du XVe siècle que le titre est né faisant référence à la chevalerie, « étudiant aspirant à être chevalier » = bachelier (= du paysan sans terre IXe siècle à chevalier qui ne conduit pas de compagnons au combat XIe siècle à étudiant ayant passé sa 1ère année d'étude XIIIe siècle). Un lien avec bacchanale : la fête par l'ivresse dionysiaque a été proposée (oui mais après les examens).

Lectures
. Ludwig von Bertalanffy, Théories générale des systèmes, 1968 trad. fr. 1972 corrigée 1980.
. Spinoza, Ethique, 1677.
  Bien que Baruch Spinoza le sous-intitule : démontré selon l'ordre géométrique, il s'agit d'un des 1er ouvrage de logique proposant un système de pensée philosophique pour vivre/être bien hors de la croyance pourtant formé aussi d'axiomes. http://classiques.uqac.ca/classiques/spinoza/ethique/ethique_de_Spinoza.pdf (traduction d'Armand Guérinot, 1872)
. Gilles Deleuze, A quoi reconnait-on le structuralisme ?, 1967. Gilles.Deleuze_A.quoi.reconnait-on.le.structuralisme.(1967).pdf

« Il est bon finalement que la question “à quoi reconnaît-on le structuralisme ?” conduise à la position de quelque chose qui n'est pas reconnaissable ou identifiable ». L'imperceptible parait dans ce cas la solution pour masquer la perception élémentaire du structuralisme. Car le structuralisme ordonne l'ordre des choses. Nous ne comprenons pas l'intérêt de « détermination empirique d'un individu plus ou moins désocialisé » qui classe en individu apte et inapte au travail. « Les places sont déjà occupées par les éléments symboliques de la structure » et maintient ainsi la machine exécutante en marche où il n'y a pas de place pour les autres. Malgré les places vacantes, d'espaces, qui restent vides. La structure met en marche une machine déterministe muée par l'horloge du métronome. « Dès lors, un ensemble de problèmes se pose au structuralisme, concernant les “mutations” structurales (Foucault) ou les “formes de transition” d'une structure à une autre (Althusser) ». Notre génération « assure l'éclatement des structures affectées d'excès ou de défauts », car elle pratique la musique au-delà « de l'assemblement d'éléments » comme avec des cubes dénombrés pour « construire » une musique déterminable, comptable. Peu importe que les éléments musicaux soient comptables (inidentifiables, inajustables) ou pas (dans leur totalité aussi à cause de leur très grand nombre), puisque la musique vibre de toutes les façons avec ou sans l'idée d'éléments structurés (paramètres en dosage) solidement. La musique n'est pas dure (structure stable et identifiée), elle peut être molle, voire turbulente, grâce à ses formes qualitatives vibratoires jamais stables qui s'accèdent par l'intuition de ce qui vibre dans l'instant (autant que par l'intellect; pas plus). Su cela, la composition musicale dispose de propositions, de possibles pour ponter les gouffres de l'irréalisable vers sa réalisation : autrement dit, de vibrer l'inhumain cru. Je ne sais pas si ce qui est écrit est compréhensible pour tous, mais pour résumer ou l'écrire moins poétiquement : composer de la musique n'est pas assembler des éléments reconnus et classés (puis les déplacer pour obtenir une forme temporelle) le compositeur n'est pas archiviste, mais c'est aller chercher la musique là où il semble qu'il n'y a rien, parce qu'à priori on n'identifie rien : en fait, ce n'est que dans l'inconnu que réside notre ouverture d'esprit (rejeté par nos sociétés modernes).

. Stanley Milgram, Soumission à l'autorité, 1974.

 

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