LA FARSA HUMANA
Opéra bouffe de chambre en 5 actes : 18 scènes et 2 intermèdes.

Avec :
. la mère (alto),
. la fille (soprano colorature),
. le cuisinier (baryton),
. la narratrice (alto),
. les gastronomes (sans voix),
. le robot-police (voix de robot pré-enregistrée),
. une supporter (soprano),
. une foule de concert punk-hardcore (voix cassées),
. des clients bourgeois (voix maniérées),
. 3 anonymes (voix argotiques).
Dans notre cas, les figurants sont joués par les musiciens de l'orchestre (par économie de personnel).

 

LIVRET

 

acte 1 scene 01
la mère seule puis son amant.
La mère obèse (regorgeant d'amour) seule elle déprime de son obésité |
tout en se faisant lécher, caresser et baiser admirablement par son amant. Elle jouit et lui donne de l'argent.

La mère :

(elle se réveille)
où Je suis où ?… où ? où suis, (elle baille) houhouhouhouhoaaaa,
Je suis…
Grosse, O-bèse, trOp de Graisse, trOp lOurde,
Grasse, O baise-moi de trOp de Graisse lOurde,
Grosse, O-bèse, trOp de Graisse, trOp lOurde,
Grasse, O baise-moi de trOp de Graisse lOurde,
je débOrde et je débOrde d'Ahmour pour elle ma fille à moi
je suis té-elle-ment grOsse que. Que quoi ?
que. mmmmmmmmmmmmmerdh.
je ne peux plOus bOuger de mon Lit.
mOn pOids. cOmbien ? cOmbien ? 350 ? 380 ? 390 ? quatre cents ? 460 ? mille ?
je ne sais plus ? pas de balance pour moi. Je l’écrase,
pOids lOurde du feux (qui) melle ma chair.
Laide à l'aide. Laide à l'aide. Laide à l'aide.
Sos please help me, Sos please help me, non.
est-ce ce putain de pOids important ? imposant
ce n'est rien qu' une mesure, |: qu' une mesure basée sur l’étalon :|, l’étalon
|: le modèle même à reproduire :|.
je ne peux plus déplacer ma masse
à peine bouger
est-ce important mon étalon ? suis-je (chez) moi ?
non je suis chez d’ autres, chez les maigres le monde à leur image qui me font souffrir.

être comme les autres avoir sa place parmi les autres, alors qu'ils sont tous différents mais se donnent la même apparence pour ne pas être sacrifié. comme moi : seule (avec) mon poids (qui) déborde

à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ? à quoi je sers ?
à quoi est-ce que je peux bien servir ? moi moi moi moi moi moi la grosse,
la grosse, la grosse gosse, la gosse grosse.
je dois bien servir à quelque chose. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir. servir.
être esclave, être soumise, dévoué aux autres ? pour sortir ?

je suis vivante, quelle vie ? la végétative. je suis là, je ne bouge pas
et (je) ne plus bouger
je prends, trop de place (par rapport) à la norme des mêmes. à la norme des mêmes.

je suis vi- ou sur-vivante ? qui hante par invasion
comment
par le plaisir
pour mon enfant
par amour
pour la chaleur intérieure, qui étouffe pour exclure tout le reste

J'aime manger
ai-je grossi par humiliation ? appétit de la vie ? ou par évolution contre la norme ?

je bouffe, je chie, j'aime, je jouie. je bouffe, je chie, j'aime, je jouie. je bouffe, je chie, j'aime, je jouie. je bouffe, je chie, j'aime, je jouie. je bouffe, je chie, j'aime, je jouie. je bouffe, je chie, j'aime, je jouie.

(autoritaire au cuisinier) Viens, (douce) là…
(langoureuse) Baise moi.


Intermède 01

La narratrice :

Le coupable de tous les crimes, et le neutralisateur des forces antagonistes, c’est à dire un criminel et un bouc émissaire, dans la cité c'est la même chose, ils ont le même rôle : celui d’apaiser les foules en guerre l’attente "qui n'est pas plus absurde que la paix qui l'incite". Notre exhibition est prête à recevoir ses bombardements pour l'apaisement de vos consciences remuées.

fin de l’Intermède.


Le cuisinier :

attends, avant…
je te lèche avant de commencer
partout, ici dans tes creux, impénétrables
du commencement, éternelle… pour pour pour pour pour pour.
Retarde à terre l’orgasme de re-po(i)ndre là main tenant le point explosant.
Une très longue ascension
L’effleurement de mes souffles chauds sur ta peau
Dans tes interstices prêts à s’ouvrir
pour ta jouissance qui me trouble l'esprit un instant d’exaltation.
Ris, ta gorge déployée de l’extase qui annonce et perpé-tue-elle-ment ma mort.
Elle ment ma mort.

La mère :

Aaaaaaaaaarrrrrrrrrrhhhhhhhhhmmmmmmmmm…
Tient voilà l’argent, que tu (dé)panseras à moi. Panse-moi.
Ma fille panse-moi.


acte 1 scene 02
_la mère et la fille.
Sa fille dévouée s'occupe d'elle, la lave, recueille ses excréments et la nourrit (par amour) car sa mère ne veut plus sortir de son lit.

La fille :

Tient voilà maman, comme ça maman, comme ça maman, comme ça.
Tu as fait caca, trop de caca
Il ne faut pas que tu pues
Tous tes écoulements visqueux
Le corps puant (fétide) de tes entrailles
Qui te transformeraient en excrément de masse de boue
Un intérieur où je ne pourrai plus te reconnaître
où je ne pourrai plus
pour t’aimer
maman

tu es toute propre, maman d’eau vierge,
aérée, de vent frais qui repasse par tes fentes débouchées
les odeurs pestilentielles qui n’habitent plus ta chambre.
Maman tu es purifiée

La mère :

j’ai encore faim
lavant ma nourriture corporelle, comestible pour mes parasites,
le vide de ma virginité assouvie
redemande un remplissage de mets exquis…

que m’a-t-il cuisiné de raffiné ?

La fille :

voilà, voilà,
ta tambouille chère à ton corps gras de femme comblée
les substances huileuses qui s’accrochent à ton palais
pour effacer le vide de ta peur
je là mène, maman
je t’aime à garnir ton vide
ton manque que je comble d’amour alimentaire
de colle à boucher les vides de notre séparation

La mère :

puis-je encore bouger ?
quelques membres sans plus
mais ma masse reste au lit
oui ma fille
le membre tendu vers l’extérieur que je ne peux plus habiter
toi mon amour dont je ne peux plus me passer
car ma masse régnante regorge d’amour
pour que tu ne sois pas punie.


acte 1 scene 03
_la mère et son cuisinier-amant.
La mère demande constamment de la nourriture que son amant. Lui, cuisine avec précision (c'est un fin gourmet de la cuisine riche). La mère grossit et lui donne de l'argent.

La mère :

J’ai encore faim sans faim il faut que je mange
La tête du sacrifice ou sa cuisse ?
Quel est ton plat suivant ?
Celui qui excitera mes sens jusqu’aux vertiges ?

Le cuisinier :

Gueule de risotto aux canards, flambée aux alcools parfumés,
Cœurs de coq flottant sur sauce marée aux écrevisses,
Ecorce épaisse fruitée de mangier aux yeux de bœufs à éclater,
Peau craquante au lard de porc fumé aux airelles bleuies,
Œufs de vrille translucides à la crème de beurre orangé.

Précisément chaque met pour la palpitation gustative
Arrosé de vin jaune suave d’abbaye
Pour mêler dans le fond inconnu
Mes mets voués à la disparition de l’engloutissement.

La mère :

En corne moi les suivants
Les hors, d’œuvres m’étourdissent le sang
Qu’il faut bouillir de sagesse mammaire
Afin que mon inassouvissement prenne le chemin du repos grégaire
Prêt à prendre la relève des mets suivants.

Le cuisinier :

Laisse moi manier les outils de coupure des condiments rares
Pour qu’ils s’accouplent en pénétration fluide
Que je mêle à ton corps de déesse molle
Par mes baisers et mes caresses odorantes
Pour que tu gonfles de plaisir aux contacts de mes mets soyeux
En offrande à ta déité en devenante

La mère :

Mais je grossis terriblement !
Mais Je peux plus bouger !
Aaaaaaaaaarrrrrrrrrrhhhhhhhhhmmmmmmmmm…

Tient voilà l’argent, que tu (dé)panse-ras à moi. Panse-moi.

Ma fille panse-moi.


acte 1 scene 04
_la fille seule puis avec sa mère.
La fille est dévouée à sa mère, une dévotion d'amour que la mère accapare. la mère accapare la vie de sa fille par excès d'amour (je t'aime en pleurant de douleur). La mère grossit encore.

La fille :

Maman je t’aime…
D’Un amour indétachable
D’Un amour de larmes et de manque
Du doigt accusateur
Dont je suis coupable
De vivre
Pour ma plénitude à toi
Celle qui irrite la violence de l’effroi
Mais dont je ne peux m’écarter.
Maman je t’aime…
Maman je t’aime…

La mère :

Moi aussi mon poussin
Je souffre de cet attachement inviolable
Dont je suis prisonnière.
Blottis, toi dans moi
Que j’étouffe tes angoisses de liberté
Qui m’enlèverait tout désir de vivre

(elles pleurent toutes les deux ensemble)

je grossis en chagrin ! je grossis en amour ! je gros sis, tout court !


acte 1 scene 05
_la fille, la mère (sans mots) et le père absent.
L'étouffement d'amour maternel et le père absent qui l'empêche de prendre l'air (ses distances de sécurités) l'attire vers le désir d'une vie autonome mais la culpabilité d'abandonner sa mère reste puissante. La mère grossit encore.

La fille :

Papa ? Papa ?
Maman a-tu mangé papa ?

La mère :

(en même temps que sa fille parle elle marmonne une berceuse) mmmmmmmmmmm

La fille :

Maman tu m’étouffe (elle aspire de l’air difficilement)
je n’ai jamais assez de souffle (elle expire) pour respirer.
Moi-même détachée je suis tachée
Ma maman peluche à moi. Peluche-moi.
Tu m’épluches. Soigne mes plaies.
Je ne veux pas sortir de toi.
Vais-je mourir ici ?
Sans éprouver le monde du dehors.
J’ai peur.
Du noir.
Toute seule.
J’ai peur.
Mais…
Je veux…
Je veux Sortir dedans.
Je veux rEntrer dehors.
Rester.
Là ou bas là.
Eveiller mon corps s’éveille
Mes parties endormies
Oui, réveiller mes organes sexuels endormis dans ton affection mammaire
Devenir une mère, moi aussi.

Et papa ? Tu l’as mangé ?
Où est papa ?
Qui est papa ?
Et moi qui suis-je ? suis-je ton enfant ? le, tient ? à toi ?

Je suis en nage dans ton placenta
Celui que tu retiens
Depuis ma venue
Quel âge j’ai, maman ?
L’âge de rester auprès de toi
Pour que tu ne meures pas
Je prends soin de toi
Maman
Toujours
Je t’aime
Je ne peu pas vivre sans toi

La mère :

Pourquoi je grossis encore ?


acte 1 scene 06
_la fille et l'amant.
La fille (dont la libido se réveille en plus de son désir d'indépendance) prend conscience de la présence sexuelle de l'amant de sa mère qui représente une ouverture vers l'extérieur (c'est l'étranger) et à la fois l'arrachement à l'enfance pour devenir une femme autonome de sa mère qu'elle aime.

La fille :

Mon sexe s’inonde
Sa pression du vide m’affole
Quoi peut me retenir et me remplir ?
Remplis-moi vite
supplie
J’attends mon agonie
Mon ventre gonflé qui se perce
Et perd son contenu embryonnaire
De l’espèce
Ne me laisse pas
Qui ?
Maman ne doit pas savoir, mon désir ne s’adresse pas à elle…
Mais
Lui cacher, suis-je suis en âge. Je suis en nage. Maman d’eau.

Le cuisinier :

(ouvre gentiment mais violemment l’entrée intime sans frapper)
Viens manges… ?
(sous le charme)
Mais tu es une femme !
Je n’ai jamais remarqué … tu es si belle

Je suis tout ému

j’ai le choc muet de la douceur et de la beauté virginale qui envahit mon âme

non, ne te…
je ne peux plus bouger

mais mon corps cogne fort de l’intérieur…
non, ne te…
je ne peu pas bouger

La fille :

D’où viens-tu ?

Le cuisinier :

je ne peux pas bouger

pas de si loin que ça

tu m’hypnotises

je bande trop fort
mon sexe et ma tête explosent
je ne me sens pas …
bien, des spasmes dans mon bas ventre…
je t’…
non je …
mon corps parle pour moi…
je ne tiens plus, viens…
je t’en supplie

La fille :

Mon sexe s’inonde
Sa pression du vide m’affole
Qui peut me retenir et me remplir ?
Remplis-moi vite

(ils se touchent par la vue, ils jouissent sans se toucher)

Je suis une femme autonome la petite fille de ma mère.


acte 1 scene 07
_la mère.
La mère péniblement essaye (quand même) de bouger sa montagne de graisse pour sortir de la chambre (elle veut aller à la cuisine) mais elle ne peut plus passer la porte : elle est plus large que la porte.

La mère :

Je ne peux, tout de même pas, rester comme ça !
Où sont-ils ?
Il faut que j’aille à la cuisine.
Aller… essaye : une jambe (péniblement elle bouge) gngngngn, l’autre (péniblement elle bouge) gngngngngn, maintenant roulons sur le ventre, at-tention, dou-cement, mes jambes doivent absolument me porter… (elle bouge lentement)
Ça y est !
Maintenant il faut que je soulève mon poids comme une haltérophile de compétition…
Exerçons mes jambes : en haut, en bas, en haut, en bas, en haut, en bas, en haut, en bas…
Merde je sue comme un glaçon qui fond !
Aller, encore une fois…
Je sors, je rentre, Je sors, je rentre, Je sors, je rentre, Je sors, je rentre, Je sors, je rentre…
Debout, De-bout, De--bout, De---bout, De----bout !
Oui ! érectile !
Mais a-ttention, dou-cement…
Faire glisser un pied devant l’autre
Fais glisser un pied devant l’autre
Fais glisser un pied devant l’autre
Fais glisser un pied devant l’autre
Encore
Faire glisser un pied devant l’autre
Fais glisser un pied devant l’autre
Fais glisser un pied devant l’autre
Bonjour Porte, ça fait longtemps !
Passe…
Passe…
Passe…
Aller,
Passe…
Quoi…

Je ne peux pas franchir la porte
Passe…
Passe…
Aller,
Passe…
Non…
(elle s’effondre de douleur)
Je suis plus large que l’ouverture
Je suis trop large
(elle pleure)
… trop large
(elle sanglote)
… large, très large, trop large…

je vais envahir ma chambre de mon corps. ma chambre de mon corps. ma chambre de mon corps. ma chambre ET mon corps. ma chambre ET mon corps. ma chambre C’EST mon corps.


acte 1 scene 08
_la fille et l'amant de sa mère.
La fille se fait déflorer admirablement par l'amant de la mère mais qu'elle considère comme une agression (fausse) et se met à la fois à le frapper et à lui redemander de l'aimer sexuellement.

La fille :

Viens…
Mon sexe s’inonde encore
Sa pression du vide m’affole encore plus
Remplis-moi, mais très, très, très doucement…
(d’une petite voix fragile) Fais attention, hein ?

Le cuisinier :

Je tremble de bonheur
A effleurer ton duvet tendu et immaculé de ta peau attendrie de désir…
Mon souffle chaud va détendre ton ardeur chchchchchchchchchchchch
Je vais effleurer avec ma bouche les plis de ton corps ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
Mes baisers de souffles bhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbh
Jusque, jusque, là où tu as très chaud, le plus chaud où tu brûles d’amour
Chchchchchchchchchchchchchchchch
Je vais te caresser avec mon sexe,
qui remonte lentement le long de tes cuisses
pour rencontrer le centre du bonheur qui s’inonde de plaisir à sa venue…

La fille :

Non, salaud…
Tu ne me violeras pas.
Tu n’es qu’un vicelard lubrique
Non je ne veux pas
(elle le frappe et le griffe profondément)
Tu baises ma mère
Mais pas moi salaud…

Le cuisinier :

(il s’apprête à partir) je mens vvvvvvv…       Hais.

La fille :

(elle lui coupe la parole)
Non, je t’en prie…
Ne me laisse pas…
J’ai froid,
Viens…

Le cuisinier :

méca qui nique et ment. Que--veux--tu ?

La fille :

Je te déteste et je te veux pour m’évader…
Devenir une femme… une pute, une sainte, une mère, de…
Je suis aussi ta fille par adoption… non, je ne veux pas…
T’es pas mon père.
J’ai besoin de toi :
Déflore, moi.
Maintenant
Mais il faut que je te frappe en même temps que tu m’aimes
Tu dois m’aimer, Tu dois m’aimer, Tu dois m’aimer, Tu dois m’aimer, Tu dois m’aimer,
(son souffle s’est perdu)
je t’aime…

Le cuisinier :

Je re-tremble de bonheur
A re-effleurer ton duvet tendu et immaculé de ta peau attendrie de désir…
Mon souffle chaud va re-détendre ton ardeur chchchchchchchchchchchch
Je vais re-effleurer avec ma bouche les plis de ton corps ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
Mes baisers de souffles bhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbhbh
Jusque, jusque, là où tu as très chaud, le plus chaud où tu brûles d’amour
Chchchchchchchchchchchchchchchch
Je vais te caresser avec mon sexe,
qui remonte lentement le long de tes cuisses
pour rencontrer le centre du bonheur qui s’inonde de plaisir à sa venue…
je perce ta membrane fragile pour sentir les premières vagues de plaisir…
jusqu’à l’extase qui remonte ta colonne pour envahir ton corps de lumière…

La fille :

Je dois partir mais je ne peux que rester… (elle rit-pleure de bonheur)


acte 1 scene 09
_la mère et son amant.
La mère pleure sur son sort tout en demandant à manger à son amant qui lui sert sa cuisine riche et sa verve sexuelle. Elle lui donne de l'argent.

La mère :

Que vais-je devenir ?
A remplir ma chambre de mon corps immense qui ne passe plus par la porte…
Je me sens comme une bouse molle…
Sans force…
Si mes larmes pouvaient vider ma masse de gras
Ou mes poils devenir des plumes qui puissent m’élever dans l’air…
m’élever dans l’air…
une bouse molle…
sans sens !

Le cuisinier :

mais que fais-tu ?

La mère :

je suis une bouse molle en lévitation !

Le cuisinier :

Qu’est-ce que tu racontes…
Tu es ma divinité de cul à bouffe !
Que c’est-il passé ?

La mère :

Alors il est temps de nourrir ta divinité !
De jeux sexuels gastronomiques.
Pour ta divinité astronomique…

Le cuisinier :

Aller, viens… sur le trône de l’amour…
Ton corps et mon corps vont devenir le réceptacle de mes délires culinaires,
Nous allons sucer, croquer, mâcher et avaler ensemble nos objets du désir,
Des goûts dont tu n’as pas idée et qui vont étourdir tes sens…

Voilà,
Coulis de papaye poivrée sur tranche de thon crue sur nos corps frottés d’aneth
Verge dure trempée dans miel de sapin noir au piment de Cayenne citronné accompagnant la
Vulve aux huîtres crues spéciales numéro zéro d’Arcachon
Raies de culs au pot au feu fondu nappé de sauce cerise et pousses de bambou broyés
Anus porte saucisses de dauphin au basilique rouge enduites à l’huile d’olive tiède
Vodka glacée à l’herbe de bison dans un lit de caviar entre tes seins et mes reins
Cervelles d’agneau entières mi-cuites au beurre fondu de Charente sur nos ventres tièdes
Bain de vin blanc d’Alsace vendange tardive marinant des fleurs de lotus goûteuses en boisson
vaginale
Nichons en croûte chocolatée sur nuage de crème fouettée aux pépites de gingembre confits
Jaune d’œuf cru en bouche à bouche au sucre glace acidulé aux agrumes
Bain de lait de coco aux piments et sucre de canne avec barquettes flottantes de rhum 20 ans
d’âge
Autres sugg… ?

La mère :

Oui, enveloppe-moi tout entière dans un pâté chaud fourré à la crème de champignons noirs et mange moi le visage à la choucroute hongroise. Puis beurre mon corps entier de crème de vanille poivrée pour que je sois entièrement léchée par tes amis gastronomes et fourre-moi des lychees sucrés piqués de menthe dans tous les plis et orifices de mon corps. Je veux être léchée, sucée, aspirée, mastiquée pendant des heures et des heures par des gastronomes nus enduits chacun d’un coulis au fruit différent tout en flottant dans le bain de lait de coco aux piments et sucre de canne avec des barquettes flottantes de rhum 20 ans d’âge.

Le cuisinier :

tous les gastronomes sont là ? Bon, à poil que je vous enduise de mes mets de choix à goûter
(les gastronomes rentrent et se mettent au travail)

La mère :

(au cuisinier le travail accompli)
Tient voilà l’argent, que tu (dé) panseras à moi. Panse-moi. Mon amant tu me dé-penses.


acte 1 scene 10
_la mère son amant et sa fille.
La fille devient jalouse sexuellement de sa mère tout en lui dévouant un profond et sincère amour. Elle vient se blottir en elle tout en se faisant sodomiser par l'amant qui donne à manger à la mère (il lui rentre les aliments dans sa bouche) et qui use de sa bouche pour la faire jouir. La fille en même temps meurtrit l'amant de plaisir.

La fille :

(elle crie)
Moi aussi, j’ai besoin d’argent ! et j’ai faim aussi ! Maman____________ (elle geint) Moi aussi, je veux être mangée aussi ! Moi aussi je veux baiser avec mes papilles gustatives, être dégustée par tes gastronomes, rappelle les, je veux être léchée, sucée, aspirée, mastiquée aussi pendant des heures et des heures avec toi maman. Moi aussi maman, moi aussi maman, moi aussi maman je t’aime. Mais toi l’étranger, c’est moi que tu dois baiser, tu es à moi plus à elle. Maman je n’ai que toi, je veux être baisée sur toi, dans toi. Vas-y maintenant maman je t’aime.

La mère :

Laisse-le me nourrir, il ne doit pas s’arrêter car sinon c’est ma douleur qui prendrait le relais, une souffrance qui me perce le ventre jusqu’à ma cervelle et touille dans ma masse brouillée.
C’est toi mon petit cœur que j’ai failli chier mais au lieu de ça c’est mon ventre que tu as percé.
Je dois continuellement soigner ma douleur par la jouissance dans un combat continu.

Mais toi, mon petit poussin qui n’a pu s’étouffer dans mon œuf, tu revendiques ma place ?
Montre ton petit cul blanc et tendre ma fifille et tends le à sa verge durcie au piment, tu vas goûter aux nouveaux plaisirs de ta fleur anale et sucer mon sein de mon lait tari. Et toi nourrisseur occupe toi aussi de mon petit organe entre ma vulve, l’érectile oui avec ta langue pour qu’il frétille. mon esclave.

La fille :

Non, tient (elle fait des efforts) je te coupe, je te taillade, je te dessine tes meurtrissures, et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va et viens et va-t-en. mon esclave.

(les gastronomes re-rentrent et se remettent au travail)

Le cuisinier :

Eh, les gastronomes reviennent ! y a combien de langues en tout ?

La mère & La fille :

(elles jouissent ensembles dans un râle continu)
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
mon esclave

Intermède 02

Robot-police anonyme :

(voix de robot-police surveillant par haut-parleur)
vous avez trente secondes pour quitter la salle afin de ne pas être complice de l’horreur…
dans le cas contraire, vous serez tous arrêtés.
(il décompte)
30…29…28…27…26…25…24…23…22…21…20…19…18…17…16…15…14…13…12…11…10…9…8…7…6…5…4…3…2…1…0…zone bouclée, danger cerné.
(ju je ment)
vous êtes coupables à enfermer. (pro cédez)


acte 1 scene 11
_la mère son amant et sa fille.
Ce sentiment de folie de jouissance qui se transforme progressivement en haine commence à poindre insidieusement entre la fille, la mère et son amant. La mère incapable de bouger (vu sa monstruosité), la fille pénétrante et pénétrée et l'amant ayant le sentiment de se faire exploiter alors qu'il est entretenu par la mère (elle lui redonne non jette de l'argent). La fille réclame de l'argent que sa mère lui refuse et va frapper l'amant qui lui rend sa violence, la mère hurle puis l'amant la gave de bouffe tout en l'étalant sur le corps de la mère et récupère l'argent que veut lui prendre la fille. Il baise la fille de force et s'en va. La mère et la fille pleurent ensemble l'une contre l'autre tout en se frappant violemment de rancœurs. La fille ne lave plus sa mère, elles sont sales l'une dans l'autre en se détestant.

Le cuisinier :

Salopes, ça va niquer fort, pour qui vous vous prenez ? ça va scier et scier et éclater vos salles trous de jouissance à pétales gonflés, je ne suis l’esclave de personne. Compris. Gnouf Gnouf Gnouf Gnouf Gnouf. C’est ma jouissance propre maintenant que je vais vous voler à toutes les deux, vous m’avez cherché, vous m’avez trouvé !

La fille :

Attend sale con tu vas morfler…
(elle le frappe sans pouvoir l’atteindre à la hachette à os)
tu vois cette hache, merde pas d’peau !
dégage sale con de mon trou du cul, ça m’arrache et ça m’ brûle…
putain d’enculé, putain d’enculé, putain d’enculé, putain d’enculé,

La mère :

Tient prend c’ pognon merdard, ramasse, par terre, partout, pète tout !

Le cuisinier :
Chante…
Toi aussi chante…
Allez, chante, cul de pute, ça va couiner sec,
tient

La fille :

Couine couine couine couine couine couine couine couine couine couine couine couine
Moi aussi, je veux d’ l’argent, j’ai besoin D’ar-gent (des gens de l’art ?) ! Maman____________ (elle re-geint)
Pourquoi tu ne me donnes jamais d’argent, je suis ta fille et lui ce type, c’est qui ?
Pourquoi t’as mangé papa ? je saigne…

La mère :

Arrête de phantasmer, tu n’auras pas d’argent car tu es ma fille, pas mon esclave
Arrête de geindre
Arrête tes conneries tu fais chier
Arrête toi aussi
Arrête tu me fais mal
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Arrête je meurs d’épuisement, je suis déchirée de partout, j’étouffe, j’étouffe, j’étouffe, j’étouffe …
J’AI FAIM________________________________ (jusqu’à plus de voix)

La fille :

Maman, maman, il me viole !
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa il me viole !
je saigne,
y a du sang partout !

Le cuisinier :

Prend ça salope, des coups qui font très mal, prend ça, tient, c’est bon hein ? c’est bon… mmm

Des connes qui puent, j’me tire avec tout ton blé la grosse naze…

(le cuisinier s’en va d’un coup, la mère et la fille agonisent de douleur dans les larmes qui ne finissent pas)

(un temps long d’agonie)

La fille :

Maman ? maman ? ça fait combien de temps que nous sommes comme ça ?
Tout a moisi ! merde.
J’ai trop faim, mon ventre me tire, ça tire de douleur, j’ai envi de vomir, aïe mes jambes !
Maman ? maman ? réveille-toi
Maman ? maman ? pourquoi t’as chié comme ça ?
Mes jambes sont toutes bleues, je ne peu plus marcher ni me lever, c’est trop douloureux…

(la mère essaye de dire quelque-chose mais elle n’arrive qu’à marmonner, marmonner, son visage est bleu)

SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help, SOS please help,

acte 1 scene 12
_la mère son amant et sa fille.
L'amant revient avec des hamburgers des frittes et de la bière et le trio de la meute affamée dévore et utilise ces accessoires pour des plaisirs sexuels douloureux. Les organes et les sens du trio sont troublés, ils ne font plus de différence entre la jouissance et la douleur.

Le cuisinier :

Alors les donzelles, ça n’a pas l’air d’aller très fort ? Papa est de retour et j’apporte de la boustifaille : des hamburgers, des frittes et de la bière tiède, de quoi se bâfrer pendant une semaine ! Votre jeûne n’a pas été trop pénible ? dix jours ça fait long !
Je me suis décidé à revenir… finalement on c’est bien marré ! Non ? Je vois que vos douleurs vous font encore mal ! Et ça pu bien ici ! c’est vraiment dégueu ! Toute la collection de vos excréments et de vos plaies infectées doit être représenté ! comme un ministère ! Ah, ah, ah…
Ça me fait plaisir de vous voir vivantes, on va continuer à s’marrer !

La mère & La fille :

(la mère et la fille dévorent leur fast food avec avidité)
Ça nous fait plaisir aussi de savoir qu’on t’attire aussi à recommencer nos jeux d’amour nos jeux de mort où tu vas crever !

Le cuisinier :

Ben, j’vois qu’vous êtes en forme !
(il change de sujet et de ton, celui de la délicatesse)
Il y a beaucoup de plaies ici où nous pourrions planter ces frittes craquantes… blessantes.
Ici, là, ici et là, et encore là, Ici, là, ici et là, et encore là, Ici, là, ici et là, et encore là,
Ecarter nos plaies comme des vulves en chaleur qui coule lentement et enfoncer plus profond encore plus profond et que nos orgasmes face communion d’extase dans ces douleurs absurdes et dégradantes, je vous aime, je vous aime, je vous aime…

La fille :

J’ai gardé ça pour continuer à saigner tes belles tranchées
Et mâcher ta peau qui se détache et qui reste attachée…

La mère :

J’ai toujours voulu voir ma graisse sous ma peau…
Aller mon poussin, détache ma peau aussi
Et toi mon beau vient coller ta chair sans peau à ma chair sans peau
Massons-nous avec ma graisse…
Tendrement, Tendrement, Tendrement, Tendrement, Tendrement,
dans notre bain d’amour…


acte 2 scene 01
pause : pas de lieu
_une narratrice
Elle analyse la situation et propose 3 dénouements


La narratrice :

(elle crie)
STOP… STOP…, STOP on arrête là. Ab. Ab. Absolument.

Avons-nous atteint le noyau de l’horreur ?
Oui ou non ?

pour vous qui ne vivez que par procuration
votre vie d’ennui

autant arrêter là.

le sacrifice de l’amour n’a rien à voir avec le dogme des bondieuseries.

autant arrêter là.

j’ai une question

Comment le nœud de ces excès de plaisirs sexuels va-t-il se briser ? par rien ? par la mort ? ou par la vie ?


acte 3 scene 01
_la mère son amant et sa fille dans la chambre à coucher horriblement sale et puante.
continuation de la scène 12 de l'acte 1 : rester dans cette débauche de lente agonie de tendresse et d’amour.

La narratrice :

(elle déclame)
premier cas : PAR RIEN
conséquence : tous trois glissent avec leurs excès d’orgasmes sexuels dans une lente agonie de tendresse et d’amour : ils ont vaincu la mort, sa trivialité unidimensionnelle et monotone qui la rejette comme réplique de l’amour et de la haine.

La mère :

J’ai toujours voulu voir ma graisse sous ma peau…
Aller mon poussin, détache ma peau aussi
Et toi mon beau vient coller ta chair sans peau à ma chair sans peau
Massons-nous avec ma graisse…
Tendrement, Tendrement, Tendrement, Tendrement, Tendrement,
dans notre bain d’amour…

La fille :

Moi aussi maman d’amour,
Parce que maintenant je suis une femme
Une femme amoureuse d’une femme qui est ma mère, une pute et une sainte
Et d’un homme que je ne connais pas

Détachez ma peau aussi pour effacer définitivement les frontières de la séparation qui rendent nos perceptions absurdes et incompréhensibles. Je vous aime.

Le cuisinier :

Nous n’avons plus besoin des raffinements terrestres pour jouir, nous avons tout en nous. Je vous aime.

La narratrice :

Et cætera

passons au second cas.


acte 4 scene 01
_la mère son amant et sa fille.
Les sensations de jouissance et de douleur s'amenuisent par excès et le trio pousse toujours plus loin la recherche de sensations avec des accessoires qui les attirent vers la mort lente de la sensation ultime de sentir perdre sa propre vie. Ils jouissent dans le massacre de sentir leurs dernières forces de violence se dépenser très vite pour laisser place à l'agonie. Pour eux ici la fête est finie.

La narratrice :

(elle déclame)
second cas : PAR LA MORT

La mère :

Maintenant, je vais vous achever, mettre un terme à cette mascarade de mauvais goût,

Le cuisinier :

Tient la haine t’injecte de l’énergie pour te lever ? Viens me tuer, je t’attends…

La fille :

Mais qu’est-ce que vous faîtes ?
Je croyais…

La mère :

Eh bien tu croyais mal…

La fille :

Mais… ?
Salaud tu va le regretter ainsi que toi pétasse de fausse mère tu va crever…

(un chahut énorme où tout s’écroule à cause d’une violence de niveau hors norme)

La narratrice :

Voilà…
Ce sont de vrais cadavres, des choses dans lesquelles on shoote et il ne se passe rien, si ils rebondissent plus loin. Ils se sont jetés dans la trivialité unidimensionnelle et monotone de la mort qui rejette comme réplique l’amour de la haine.

passons au dernier cas.
Il paraîtra sans doute être le plus attachant pour la majorité…
Mais, soyons vigilants des illusions où nous avons tendance à nous installer confortablement.


acte 5 scene 01
_la mère entourée.
La mère combat sur un terrain de compétition de sumo féminin et est volontairement heureuse.

La mère :

(respire difficilement)
hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff, hh, ff,

Une supporter :

Vas-y gros cul, t’es la plus forte, on va gagner, on va gagner, on va gagner,
On a gagné, on a gagné, on a gagné, on a gagné, on a gagné, on a gagné, on a … (en chœur)

La narratrice :

elle pleure… de joie ou de solitude ?


acte 5 scene 02
_la fille entourée.
La fille chante sur une scène avec un groupe punk-hardcore dans une salle noire de monde.

La fille :

(gueule dans le micro)
on a bien fait d’ne pas vous obéir
on est rebelle jusqu’au bout
les concessions nous font bouillir
de rage au ventre on pleure vos peurs
qui nous mettent en danger permanent
nous devons être vigilant

La foule :

(en délire) yèèèèèèèèèèèèè

La narratrice :

elle hurle… de plaisir ou de solitude ?


acte 5 scene 03
_l'amant entouré.
L'amant est patron de son propre restaurant gastronomique nommé Gargantua.

Un client :

Patron, votre maison est un enchantement

Le cuisinier :

Mmm, mmm.

Une autre cliente :

Henri, quelle jubilation vos mets, j’y amène toutes mes amies.

Le cuisinier :

Mmm, mmm.

Tous les clients :

Chef votre maison est un enchantement
Et vous méritez largement vos cinq étoiles du guide gastronomique français.

Le cuisinier :

(bouche ouverte sans voix) ………………..…

La narratrice :

il marmonne… de satisfaction ou de solitude ?


alors…
La vie…
Ça vous va ?

NOIR brutal

Un grand bruit qui ferme la porte en fer.
Noir assez long à silence…


Commentaires anonymes :

(dans le noir)
- Secoué le public hein ?
- Des provocateurs on a déjà vu ça
- Beaucoup se sont tirés
- Les coups, ils ont vraiment eu les jtons vu les morceaux de Chtoniens !
- La trouille pas pour moi !
- T’as aimé ?
- Aimé quoi ?
- Tu débarques ou quoi ?
- Le père haut c’est d’la balle
- Ouais
- T’as une clope ?

Décrescendo jusqu’au silence (assez long…KK)

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Mathius Shadow-Sky, Toulouse le 3 février 2005.
© copy: right on the left, au centre de la bombe, 2005

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"Combien de fois ma pièce a été pillée (= jouée avec un autre nom d'auteur) ? je me demande..."